Archive for Mai 2015

Mouille à la barbe-à-papa

Mai 30, 2015

album à colorier

Ce weekend je vais manger de la barbe-à-papa tous les jours, assez pour que ma mouille goûte le sucre et non le kéfir, dessiner dans un album à colorier de chouettes dessins fétichistes et lire sur ce que je devrais cuisiner quand je serai assez grande pour bien cuisiner sans devoir alerter les pompiers (true story : les pompiers sont venus chez moi il y a deux semaines, pendant que je brûlais des biscuits).

Bon weekend y’all ! Bisous au rosé bio !

album à colorier et autres livres

Des ballons en forme de pénis, accidentellement

Mai 29, 2015

Ballons en forme de pénis

Ce soir, je me suis balladé avec des ballons, qui, avant de ressembler à des queues, étaient des épées ou des lances d’incendie, selon mon fils, qui ne parle pas encore beaucoup, sauf pour dire les mots pompier et je t’aime maman.

Une pornstar ou une pomme bio?

Mai 29, 2015

Satomi Suzuki

À défaut de boire autre chose qu’une bouteille de rosé par soir et du foutre, je tente de manger mieux.

Je voulais vérifier la liste de David Suzuki, une liste qu’il publie chaque année, si je ne me trompe pas, une liste d’aliments à acheter bio absolument, sinon c’est la mort assurée ou, en tout cas, la pollution de son corps et je ne veux pas polluer mon corps, thank God pour les compliments que j’ai sur ma cage thoracique (really, hier soir) et mes jambes quand je porte des talons.

J’ai tapé Suzuki dans ma barre de recherches.

Et je suis plutôt tombée sur une vidéo porno. Une actrice se fait toucher dans un métro japonais.

Entre une petite culotte baissée de force et un avocat pas trop dangereux pour la pureté de mon corps, je ne sais pas quoi choisir.

bio 2

Polo Leflic et Mélodie Nelson

Mai 24, 2015

Quand j’ai écrit Ne pas se plaindre, j’ai reçu de nombreux témoignages d’amies et d’inconnues qui avaient été victimes d’une agression semblable, qui n’avaient rien dit, ou qui étaient allées jusqu’au tribunal, en parler répéter les dates les lieux leur âge leur lien de parenté ou d’autorité ou d’amitié se faire confronter par d’autres avocats répéter répéter pour ne plus se sentir folle honteuse coupable coupable, coupable de rien, sauf d’avoir un trou.

Puis, j’ai reçu un courriel, avec des fautes, un courriel de quelqu’un qui se prétend un ex flic.

J’ai répondu au courriel, sans comprendre vraiment les intentions de la personne qui me l’avait envoyé. Puis, un échange de courriels, plus articulés, plus détaillés, avec moins de fautes, un échange de courriels a eu lieu. Ce qui m’a laissée plus que songeuse, presque apeurée. Je ne sais pas qui m’envoit ce courriel, qui utilise le terme flic au lieu de policier, qui préférerait me voir plutôt que de me donner simplement son identité, vérifiable, qui préfère se cacher plutôt que de dire ce qui est vrai, je ne sais pas si c’est juste un creepy guy ou une creepy girl qui m’écrit, ou si c’est plus que ça, si c’est possiblement mon agresseur qui m’écrit et ça me fait chier de rester avec ça au travers de la gorge, de me demander ce que recherche la personne qui m’écrit, me troubler, en savoir plus me faire cracher stresser des cauchemars.

Je vous dévoile les courriels car la personne qui m’écrit dit connaître d’autres victimes. Je ne serais alors pas la seule personne avec qui il aurait communiqué. Si quelqu’un a déjà eu une correspondance avec ce Polo, je souhaiterais le savoir. Merci.

Date: Fri, 15 May 2015 14:46:36 -0700

Subject: Ne pas se plaindre

From: pololeflic@gmail.com

To: melodienelson@hotmail.com

j ai lu votre article et je suis troublé. J aimerais en discuter si vous en avez envie . Suis un ancien flic et victime. J aurais probablement des choses à partager. C est comme vous désirer.

