Depuis une semaine, je ne m’endors pas avant une heure du matin. J’ai les ongles vernis, mais j’ai recommencé à manger la chair autour. Depuis une semaine, je ne suis ni laide ni belle.
Je fais des bouquets de fleurs dont j’invente le nom.
Dans la poussette de mes enfants, il y a des framboises à manger sur les marches d’une église en rénovation, des tatouages de robots et de renards et des bouteilles de vin de toutes les couleurs.
Je ne mets pas assez de jus de pamplemousse dans mes verres de rosé.
Ça fait longtemps que je n’ai pas pleuré.
Je ne me permets pas de ne pas sourire, et parfois ce serait bien.
Mon mec vient de me baiser, en rapprochant une chaise pour que j’y mette un pied. Au début, mon regard s’est fixé sur un fil de toile d’araignée, qui pendait du plafond, mais après, quand je lui ai offert mes seins à toucher, mon cul à pénétrer d’un doigt, je ne voyais plus rien, je n’étais pas saoule, je ne jouissais pas encore, je ne regardais ni la toile ni les avocats presque mûrs, j’étais bien, mais. Je fermais les yeux, je lui demandais de ne pas mordre, puis de mordre, très fort.
J’aime les marques. J’aime les preuves. Je n’aime pas les verres de vin que j’avale. Ils ne révèlent rien. Ils sont avalés.
Mon nombril est sorti depuis ma première grossesse.
Je suis bronzée, un peu, parce que je mets plus souvent de la crème solaire sur la peau des enfants que sur la mienne.
Je ne bois plus rien, sauf du café et du chardonnay.