Posts Tagged ‘Mélodie Nelson’

J’écris et je baise encore

octobre 25, 2022

photo par François Couture

J’écris toujours, j’écris sur comment je baise, les coupures, quand une queue ouvre ma chatte après quelques jours sans baiser, j’écris surtout pour moi, sur mes culottes aux coutures trop lâches, sur les croissants à l’érable des Copains d’abord, quand je retourne dans Rosemont, trouver des Débrouillards au bazar de l’église, j’écris des extraits des biographies d’Audre Lorde, sur mes nuits à ruiner mes ongles et à écouter des telenovela.

J’écris mes devoirs. Je suis retournée à l’école et je suis presque surprise de me trouver à ma place – je pensais que ma place était dans un lit dans tous les lits, mais elle est aussi dans toutes les bibliothèques. J’avais oublié que jamais je ne m’étais sentie étrangère ou pas acceptée, en talon et minijupe en col roulé en jupe cigarette en émule de Victoria Beckham, à chercher des livres pour moi ou pour d’autres, à me cacher ou à me trouver, les bibliothèques ont toujours été là. J’étudie pour devenir bibliothécaire. J’ai hâte.

Mais j’ai aussi tellement hâte que vous découvriez mon nouveau livre. La mécanique des désirs. Le lancement aura lieu le 8 novembre, au Livre à Soi, mais vous pourrez le trouver en librairie dès le 1er novembre, la journée des saints, la journée juste après celle où je me déguiserai en Cher des Collégiennes de Beverly Hills.

Allô, voici mon pénis: un documentaire pour espérer que plus personne ne recevra de photos de saucisson sans consentement

avril 11, 2022
Dans la salle de bain, juste avant de proclamer que même une queue pas bandée peut donner place à une dick pic réussie.

L’automne dernier, l’équipe d’Urbania m’a proposé d’intervenir dans le documentaire animé par Kim Lévesque-Lizotte, sur le phénomène des photos de pénis. J’étais intriguée et surtout heureuse de participer à un projet que je considère important, porteur d’un espoir social.

Je suis chanceuse d’avoir pu diriger sensiblement une séance de photos intimes – en tant qu’ex-critique professionnelle de dick pics – et d’avoir pu discuter avec une femme aux mille rôles, qui s’accomplit dans chacun, avec intégrité et défi.

Allô, voici mon pénis est disponible sur Crave depuis quelques mois et il sera en ondes à Canal Vie lundi le 11 avril 2022.

En revenant chez moi après le tournage, j’ai vu de beaux cochonnets.

Nouvelles Intimes

mars 1, 2021

Natalia Wysocka est une journaliste qui peaufine ses textes, ils me donnent souvent l’impression d’être des joyaux, mais des joyaux jamais trop lisses même s’ils sont travaillés retravaillés, des joyaux d’accumulation de joyaux.

Je l’ai connue d’abord comme journaliste : elle m’avait interviewée pour Juicy Nous avions marché quelques minutes ensemble après un passage au Maesmi. Elle se dirigeait vers une salle de spectacle et moi je devais sans doute aller chez moi essayer des perruques avant d’aller prendre les enfants à l’école.

Nous sommes devenues amie un an plus tard, deux ans? grâce à un film dans lequel jouait Jennifer Lopez.

Je ne suis pas une amie constante. Je peux être hyper envahissante, envoyer dix captures d’écran par jour/raconter disputes et baises/partager ma série préférée du moment/tenter de convaincre mes amies d’aimer la même Real Housewife que moi (elle est Vierge! elle a perdu des dents à cause de la police! elle a marié son grand-père!) Puis, après des photos de loutres, je ne donne plus de nouvelles pendant deux mois.

En Natalia j’ai trouvé une amie loyale qui ne juge pas mes ongles et distractions. Et une collègue exceptionnelle.

Nous avons lancé Nouvelles Intimes le 18 décembre, dans un monde qui était déjà un monde de restrictions pour les personnes à qui nous donnons le plus souvent possible la parole dans notre infolettre. Je vous invite à vous y abonner.

Le dernier article est une entrevue avec Tina Horn, qui discute avec Natalia de sa participation au livre We Too, de ses parents qui se sont rencontrés dans une secte et de pornographie.

« Je roule des yeux chaque fois qu’un magazine léché fait un dossier du type “Est-ce que la porno peut être féministe?” C’est un signe de tout le travail qu’il nous reste à faire qu’il y ait encore des gens qui posent de telles questions. »

Et puis, ajoute Tina Horn, « en tant que personne queer, cette idée qu’un type de pornographie serait, entre GROS guillemets, “pour les femmes” et que toutes les femmes préfèrent les films faits par des femmes (même si pour certaines, c’est le cas) et que nous puissions faire de telles généralisations…» Re-soupir. « Ce n’est pas ainsi que le désir fonctionne. Ce n’est pas comme ça que la masturbation fonctionne. Ce n’est pas comme ça que les goûts fonctionnent. »

Merci de continuer à me suivre mes choux xxx

photo par François Couture

Avec ou sans lubrifiant

octobre 11, 2019

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photo par Myriam Lafrenière

Une amie m’a m’a remerciée cette semaine de fister son esprit. Et le mec qui a la plus belle chienne du quartier en a rajouté:  » Tu golden shower mes journées grises avec tes articles. » 

Je suis choyée.