Polo

Ma réponse :

Bonjour,

Je ne sais pas quoi vous dire. Je suis désolée de vous savoir victime. Si vous préférez, vous pouvez utiliser un autre terme, comme survivant, comme le font les personnes qui ont créé le site Je Suis Indestructible. Vous connaissez? Vous pouvez me confier ce que vous voulez, mais je n’ai pas de compétence reliée à ça (je ne suis pas thérapeute, je ne peux pas conseiller quoi que ce soit). Je partage mon vécu, c’est tout, ça peut aider mais aussi éveiller chez certaines personnes un rappel d’événements passés. Comme on m’a dit, suite à cet article, ce n’est pas dans l’oubli qu’on se construit. C’est à travers les souvenirs, et ce que nous en faisons, que nous réussissons à nous construire ou à nous reconstruire.

Juste une chose: vous mentionnez être un ancien flic. Je ne sais pas si ça a un lien avec ce que vous voulez me partager, mais je tiens à dire que je ne changerai pas d’idée concernant une plainte. Ne m’écrivez pas pour me convaincre du contraire. À chacun sa démarche. Moi, je n’ai pas choisi de faire de plainte. Je ne crois pas que ça m’aurait m’aidée. Je crois que pour de nombreux cas d’agressions sexuelles, beaucoup de survivants souhaitent un système de justice parrallèle, une prise de conscience, surtout.

Cordialement,

Mélodie Nelson

Date: Sun, 17 May 2015 21:46:57 -0400

Subject: Re: Ne pas se plaindre

From: pololeflic@gmail.com

To: melodienelson@hotmail.com

Bonsoir Mélodie , merci de me répondre, ne soyez pas désolé, je vais bien.

Je voulais juste reprendre des citations de votre texte.

«Tu es capable de parler de lui, mais moi, je ne veux plus entendre parler de lui.»

Plus les années vont passer, plus vous allez en entendre parler, plus ce sera pénible.

«Il m’a aussi baisée même si je lui ai dit que je ne voulais pas.»

Il reviendra vous êtes sa proie, tant que vous ne lui aurez pas fait face, il sera le prédateur.

Mon copain n’a pas compris pourquoi

« Mais ce n’est pas ça, ce n’est pas que j’accepte tout. C’est que je préfère oublier, parfois, et que lorsque je n’oublie pas, j’ai mal d’être ce que je suis, forte et faible et fière et souillée, une fille qui sait très bien qu’elle ne pourra jamais raconter ses jambes et ses fesses, écartées, les mains de l’autre, le sexe de l’autre, un autre que j’ai aimé, et qui m’a aimée, et c’est difficile de le connaître, de l’avoir connu doux et réconfortant et menteur et violeur. J’ai mal de savoir que je resterai toujours une fille, une ex escorte, une fille qui aime se faire traiter de salope, qui aime trop ça pour être crue, peut-être, lorsqu’elle parle d’agressions. »

Vous n’arrivez jamais à oublier, malgré thérapie, médicament, dépression, alcool, drogue. Cela fera partie de vous. À tous les fois qu’il sera à la tv, en promotion radio vous aurez des bouffés de douleurs.

Vous parlé de justice réparatrice, vous devez l’affronté, il doit payer au moins les frais que cela va vous occasionner et croyez-moi il y en aura.

En plus, pensez qu’il y a d’autres victimes ….. qu’un jour si un malheur arrivait à l’une d’elles vous seriez doublement dans la douleur.

C’est un long processus , croyez-moi.

Si vous voulez en discuter, je demeure disponible pour vous aider. Il n’y a pas juste la police dans la justice réparatrice 🙂

Avec respect, prenez le temps d’y réfléchir

@+

Polo Leflic.

Ma réponse :

Bonjour Polo,

Pourquoi mon texte vous a tant touché? Je sens une certaine empathie, mais je me demande pourquoi. Il y a beaucoup de filles qui vivent ce que j’ai vécu. Vous travailliez auprès des victimes d’agressions, quand vous étiez policier?

