Posts Tagged ‘Mélodie Nelson’

Team partage de rondelles d’oignons

février 8, 2019

urbania

Je n’aime pas parler d’argent. Quand j’ai commencé à être escorte, c’était sous la peur du manque. Et j’accumulais tout: les savons, les assiettes, les cahiers, les pots de peinture, les rasoirs, les chemisiers, les rouleaux de papier de toilette. J’avais peur qu’un jour je ne puisse plus travailler et que je n’aie plus rien à nouveau. J’accumulais pour ne pas avoir peur du manque, pour reculer le manque au fond d’une armoire à biscuits.

J’ai encore peur parfois. Je n’aime pas en parler. L’argent nous rend tous vulnérable. Et fragilise malheureusement aussi des relations amicales. J’en parle dans un article sur Urbania. 

Camille ne m’a pas demandé si je fakais de jouir avec les clients

février 2, 2019

(La réponse: non. Quand je jouissais, c’est parce que j’étais assez détendue et que mon clito était bien léché. Sinon je ne faisais jamais semblant. Ils savaient que j’avais du plaisir même si je ne criais pas aussi fort que Céline Dion dans une chanson. )

Cam Grande Brune a un chien adorable, des cheveux comme ma fille en voudrait, étudié en littérature sans triper sur le monde qui l’entourait – hello, je t’aime – , des rêves qu’elle réalise parce qu’elle a du culot et la confiance de se dévoiler sur sa chaine youtube mais aussi de laisser les autres se dévoiler.

Elle m’a invitée à parler du travail du sexe. Et ce qu’elle m’a offert c’est un cadeau. Hyper rare. Le cadeau de parler de plein de choses en lien avec le travail du sexe – ma rencontre avec mon amoureux, les condoms que je suis incapable de mettre, toutes les raisons possibles de vouloir baiser, ce que je demandais à mes parents comme cadeau de Noël quand j’étais adolescente. Sans être jugée. Sans aller dans le trauma porn. Parce que le trauma porn, quand on parle de travail du sexe, c’est populaire. On veut aller dans le dégoûtant, dans les perversions, dans les as-tu été violée par ton arrière-grand-papa et le voisin du boucher de ton quartier. Les putes, on aime bien les attendre à l’hôtel et ne pas leur demander l’autorisation de leur poser les pires questions. Mais Camille n’est pas comme ça.

Et je suis très heureuse du résultat, avec moi qui rit trop souvent mais qui tente de trouver les mots pour dire, je ne dis jamais tout car il a trop à dire, mais je tente de m’en approcher, les mots pour tout dire, pour me dire moi et pour espérer que les autres femmes dans l’industrie puissent un jour avoir cette chance, de se dire et de dire ce qu’elles veulent, que ce soit fuck you, à l’aide, j’adore, ne me touche pas ou ouh la la, ça goûte la merde les condoms au pina colada.

Merci.

Je vous invite à la suivre sur son blogue et sur sa chaine youtube. Elle est hyper intéressante, qu’elle parle de ukulele, d’asexualité ou de maillots de bain.

Les lois actuelles sur la prostitution n’aident personne – ni les victimes d’exploitation ni les travailleuses du sexe

janvier 24, 2019

qub

Je suis intervenue en matinée à l’émission Politiquement Incorrect de Richard Martineau sur QUB radio. C’était à propos de la violence vécue par les travailleurs.ses du sexe, une violence qui n’est pas causée par la nature de leur travail mais plutôt par les conditions dans lesquels iels travaillent.

En France, le Conseil Constitutionnel va donner sa décision, début février, concernant la constitutionnalité éprouvée d’une loi datant de 2016 sur la pénalisation des clients. Une loi semblable à celle du Canada. Les travailleurs.ses du sexe n’en veulent pas et déplore une loi qui les astreint à travailler de façon dangereuse, une loi qui vise plus la morale que la sécurité et la dignité de toutes les personnes concernées – clients.tes et travailleurs.ses.

Pour m’écouter : Mélodie Nelson réagit à la violence dans le monde du travail sexuel

À lire : « Non, l’exercice du travail sexuel n’est pas en soi une violence »

Extrait : « Non, notre espérance de vie n’est pas seulement de 40 ans, comme cela est affirmé sans preuve. Il suffit de lire le rapport de la Haute Autorité de santé concernant notre population pour s’en convaincre ou juste de nous écouter. Nous ne souffrons pas d’une plus mauvaise santé que le reste de la population, hormis une exposition aux agressions plus fréquente due au fait que nous devons nous cacher pour exercer.

