
Hier, le 17 décembre, c’était la journée internationale contre la violence faite aux travailleurs et travailleuses du sexe.
La veille, un agresseur de travailleuses du sexe avait été condamné à douze ans de prison. C’était bon, de connaître l’issue de son procès, à Giovanni D’Amico.
La violence contre les travailleuses du sexe est indéniable. Des victimes, il y en a dans les journaux, dans les cimetières, dans les ruelles, mais il y en a aussi qui ne sont pas tabassées et qui sont des victimes aussi. Victimes de la stigmatisation. Victimes de devoir se cacher sous un autre nom que le leur, par peur d’être harcelée ou de se voir retirer la garde d’un enfant. Victimes de devoir expliquer, sans relâche, ce que ça représente comme travail, comme travail et non comme obligation, comme soumission.

Le travail du sexe c’est un travail. Il devrait être décriminalisé, comme Justin Trudeau est appelé à le faire, dans une lettre dont je suis une des signataires, ainsi que la ministre de la Justice, L’Honorable Jody Wilson-Raybould. Décriminalisé parce que la décrimalisation sauve des vies, respecte la liberté et la dignité de chacun, et décriminalisé parce que le corps des travailleuses du sexe n’appartient qu’à elles. Pas à l’État. Pas aux groupes féministes antidroits et antichoix. Pas aux clients.
Des travailleuses du monde entier demandent la décriminalisation, déjouant le cliché de femmes emprisonnées ne demandant qu’à être sauvées par des Occidentaux bien-pensants.
Des expériences négatives dans l’industrie du sexe, il y en a. Comme il y en a dans les cliniques d’avortement. Et pourtant, nous célébrons ce droit que les femmes ont de choisir la destinée de leur corps, d’enfanter ou non, d’allaiter ou non. Pourquoi en serait-il autrement pour le travail du sexe ? Pourquoi ne priviliégions-nous pas la sécurité de celles qui font ce travail ? En criminalisant le travail du sexe, nous souhaitons minimiser la vie des travailleuses du corps, la vie et leurs choix et leurs impératifs financiers et leurs opinions et leurs batailles.
C’est un combat épuisant, de travailler et de devoir justifier ce travail, de devoir se contraindre à révéler qui nous sommes juste pour démontrer que nous ne sommes pas des victimes sans voix sans choix sans force.
Je vous encourage à faire des donations à l’organisme Stella, qui aide les travailleuses du sexe à briser leur isolement, à faire valoir leurs droits, ainsi qu’à sortir de l’industrie du sexe si elles le veulent, ou à continuer à y travailler mais avec sécurité et dignité.