Archive for novembre 2015

L’art du sexe qui se la joue possiblement fatal

novembre 30, 2015
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Femme Fatale de Carlo Giambarresi

J’écoute Fargo distraitement. Je bois du vin blanc bio, pendant que mon mec juge le gâteau breton aux pommes que j’ai fait pour ma libraire préférée, qui vient me voir demain (qui vient voir mes enfants demain ; elle ne le dira pas mais elle les préfère à moi).

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Et je tombe sur ces images, et j’aime. C’est de Carlo Giambarresi, un artiste originaire de Sardeigne. Il collabore à plusieurs publications comme Wired USA, La Stampa, The Wall Street Journal.

Carlo 1

Cyber Sex de Carlo Giambarresi

Une cheerleader qui aime les bananes et les gorilles

novembre 29, 2015

Tame Impala

Un clip à voir ce weekend : The less I know the better, de Tame Impala, une groupe australien qui dit être influencé par Supertramps et les champignons magiques.

J’aime pas trop la musique ; je préfère écouter Beyoncé quand je fais des biscuits. Mais les images du joueur de basket qui se fait briser le cœur par une cheerleader, qui préfère coucher avec la mascotte du lycée, sont fantastiques.

 

Comme Adam qui découvre la chatte d’Ève

novembre 24, 2015

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Bad Sex in Fiction Award, c’est le genre de concours que j’aime bien suivre chaque année.

Créé en 1993 pour pointer des descriptions sexuelles mal écrites dans un livre qui n’a pas tant de défauts sauf du sexe redondant ou ennuyant ou juste arke. Le gagnant sera annoncé le premier décembre. Un trophée pour la pire scène de cul, wouhou.

Je ne trouve pas toujours les scènes choisies si horrifiantes. Genre, parfois, c’est vrai que le sexe c’est drôle/les pénis ont des formes bizarres/le sperme gicle sur les murs de la cuisine.

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Voici les scènes des finalistes qui m’ont plus perturbée pour la sélection 2015 du Bad Sex in Fiction Award :

Against Nature (Tomas Espedal)

« She kisses his face and licks it. She bites his lip. She bites his cheek. She pants in his ear, shouts his name in his ear, she whips his face with her hair. She stops his mouth hard with her hand and takes his breath away. She rides above him the way she’d imagined that one day she’d ride a boy, a man, a beast; she grasps his long hair with both her hands and rides him as if he were a horse… »

Fear of Dying (Erica Jong)

« I slip into bed, amazed that Asher is making the first move — which is unusual for him.

While I lie next to him, astounded by his presence still, he opens my silk robe and touches my cunt as if he were Adam just discovering Eve’s pussy.

‘Beautiful,’ he says. »

List of the Lost (Morrissey)

« At this, Eliza and Ezra rolled together into the one giggling snowball of full-figured copulation, screaming and shouting as they playfully bit and pulled at each other in a dangerous and clamorous rollercoaster coil of sexually violent rotation with Eliza’s breasts barrel-rolled across Ezra’s howling mouth and the pained frenzy of his bulbous salutation extenuating his excitement as it whacked and smacked its way into every muscle of Eliza’s body except for the otherwise central zone. »

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À suivre, pour le dévoilement du gagnant qui ne devrait jamais comparer des baises à des grosses boules de neige ricaneuses.

S’attacher les cheveux au lieu de détacher sa robe

novembre 24, 2015

Salon 1

Ce que j’ai aimé du Salon du livre de Montréal:

1. Avoir marché sous la pluie avec mon papa avant de me rendre au Salon.

2. Retrouver autour de Marie-Chantale Gariépy des auteurs hyper intéressants. Patrice Lessard et ses lecteurs qui échappent ses livres dans leur bain. Anne Genest et son rouge à lèvres sur les joues de ceux qu’elle embrasse. Geneviève Drolet et son chandail de laine acheté à une dame de 80 ans en Estonie. Geneviève Drolet et sa sage-femme voilée.