J’aime ça venir dans ta tête

octobre 8, 2019

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#inbed #naked #selfie #face #fakeblonde

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Je suis lente pour écrire. Je n’ai pas de raisons. J’ai des journées à chercher des stickers à coller dans mon agenda, des journées à faire des muffins aux carottes qui ne goûtent rien et que les enfants refusent de manger, des journées d’une vidéo de pieuvre qui change de couleur en dormant, des journées à décrire des queues (vous pouvez me demander, c’est un service que j’offre maintenant, la description de vos photos de queues en échange d’argent pour de la vodka), des journées à marcher, à lire, à changer de couleurs de vernir, à commencer un projet, à boire en parlant de commencer un nouveau projet.

Je reste lente pour écrire.

 

Mais cet automne j’ai participé à deux livres qui sont publiés. J’en suis trop fière. Hustling Verses, une anthologie de poèmes de travailleurs.ses du sexe du monde entier. Et Je suis indestructible, un livre-objet d’art, dans lequel je raconte mon agression sexuelle et l’après-agression sexuelle, et aussi toutes les merdes que je suis prête à faire quand je suis en amour.

Lisez-moi please. J’aime ça venir dans votre tête.

 

Popcorn et vodka soda

octobre 7, 2019

Parfois je parle et je n’écris pas. Ça donne les meilleures soirées. C’était une joie que d’accompagner la journaliste Natalia Wysocka à la première de Hustlers il y a quelques semaines, en compagnie de copines.

Ce que j’aime de cette journaliste de La Presse : quand elle écrit elle ne passe pas son temps à décrire physiquement les personnes qu’elle interview. Personne ne peut deviner le décolleté d’une auteure ou la couleur du rouge sur les lèvres d’une chanteuse sous sa plume. Elle cite. Il n’y a pas de regard ou d’emprise pornifiante sous ses mots et c’est rare que ça arrive. Ce n’est pas grave que ce soit indiqué que je suis peu maquillée ou que mes lèvres sont rouges et que mon chandail est gris et en lainage. Ce n’est pas grave mais ça détourne le propos, que de décrire, ça corrompt la réception de toute œuvre ou opinion.

Enfin bref, Wysocka ne fait pas ça, alors vous ne pouvez même pas deviner à quoi ressemblaient mes copines travailleuses du sexe qui m’ont permis, après le film, de tenter de nouveaux mouvements de stripper, assise sur elles. Nous étions glorieuses en tout cas.

Extraits de l’article : « C’est d’ailleurs l’un des points principaux du film : la solidarité. Que l’on sent émaner du groupe qui nous entoure. De façon nettement moins romancée qu’à l’écran. Là où l’on voit toutes les femmes, dansant autour de l’arbre de Noël, s’offrant des Louboutin, blaguant avec la grand-mère de l’une, haha, vous êtes une coquine, vous aussi, mamie. « Cette scène m’a presque fait pleurer, s’émeut Mélodie. Je trouvais ça trop adorable ! » Désolée, tranche Morgane, mais « ça, c’est fucking pas vrai ». « Ce n’est pas comme ça que ça se passe dans les clubs ! On se fait une, deux amies, mais la dynamique est complètement différente. » Dans les mots d’Alice : « Ce n’est pas une équipe de hockey. »

À lire aussi: un article du site Tits & Sass sur Hustlers

Ce qu’un escorte lit en pleurant

mars 21, 2019

Maxime Durocher a l’air dix ans plus jeune que son âge et organise parfois des pyjamades dans des hôtels montréalais, avec promesses de pizza et de plaisir. Il est un escorte charismatique, respectueux et il prend souvent la parole comme allié de ses collègues féminines, qui sont plus stigmatisées et criminalisées que lui.

Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de quiconque et il garde ses rencontres professionnelles secrètes, comme des joyaux entre lui et la femme qui le convie à passer un bon moment avec elle et du latex.

Sur son site web, il parle de ses services, de son parcours et répond à toutes sortes de questions, comme Is there such a thing as too much foreplay?, What advice would you give men on how to properly worship breasts? et Why is it that men require possession of the remote control?