L’usage de drogues n’est pas plus important chez les travailleuses du sexe que dans le reste de la population générale, excepté pour le tabac et le cannabis, comme le rapporte cette étude, pour lesquels notre surconsommation est comparable à celle des chômeurs et des travailleurs pauvres. Car, oui, cette activité permet aux plus vulnérables d’entre nous de vivre et d’accéder à une autonomie économique. »

À lire : « La pénalisation des clients porte atteinte à la santé, à la sécurité et aux droits des personnes se prostituant »

Extrait : « A l’inverse des clichés trop fréquemment véhiculés, il est fondamental de rappeler la diversité des situations que recouvre cette activité. Si certaines personnes exercent une activité de manière consentie et assumée, d’autres sont exploitées, ou contraintes pour différentes raisons. Il existe de fait entre ces extrêmes autant de situations qu’il existe de personnes. Les politiques publiques relatives à la protection et à la santé des personnes se prostituant doivent pouvoir appréhender la diversité des situations individuelles et y répondre de manière différenciée, ce qui n’est jamais le cas des politiques répressives.

La Haute Autorité de Santé, l’ONUSIDA, le Programme des Nations Unies pour le Développement l’expriment sans ambages : ce n’est pas l’achat sexuel tarifé qui expose les personnes se prostituant, mais les conditions d’exercice de l’activité. En ce sens, ces institutions se sont prononcées contre toute forme de politiques répressives. Nous dénonçons, comme tout un chacun, et avec force, toute forme d’exploitation, de contrainte, de trafic et de violence exercée à l’encontre des êtres humains. »

Être ensevelie sous le foutre et se relever

février 19, 2018

MO

J’aime mieux le mauvais sexe que le mauvais usage du mot vagin

février 19, 2018

/https://www.instagram.com/p/BfE_BLkFsMO/?taken-by=melodienelsonforever

Quand Chantal Guy de La Presse m’a contactée pour discuter bonnes et mauvaises scènes de sexe, j’étais très heureuse. Nous avons parlé ensemble de l’anus chocolaté et de l’ennui trouvé dans 50 Shades of Gray, des noms de fruits utilisés pour remplacer le mot vulve style j’ai pénétré son pamplemousse juteux.

Elle a aussi questionné l’auteur Jean-Simon Desrochers, dont j’aime beaucoup beaucoup l’oeuvre. C’est à lire ici.

Pour moi, une bonne scène de sexe n’est pas obligée d’être décrite d’un point de vue du corps ou des sensations du corps. On peut parler de la couleur des murs, du drap qui se défait ou qu’il faut laver bientôt, des miettes de croissants, des sentiments – ou absence de sentiments – qu’on a pour l’autre personne. On peut parler de trucs pas excitants aussi, sans que ce soit une scène de mauvais sexe, on peut parler de transpiration, de coiffure qui fout le camp, d’un condom difficile à mettre, d’une frustration quand le cunni est mauvais et qu’on en rêvait depuis trois heures. Les crampes et le sang ne me font pas décrocher – en tout cas moins que si j’ai l’impression qu’un auteur se branle en écrivant une scène lesbienne et se trompe entre le mot vagin et vulve.

Branlez-vous ou lisez-moi

janvier 30, 2018

BRANLE

 

 

 

 

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Si vous n’avez pas encore lu Juicy, vous devriez. Parce que je vous le dis et parce que je ne vois pas ce qui pourrait être mieux qu’une « satire certes loufoque, mais aussi très glauque, rappelant une fan fiction de la bande dessinée Archie qu’auraient imaginée à quatre mains Ionesco et Chuck Palahniuk (Fight Club). » (merci Le Devoir)

Avec un verre de blanc si vous êtes comme ma copine extra Vania. Love. Merci pour vrai de me suivre dans ce que je fais, que ce soit sérieux ou déjanté, ou aux limites des deux.

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Je me suis crossée au lieu de vous écrire un conte de Noël

décembre 27, 2017

Je ne vous ai pas écrit de conte de Noël cette année parce que un) personne ne les lit haha et deux) je dois un livre à mon éditrice/bombe blonde/athlète de l’année/amoureuse des chats/personne vraiment trop chill avec moi – ce sera un livre qui sera plus intéressant et magique que le vernis à ongles qui ne s’écaille pas, promis et trois) je suis fatiguée j’ai été trop fatiguée ma fatigue est nulle – j’ai publié un truc sur Facebook le 17 décembre à ce sujet et je vous le copie-colle ici.

« Souvent j’explique que je suis devenue escorte parce que je suis paresseuse.

C’est comme une excuse : je n’étais pas capable de travailler comme les autres, je ne suis pas encore capable de travailler comme les autres, je restais parfois au lit, je me souviens je restais au lit et je n’en sortais pas, toute une journée, incapable d’aller sourire huit heures dans une librairie. Parfois je reste encore couchée et je me lève parce que je dois habiller les enfants, leur proposer aussi une boisson de soya aux fraises et des Froot Loops, je me lève et je me dis je pourrais retourner me coucher après et les journées passent comme ça.

Je ne sais pas pourquoi. Je suis triste parfois. Je suis fatiguée. Je n’en parle pas, je ne pense pas que je suis malheureuse, c’est juste que ma tristesse est parfois trop lourde ou qu’elle n’est pas une tristesse : je suis parfois juste trop lourde pour me soulever.

