Posts Tagged ‘agressions sexuelles’

La semaine est plus dure que mes tétons

octobre 18, 2017

Je suis contente de remettre des pyjamas, après un été à être toujours toute nue ou en petite culotte le soir. Sinon j’ai le moral quand ma fille frenche une citrouille/ma belle-mère m’envoie des décalcomanies/une amie me dit que son chéri pense que Juicy est autobiographique/il y a des arcades dans un bar/il reste du champagne dans mon réfrigérateur.

La semaine a été difficile. J’accuse tout le monde de dérailler et je me réveille en expliquant dans un rêve à une amie pourquoi les hommes ne devraient jamais parler d’avortement et de travail du sexe, ce n’est pas à eux de juger ou de sacraliser quoi que ce soit, ce n’est pas à mon voisin de me croiser dans la rue le matin et de faire semblant de rien, alors qu’il dit aux autres que le sexe entre un client et une escorte, c’est toujours un viol rémunéré, fuck off.

Je veux aller dans le quartier chinois et m’acheter des masques et regarder mes enfants rêver à de la barbe de dragon.

Si vous n’avez pas encore trop mal au cœur des histoires de témoignages #moiaussi #metoo #balancetonporc, vous pouvez lire ce que j’ai à dire sur le sujet.

À Vice je parle de lassitude et je donne un prénom parce qu’il me fallait nommer pourquoi je pleure.

Au Journal de Montréal, je parle de ma crainte de devoir rassurer et consoler ma fille, si.

Cabaret des mots doux

mai 24, 2017

Depuis deux ans, Je Suis Indestructible propose des soirées Cabaret, avec musique et témoignages de victimes d’agressions sexuelles. Un sujet lourd, mais dont le partage est touchant, rassembleur et permet beaucoup d’espoir. C’est une soirée mots doux demain, le 24 mai, à laquelle je vous convie. Une soirée qui s’éveille comme le printemps, avec une envie de force nouvelle.

J’y lirai, et Natasha Kanapé Fontaine, Roxane Nadeau et La Katiolaise de la Fondation Paroles de femmes aussi. Kutsi Merki y sera pour la musique.

Ce sera au Quai des Brumes, dès 21h. Au plaisir de faire fuck off au silence avec vous!

Bisous au melon d’eau!

 

La virginité et le racisme inversé n’existent pas

février 28, 2017

virginite

Le concept de la virginité est hyper injuste: c’est sexiste et hétéronormatif, assez pour faire angoisser une copine qui avait demandé, à sa blonde, durant les années d’école secondaire, si elle resterait toujours vierge vu qu’elle était lesbienne.

J’ai écrit à ce sujet sur Vice. Des amis y ont joyeusement contribué et j’y ajoute aussi des détails croustillants sur l’hymen, qui était d’abord un dieu couronné de fleurs et non une membrane à déflorer.

Extrait: “Une femme doit voir sa vie changer par le frottement d’un pénis contre ses parois vaginales. Soraya, une amie, n’est pas convaincue : « Moi je ne m’en rappelle plus vraiment. Au moins je sais c’était avec qui. » Perdre sa virginité est un acte si mémorable qu’il porte un nom, alors que d’autres événements annonçant un tournant dans la vie de tout le monde n’ont pas de nom véritable. La première fois qu’on fait un pas, la première fois qu’on lit une nouvelle d’Alice Munroe, la première fois qu’on boit un gin-tonic : il n’y a pas de terme qui désigne ces aventures importantes, ni l’idée qu’en goûtant du gin Tanqueray nous perdons quelque chose.

À Canoë, ma chronique est sur ce qu’il ne faut pas dire aux victimes d’agressions sexuelles. Même mon mec se sent trahi parce que je ne lui raconte pas tout en détails, so je trouvais important de tout noter pour conseiller les autres et renvoyer mon mec vers mon texte s’il me redemande une autre fois ce qui s’est passé de la chambre de mes parents à la commode de ma chambre.

Extrait: “Il ne faut jamais minimiser une agression. J’ai déjà dit à une amie, qui était sous le choc de s’être battue avec un agresseur sexuel dans une ruelle qu’un viol, ça n’enlève rien. Qu’un viol, ça ne nous tue pas, qu’on ne nous vole pas une partie de soi-même. Je regrette de lui avoir dit ça. Elle n’avait pas besoin d’un sentiment qui amoindrissait ce qu’elle avait vécu. Il y a 10 000 façons de vivre un viol. Certaines personnes vont sentir qu’effectivement on ne leur vole rien du tout, certaines personnes seront plus en colère qu’anxieuses, et d’autres auront l’impression de ne plus avoir de corps, que leur corps n’est plus le leur, longtemps.”

white-feminism

Et une vidéo et des textes importants à lire pour se déconstruire, ne pas se limiter à une ignorance facile d’enjeux cruciaux et pour mieux comprendre des expressions comme “racisme inversé” et “féminisme blanc”:

Appelons les racistes des racistes en 2017

Extrait: “Mes parents sont des êtres intelligents. Ce qu’ils voulaient que je comprenne, c’est que je suis noire et que je le serai toujours. Les gens vont pas cesser de me le rappeler. Donc, il fallait que j’en sois consciente. Même si je suis d’ici, ils agiront toujours comme si je viens d’ailleurs.”