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Récemment il a posé avec mon livre Juicy. C’est pour moi un honneur et je pense que rien ne me rend plus heureuse que lorsqu’une personne dans l’industrie du sexe apprécie mon livre. Deux autres escortes à ma connaissance ont posé avec Juicy et je trouve ça délicieusement adorable, que de retrouver mes mots tout contre la peau de ceux et celles que j’admire le plus au monde.

Je l’ai questionné sur ses choix et habitudes de lecture, parce que parler cul avec un escorte, c’est moins original que de parler de ce qui l’inspire intellectuellement.

Le livre que tu as plus lu et pourquoi: The Eye of the World. Parce que c’est le premier de ma série favorite par mon auteur favori. Robert Jordan décrit une aventure fantastique avec un niveau de détails qui me captive.

Ce que tu lis présentement: Wikipédia, sur l’Égypte ancienne.

Un livre que tu donnes en cadeau: Luttes XXX. Parce que ça décrit tellement bien la lutte pour les droits des travailleuses/eurs du sexe ainsi que son fondement.

Un livre qui t’a fait pleurer: Le Seigneur des anneaux.

Tes habitudes de lecture: Avant de me coucher, juste après ma douche, après mon somnifère et mon antidépresseur. Ça m’aide à me relaxer et à m’assoupir.

La nostalgie de parler de mes seins à des inconnues

mars 18, 2019

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il y a dix ans avec un maillot de bain Marciano et un cul toujours parfait

Ma première fois dans Urbania n’était pas pour parler de noms d’escortes ou de lubrifiant, mais pour parler de vodka et du fait que je me considérais pas comme une femme mais comme une pouliche. Oh well. Ça me manque, les rallonges dans mes cheveux et les cabines de Marciano. Et d’être comparée à Jenna Jameson.

Extrait « L’endroit où on risque le plus de te croiser :

Dans les toilettes du bar Le Confessionnal, à me remettre du gloss et à parler de mes seins à des filles que je ne connais pas »

Team partage de rondelles d’oignons

février 8, 2019

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Je n’aime pas parler d’argent. Quand j’ai commencé à être escorte, c’était sous la peur du manque. Et j’accumulais tout: les savons, les assiettes, les cahiers, les pots de peinture, les rasoirs, les chemisiers, les rouleaux de papier de toilette. J’avais peur qu’un jour je ne puisse plus travailler et que je n’aie plus rien à nouveau. J’accumulais pour ne pas avoir peur du manque, pour reculer le manque au fond d’une armoire à biscuits.

J’ai encore peur parfois. Je n’aime pas en parler. L’argent nous rend tous vulnérable. Et fragilise malheureusement aussi des relations amicales. J’en parle dans un article sur Urbania. 

Camille ne m’a pas demandé si je fakais de jouir avec les clients

février 2, 2019

(La réponse: non. Quand je jouissais, c’est parce que j’étais assez détendue et que mon clito était bien léché. Sinon je ne faisais jamais semblant. Ils savaient que j’avais du plaisir même si je ne criais pas aussi fort que Céline Dion dans une chanson. )

Cam Grande Brune a un chien adorable, des cheveux comme ma fille en voudrait, étudié en littérature sans triper sur le monde qui l’entourait – hello, je t’aime – , des rêves qu’elle réalise parce qu’elle a du culot et la confiance de se dévoiler sur sa chaine youtube mais aussi de laisser les autres se dévoiler.

Elle m’a invitée à parler du travail du sexe. Et ce qu’elle m’a offert c’est un cadeau. Hyper rare. Le cadeau de parler de plein de choses en lien avec le travail du sexe – ma rencontre avec mon amoureux, les condoms que je suis incapable de mettre, toutes les raisons possibles de vouloir baiser, ce que je demandais à mes parents comme cadeau de Noël quand j’étais adolescente. Sans être jugée. Sans aller dans le trauma porn. Parce que le trauma porn, quand on parle de travail du sexe, c’est populaire. On veut aller dans le dégoûtant, dans les perversions, dans les as-tu été violée par ton arrière-grand-papa et le voisin du boucher de ton quartier. Les putes, on aime bien les attendre à l’hôtel et ne pas leur demander l’autorisation de leur poser les pires questions. Mais Camille n’est pas comme ça.

Et je suis très heureuse du résultat, avec moi qui rit trop souvent mais qui tente de trouver les mots pour dire, je ne dis jamais tout car il a trop à dire, mais je tente de m’en approcher, les mots pour tout dire, pour me dire moi et pour espérer que les autres femmes dans l’industrie puissent un jour avoir cette chance, de se dire et de dire ce qu’elles veulent, que ce soit fuck you, à l’aide, j’adore, ne me touche pas ou ouh la la, ça goûte la merde les condoms au pina colada.

Merci.

Je vous invite à la suivre sur son blogue et sur sa chaine youtube. Elle est hyper intéressante, qu’elle parle de ukulele, d’asexualité ou de maillots de bain.