Je ne suis pas devenue escorte parce que je suis paresseuse. Je suis devenue escorte parce que c’est la seule façon que j’ai trouvé d’être moi, de pas me fausser, de pas rire si ça ne me plaisait pas, de pouvoir passer des journées juste à lire à boire de l’eau au pamplemousse et à rester seule, et d’autres journées à voir plein de monde et à me déshabiller et à regarder d’autres personnes se déshabiller.

Je n’ai pas à m’excuser d’être devenue comme ça. Et pour toutes les autres qui sont comme moi et pour toutes les autres qui ne sont pas comme moi, qui ne se retrouvent pas dans ce travail, mais qui enfilent quand même des condoms sur des queues et qui ont les cheveux gras de trop les laver, toutes les autres toutes les autres nous toutes, nous n’avons pas à subir la violence. De personne. Nous n’avons pas à subir la violence des personnes qui forcent une des nôtres, à sauter, par peur d’être arrêtée par la police, d’un immeuble, et de mourir, de mourir d’avoir été pute. C’est arrivé, comme ça, cette année, à New York. Nous n’avons pas à subir la violence des personnes qui nous rejettent, qui nous jugent, qui refusent que nous soyons ce que nous sommes. Nous n’avons pas à subir la violence de certains clients qui croient que nous ne comptons pas, puisque nous devrions faire comme à la télé et ouvrir les jambes comme des robots et mouiller sur commande et crier aussi merci. Nous n’avons pas à subir la violence des journalistes qui nous nomment comme nous ne voulons pas être nommées et qui nous cherchent que pour les étiquettes et les scandales de foot et de foutre et de drogues à s’injecter comme si personne d’autre que nous n’était dépendante à autre chose qu’à du dissolvant de vernis à ongles.

C’est presque fini. C’était aujourd’hui : la journée internationale pour en finir avec la violence dirigée contre les travailleuses – et travailleurs – du sexe. »

Je vous propose d’autres lectures aussi parce que je suis toujours super pertinente.

Une femme nous raconte comment une escorte a pu l’aider à se connaître et sauver in a way son couple.

Le poil des femmes est toujours prêt à embarrasser le monde entier. Ou à exciter.

Une escorte canadienne enceinte explique comment ça se passe, travailler avec un ventre prêt à exploser.

Des travailleuses du sexe révèlent les messages merdiques que certains clients leur envoient.

C’est du tout beau. Si vous avez des questions pour moi, n’hésitez pas, que ce soit sur la manière de lécher des couilles sans avoir de poils entre les dents ou comment diriger la planète Terre (ça je sais pas, mais ça peut être le fun de demander à des gens influents).

Demandez-moi le nom de mon rouge à lèvres au Salon du livre de Montréal

novembre 16, 2017

photo: Myriam Lafrenière

Demain je participe à une conférence sur le mouvement #moiaussi mais après je vais au Salon du livre de Montréal avec de la vodka dans une gourde et de l’eau au melon d’eau dans une autre gourde. Venez me voir please et je vais vous signer un exemplaire de Juicy en y ajoutant mille baisers.

photo: Tony Kelly

Je vais sans doute y être en Miss Purity ou Miss Slutty (devinez).

Mon horaire au Salon.

photo: Josie Desmarais

Sur Juicy et Paulo Coelho.

Sur Juicy et mon passé d’escorte.

Je chante Lolita Go Home en fakant un accent anglais

octobre 23, 2017

J’ai pas encore pris de café. J’ai bu le restant de jus d’orange de mes enfants. La vie est belle même si elle est moins simple que les conseils de la revue Cosmopolitan.

J’aime les mamans qui achètent mon livre.

Et j’aime la playlist inspirée de mon livre Juicy. Genre wow. Je l’écoute plus que l’album de Paris Hilton que j’ai redécouvert il y a quelques mois. 

La semaine est plus dure que mes tétons

octobre 18, 2017

Je suis contente de remettre des pyjamas, après un été à être toujours toute nue ou en petite culotte le soir. Sinon j’ai le moral quand ma fille frenche une citrouille/ma belle-mère m’envoie des décalcomanies/une amie me dit que son chéri pense que Juicy est autobiographique/il y a des arcades dans un bar/il reste du champagne dans mon réfrigérateur.

La semaine a été difficile. J’accuse tout le monde de dérailler et je me réveille en expliquant dans un rêve à une amie pourquoi les hommes ne devraient jamais parler d’avortement et de travail du sexe, ce n’est pas à eux de juger ou de sacraliser quoi que ce soit, ce n’est pas à mon voisin de me croiser dans la rue le matin et de faire semblant de rien, alors qu’il dit aux autres que le sexe entre un client et une escorte, c’est toujours un viol rémunéré, fuck off.

Je veux aller dans le quartier chinois et m’acheter des masques et regarder mes enfants rêver à de la barbe de dragon.

Si vous n’avez pas encore trop mal au cœur des histoires de témoignages #moiaussi #metoo #balancetonporc, vous pouvez lire ce que j’ai à dire sur le sujet.

À Vice je parle de lassitude et je donne un prénom parce qu’il me fallait nommer pourquoi je pleure.

Au Journal de Montréal, je parle de ma crainte de devoir rassurer et consoler ma fille, si.