Vêtue d’une robe marine avec des feuilles d’arbres japonais imprimées sur le tissu, je demande à une caissière cute, à la pharmacie Jean Coutu, devant le métro Jarry, la direction pour aller sur la rue Saint-Hubert. Elle mâche sa gomme en me répondant.
Je marche jusqu’à chez Rita, une fille aux yeux de biche presque timide, à la taille magnifiquement ajustée dans une robe noire et aux cheveux coiffés style Audrey Hepburn. Isadora célèbre son anniversaire le même jour que deux autres de ses copines et je les rencontre pour la première fois ce soir.
Je bois une boisson énergétique parce que je veux rester sage et respecter ma diète de joggeuse. Des mecs arrivent après moi, ils ressemblent tous à Jésus, ou à Premier Mari, avec leur barbe de hippie-ou-d’adorateurs-de-musique-métal. Une fille tatouée d’un superbe éléphant dans le dos me présente tout le monde, mais j’écoute pas les noms parce que je pense trop aux verres de rosé que je ne boirai pas.
Des filles se caressent les épaules en s’excitant pendant que je mange des jujubes à la canelle en forme de bouche. Raphaëlla commence à danser. Isadora dit qu’elle va se shaker les seins seulement si une chanson des Pussycat Dolls joue. Moi je parle de quelle chanson de Madonna je préfère, avec Lorelaï, une fille qui me fait penser à une barmaid du 701.
Elle me dit qu’elle recommence bientôt ses études en architecture et elle me demande si je suis une étudiante aussi. Je lui raconte que je viens de publier un livre sur mon expérience d’escorte. Elle entend « douze ans » quand je lui dis que j’ai fait la pute pendant deux ans, et nous rigolons. Lorelaï me confie qu’elle n’est pas capable de baiser avec un mec qu’elle trouve juste beau, elle doit absolument le trouver super intelligent sinon elle ne mouille pas. À cause de ça, elle n’a pas baisé depuis trois ans. Je n’ose pas lui demander comment elle fait, si elle se touche le clitoris compulsivement, si elle regarde plus de films pornos que moi ou si elle a même oublié la sensation de couilles poilues qui frappent contre sa chatte. Je lui souhaite un gentil professeur mignon et cultivé, et elle me remercie, avant de se lever et de danser sur If U Seek Amy.
Critique de moi-en-tant-que-chick-moitié-glamour-moitié-underground : http://www.adproductions.ca/esculture/?p=168