7 raison pour lesquelles le racisme anti-blanc n’existe pas

Extrait: “C’est dur pour les blancs de confronter la réalité du racisme et les commentaire des gens de couleur sur comment le pouvoir et le privilège fonctionnent, c’est tentant de prendre ces commentaire comme une attaque personnelle et insister que les gens de couleurs sont méchants qui est souvent une tentation de fuire les accusations de racisme inversé.”

What is “white feminism”?

Extrait: “The term « white feminism » was coined sometime around that time, by people wishing to distinguish it from intersectional feminism, and has been used as a way to critique some prominent feminists’ tendency to keep treating issues that don’t affect primarily white suburban women as unimportant.”

Muette mais pas trop

mai 16, 2016

muette

Je ne sais pas quand je suis devenue furieuse.

J’étais furieuse contre tout, petite, je faisais des fanfares dans mon quartier, avec des casseroles et des flutes à becs, mais je faisais aussi des pétitions, que je jurais envoyer à un ministre après. Mes parents les gardaient plutôt dans un portfolio.

Après, j’ai eu envie d’être parfaite, mais je ne l’étais pas, et ça me tentait de parler trop fort et de vomir pour qu’on sache que je ne l’étais pas, ni parfaite ni dupe, et que c’était insupportable, d’être dans un collège privé qui encourageait une curiosité à sens unique, une curiosité vers l’excellence et les prix Méritas, pas une curiosité vers les cryptes et les poils pubiens. J’étais sage, j’avais des yeux ouverts grand grand pour mes professeurs, quand je ne dessinais pas des femmes toutes nues dans mes cahiers.

Il parait que j’ai déçu des professeurs quand ils ont su que j’avais fait la pute. Ils se sont demandé ce qu’ils auraient pu faire, pour que je ne devienne pas moi. Je ne pense pas qu’ils auraient vraiment voulu me payer pour que je suce leur queue en écoutant du Léo Ferré. Je pense que j’aurais fait la pute de toute façon, parce que je le voulais, comme j’ai voulu teindre mes cheveux en noir, comme j’ai voulu des enfants et comme j’ai voulu crier je t’aime, saoule, chaque fois que je me rendais au dépanneur, dans St-Henri, pour acheter de la bière et des croustilles à l’aneth pour un mec qui n’aimait pas les sabots que j’achetais chez Urban Outfitters.

Je suis furieuse depuis qu’un mec a écrit sur un blogue ce qu’était le consentement sexuel, alors que ce mec, c’est celui qui m’a prise de force. Je suis furieuse et je me force à ne pas l’être, je suis furieuse et je pourrais faire des graffitis partout, avec son nom, mais je ne le fais pas, et je ne me coupe pas les cheveux, et je ne recommence pas à faire la pute, je suis juste furieuse et j’ai pensé à l’origine de ma colère, quand j’ai lu sur l’affaire Baupin.

L’affaire Baupin, ça a commencé avec un tweet.

« Ironiquement, c’est un gazouillis féministe sur Twitter qui a déclenché ce qu’on appelle aujourd’hui « l’affaire Baupin ». Le député du parti Europe Écologie – Les Verts (EELV) y apparaissait avec la bouche peinte en rouge, en geste de solidarité avec les femmes victimes de violence.

C’était trop pour la militante verte Elen Debost, longtemps harcelée par le politicien qui l’inondait de textos explicites, style : « J’ai envie de voir ton cul » ou « Je voudrais te sodomiser », et autres grossièretés.

Devant l’image de Denis Baupin posant en défenseur des droits des femmes, Elen Debost a eu envie de vomir et de hurler, écrit-elle sur Facebook. Avant de demander : « N’y a-t-il pas des limites à l’indécence ?»

Moi ça n’a pas commencé avec un tweet, mon histoire avec lui, mais ma colère, oui, elle vient peut-être de presque rien, d’un article, dans lequel il défendait le courage des femmes qui dénonçait, alors qu’aucune ne le dénonçait, lui.

Je ne sais pas quoi dire sauf que ma colère, elle n’est pas rien, je ne sais pas la transformer en autre chose, mais elle est là et elle est solidaire avec la colère de toutes les autres femmes qui ont décidé de ne pas se soumettre à quelque chose qu’elle n’était pas, muette, nous ne sommes pas muettes, et nous ne nous transformerons pas en vandales ni en justicières, pas toutes pas toutes, mais nous ne sommes pas muettes, please pretty please.

À lire aussi sur les suites de l’affaire Baupin : « « On ne peut pas dire à une femme, quel que soit son statut, qu’elle soit salariée, étudiante, chômeuse, mère au foyer ou élue, à propos d’une collègue : « A part ses seins magnifiques, elle est comment? ». On ne peut lui dire d’un air graveleux : « Ta jupe est trop longue, il faut la raccourcir » ou « Est-ce que tu portes un string? ».

« L’impunité, c’est fini »

« Ce que nous racontons est arrivé à certaines d’entre nous ou certaines de nos paires, mais là n’est pas la question. Cela arrive tous les jours à des femmes dans les transports, dans les rues, dans les entreprises, dans les facultés. Cela suffit. L’impunité, c’est fini. Nous ne nous tairons plus. » »