Salon 2

3. Avoir la tête qui tourne après un verre de vin. Histoires de bouteilles ouvertes avec un couteau Laguiole ou avec un soulier.

Patrice LEssard photo Marco Campanozzi

4. Porter des bottillons rouges aux talons très hauts.

5. Placoter de chasse et de crème hydratante avec Geneviève Pettersen

6. Être devant une assiette d’huitres et de calmars chez Holder, après la séance de signatures au Salon, mais être incapable de manger, excitée d’être là et de parler de saucisses végé, de conservateurs qui traitent les autres de whore, parler de whore aussi, mais pas tant que ça. Boire un verre de mousseux. Et s’attacher les cheveux, lentement, au lieu de détacher sa robe.

7. Revenir à la maison et manger au lit une poutine commandée par mes parents.

Pas juste des seins

novembre 18, 2015

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J’aime pas être prévenue que c’est dangereux, envoyer des photos de moi toute nue. Genre mon mec pourrait l’envoyer au monde entier s’il m’en voulait parce que j’ai brûlé une lasagne. Je m’en fouette, s’il faisait ça. Ce serait son erreur, pas la mienne. Le pire, avec une photo de mes seins, serait de me tromper et d’envoyer un cadeau pas du tout bienvenu à ma belle-mère.

Je l’ai peut-être déjà fait. Who knows ? Elle m’a déjà envoyé des documents juridiques, croyant qu’elle les envoyait à son avocat. Je trouve ça plus honteux de savoir tous ses déboires familiaux que de révéler la grosseur exacte de mes mamelons.

Un article du nymag soulève la question des sextos. Se doivent-ils d’être anonymes ? De dévoiler que des fesses et une chatte mouillée ? Ou est-ce possible d’en envoyer avec son visage et ses seins et de trouver le tout excitant et militant.

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Extrait : « I don’t always want to arrive in their messages as a disembodied set of tits or as one of many spectacular butts out there in the world. Sometimes I want to arrive as myself. Sometimes I’ll even send my face as a power move. After a bunch of shots that don’t reveal my identity, I’ll send a very clear face shot — looking somewhere between sensual and smug, head up, stomach down on a bed with my ass visible in the background. It is the sexting equivalent of photobombing the detached, eroticized body shots with my specific, highly personal face. »

Salon du livre et ma langue sur du papier

novembre 17, 2015

Emcie et Mélodie Nelson

Une dédicace pour Douze histoires de plage et une noyade aura lieu au Salon du livre de Montréal, jeudi le 19 novembre, de 18h30 à 20h. J’y serai avec d’autres auteurs du collectif dirigé par Marie-Chantale Gariépy.

Venez me voir ! Je frencherai les livres que vous acheterez. Et je vais avoir une robe cute.

Nos sangs mêlés par alliance, et non par les armes

novembre 17, 2015

C’était l’anniversaire d’une copine et son anniversaire, ça donne le jour de la gentillesse. Mais maintenant, ce n’est plus ça, c’est surtout le jour des attaques terroristes à Paris.

Je n’ai rien d’intelligent à dire sur les événements. J’ai trouvé ça horrible, j’ai tout suivi sur Twitter, les appels à l’assaut, le nombre de morts, les draps lancés sur les morts dans la rue. J’étais à la bibliothèque, avec les enfants, et je ne savais pas encore ce que je leur dirais, ni si je devais appeler mon chéri ou annoncer à tous les autres parents de la bibliothèque Marc Favreau qu’en France, il y avait des parents qui n’étaient pas en train de lire des histoires de tracteurs à leurs enfants.

Si je suis allée marcher dimanche en solidarité avec Paris, si mes ongles sont bleu-blanc-rouge, ce n’est pas que j’oubli les autres pays touchés par des atrocités. C’est que je ne sais pas quoi faire, pour tout, mais qu’avant de porter toutes les victimes du monde dans sa tête et sur son dos et sur son profil Facebook, il faut bien commencer par éprouver quelque chose. Et ce quelque chose, s’il est bleu-blanc-rouge, ce n’est pas de l’hypocrisie ni de l’oubli. C’est de l’empathie, c’est le début d’une réflexion, le début d’une ouverture vers les autres, ces autres qui voudraient passer plus de temps les yeux rivés à des histoires de tracteurs plutôt que fixés à des horreurs.

Un homme a écrit ces derniers jours des mots touchants, que j’ai lu à haute voix plus d’une fois. Cet homme est Olivier Kemeid, un dramaturge québécois.

Olivier Kemeid : « J’ai longtemps cru que c’était le terrorisme qui m’avait engendré. J’aimerais pouvoir le dire autrement, mais s’il faut remonter à ma source, les faits sont là, inéluctables: ce sont les Frères musulmans, tristes pionniers des organisations terroristes islamistes, qui ont fait en sorte que ma famille a quitté l’Égypte. Chrétiens d’Orient, Juifs d’Orient, minorités réprouvées: les migrants de 1952 ont connu le grand incendie du Caire, ont vu leurs voisins se lancer de leur balcon avec leurs enfants pour échapper aux flammes, mais ils n’ont pas connu la guerre. Et c’est pour que leurs enfants ne la connaissent jamais qu’ils sont partis, le cœur déchiré, la peur au ventre, les valises vides. Mon grand-père a emmené son fils devant les pyramides le jour de leur départ, le 1er octobre 1952. « Regarde-les bien car tu ne les reverras plus jamais ». Charles Kemeid savait que ce départ était sans retour, qu’ils ne reviendraient pas sur le sol natal.

Soixante-trois ans plus tard, mon père n’y est toujours pas retourné. Pourtant, pas un jour ne passe sans qu’il évoque l’Égypte, devenue synonyme de son enfance arrachée. En 1968, alors que la jeunesse française découvrait la plage sous les pavés, il s’est acheté une moto à Marseille afin de longer la rive nord de la Méditerranée, celle-là même que mon grand-père m’avait pointé du doigt quand j’avais trois ans, en me disant : « Regarde la mer, Olivier! » « La mère de qui? » avais-je demandé. « De nous. Notre mère à nous tous. » Gil Kemeid a roulé pendant six mois sur les routes de ce bassin de l’humanité, vaste creuset des civilisations, jusqu’à Istanbul, où il s’est arrêté. Fin du périple. Il y a quelques années, je lui ai demandé pourquoi il avait suivi cet itinéraire. « Pour me rendre jusqu’aux confins de l’Europe, m’a-t-il répondu, et aux portes de l’Orient. De là, je n’ai pas été capable de poursuivre. Mais tout au long de mon voyage, je pouvais regarder, sur ma droite, par-delà notre mer, l’Égypte. » Il aurait pu dire tout autant l’enfance, ce pays où l’on ne retourne jamais.

Aujourd’hui, la guerre a atteint notre sol. Ceux qui sont venus trouver refuge à Paris, à Londres, à Madrid retrouvent la terreur à laquelle ils ont tenté d’échapper. Je pense à ceux qui sont tombés parce que par une belle nuit d’automne, ils avaient décidé de danser. De chanter. De boire. D’être sur une terrasse à Paris avec des amis chers, l’un des bonheurs que cette Terre damnée peut offrir. Je pense à mes cousins libanais, subissant l’attentat éternel à Beyrouth. Je pense aussi, toujours, à mes frères et sœurs syriens qui, comme ma famille en 1952, tentent de fuir ces mêmes horreurs pour survivre. Ces frères et sœurs que l’on confond parfois avec leurs bourreaux. « L’Histoire est un cauchemar dont je cherche à m’éveiller » écrit James Joyce.

Moi, né d’une union entre deux personnes, l’une, née en Égypte, l’autre, au Québec, issues de régions du monde dont les cultures seraient en choc de civilisation, moi qui ai longtemps cru que la terreur qui a poussé ma famille à s’exiler était en grande partie responsable de ma naissance, sais aujourd’hui, et m’y raccroche comme on s’accroche à une planche de salut dans cet océan d’horreur, que c’est l’amour et tout ce qui peut nous rapprocher comme êtres humains, par-delà nos différences culturelles, qui m’a fait naître. Puisse cette union perdurer malgré les années sombres dans lesquelles nous sommes plongés; puissent nos sangs se mêler par alliance, et non par les armes. »

Un prince à baiser et pour qui chanter au karaoké

novembre 10, 2015

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Comme elle le proclame sur son site web, Jillian Lauren est passée de fille dans un harem à membre d’un parent-teacher association. De fillette abandonnée par une maman ballerine à auteure tatouée qui donne des conférences sur l’adoption.

Elle raconte tout ça dans Some Girls, My Life in a Harem, ce qui l’a amenée à baiser avec un prince sadique et à le partager avec d’autres filles qui se saoulaient et se détestaient en attendant leur tour au karaoké.  Ou leur tour sur un terrain de tennis. Ou leur tour pour recevoir un bijou ou la queue du prince.

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Elle raconte qui elle était, et ce qu’elle tente d’être, après des semaines et des mois de shopping de sacs Vuitton et d’enfermement. Son récit n’en est pas un d’escapades sexuelles dans un pays exotique. C’est le récit d’une Shéhérazade contemporaine, qui se cherche, qui se cherche et se crée, avec des mots, des secrets qui ne sont plus des secrets, de l’encre sur sa peau et des désirs à réinventer.

Some Girls

Extraits de Some Girls, My Life in a Harem:

Sur ses tatouages qui l’obligent à se révéler aux autres : « With my story writ large on the surface of my skin, I would no longer be tempted to fool people into thinking that I was normal. Tattooing was going to be my own radical statement about permanence and impermanence. It was the scarlet letter that I would proudly embroider across my chest. »

Sur le pouvoir de l’argent et des possessions : « There is something about that kind of hard, cold, sparkling sign language for power that even I, quasi-socialist sometime-vegetarian artist – even I wanted to hold up and shout, Look motherfuckers : I have a treasure from a prince. I am beautiful. »

Lundi oui oui oui: bad boys et pantoufles en phentex

novembre 10, 2015

Peaky Blinders

vegan mac & cheese

Je porte un soutif rembourré et je trouve que ça me donne dix ans de plus. Je comprends pas trop pourquoi. Peut-être parce que j’ai vu trop souvent des filles dans le Vieux-Montréal avec des seins en armure qui avaient la quarantaine.

En tout cas.

Ce que j’aime plus que les crampes de menstrues :

Sanctuaire pour animaux. Cinéma avec une copine qui pleure moins que moi. Rice Krispies avec du colorant spécial Noël. Bad boys et bad girls de Peaky Blinders. Soleil le matin au parc, en bottes de pluie et manteaux ouvert. Recettes de macaroni et fromage vegan. Aprem de discussions sur le genre et sur les moustaches et sur ce qui se doit d’être flamboyant ou non. Rêver à la Première Dame du Canada qui me donne des pantoufles en phentex – deux jours après avoir rêvé que je participais à des manifestations pour rappeler à Trudeau ses promesses électorales sur la décriminalisation de la prostitution. Distributeurs d’histoires courtes. Danser sur des chansons des Spice Girls avant le dodo des enfants. Parler de ma meilleure amie avec Léa Clermont-Dion pour l’émission Banc Public. James Deen Mainstream.

À lire aussi : Est-ce que Marguerite Duras aurait utilisé Twitter ?

Extrait : «Le musicien critique âprement le fait qu’on demande aux artistes d’être présent sur les médias sociaux (voir les Rihanna et autre Lady Gaga de ce monde), mais aussi de créer, de performer et de « divertir » à un rythme soutenu, alors que cela demande une grande part de solitude, ce qui est incompatible, selon lui. Comment la créativité peut-elle survivre dans ces conditions? »

Bonne semaine y’all ! Je vous souhaite feux d’artifice dans votre cœur et zéro crampes de menstrues ever.