Sinon, pour vrai, je ne peux pas envisager mes réactions face à lui. Ce n’est pas une simple aggression; c’était dans le contexte d’une relation. Je ne le déteste pas. Je ne pense pas que ce sera plus pénible avec les années. Au contraire, j’ai écrit ce que j’avais à écrire, je me suis confié, pour moi, de l’avoir écrit, c’est suffisant pour me sentir mieux.

Pour le terme de proie, je crois pas. Pour moi, ce ne sera jamais tout blanc ni tout noir. Je ne l’ai pas connu que comme ça.

J’avais commencé à vous répondre avant de lire complètement votre courriel, une habitude, bonne ou mauvaise, et là, je l’ai lu au complet et je suis un peu distraite par ce que vous supposez. Que connaissez-vous de moi? Et de lui? Nous connaissons-nous, vous et moi? Merci de ne pas jouer, je n’aime pas trop les jeux, les complications et tout.

Mélodie

Date: Mon, 18 May 2015 08:40:59 -0400

Subject: Re: Ne pas se plaindre

From: pololeflic@gmail.com

To: melodienelson@hotmail.com

Votre texte me touche, parce que c’est un cri du cœur. Disons que j’ai de l’expérience en matière d’agression sexuelle et je suis effectivement empathique aux victimes et intransigeant face aux prédateurs, brave personne qui détruit femme et enfant sur leur passage.

Je ne joue pas de jeu, je n’aime pas ça moi non plus. Je ne vous connais pas, mais je suis sur la traque d’un cowboy français, brave personne, qui a fait d’autres victimes et qui ont tous peur de dénoncer pour toute sorte de bonnes ou mauvaises raisons. Je connais trop bien le phénomène.

Votre agresseur est menteur et violeur comme vous le dites. Il ne changera pas. Il manipule aisément. Tôt ou tard vous devrez l’affronter, c’est des agressions répétées même dans un contexte de relation. Écrire ou confier malheureusement ne sera pas suffisant. Je suis certain que vous pouvez me décrire avec exactitude, la température, l’endroit , la lumière, l’odeur bref tous vos sens ont incrusté chaque moment dans votre cerveau. Le fait de ne pas en vouloir à son agresseur est un signe. Le jour où vous lui en voudrez, ce sera le premier pas vers une guérison ou du moins vous vous pardonnerez d’avoir été victime.

Je ne veux surtout pas vous importuner, si vous avez besoin d’aide, écrivez moi.

Avec empathie

Polo

Ma réponse :

Bonsoir,   Je vais cesser toute correspondance avec vous, car même si naïvement ou non, je crois vraiment en votre empathie, trop de choses me tracassent dans vos écrits.

1. Je ne connais pas votre identité. Vous pourriez être une femme, mon voisin, etc.

2. Vous me parlez d’un « cowboy français ». Vous faites un rapprochement possible en lui et moi, sans m’expliquer comment ça se fait que vous nous liez ensemble.

3. Vous me dites avoir été une victime, mais une victime de quoi?

4. Vous me dites que je devrais me pardonner, mais jamais je n’ai parlé de pardon. Je n’ai jamais ressenti que je devais me pardonner quoi que ce soit. Je ne suis pas honteuse de ce qui m’est arrive, et je sais très bien, hors de tout doute, que je n’ai rien à me pardonner.

5. Je ne connais pas plus votre en expérience en agression sexuelle, ça me semble flou et confus, mais je vais vous apprendre quelque chose: ce ne sont pas toutes les victimes qui vivent leur agression de la même façon. C’est gentil d’avoir voulu m’aider, je crois en votre volonté de bonté, mais je n’ai pas besoin d’aller plus loin.

Cordialement,

Mélodie Nelson

Date: Mon, 18 May 2015 21:27:07 -0400

Subject: Re: Ne pas se plaindre

From: pololeflic@gmail.com

To: melodienelson@hotmail.com

C est comme vous voulez, si vous changer d avis je suis disponible pour vous rencontrer et vous verrez qui je suis . Bonne soirée et désolé si je vous ai importuné ou tracassé, ce n était pas le but …..

Ma réponse :

Bonjour,

Je tiens à connaître votre identité. Je ne comprends pas en quoi une rencontre serait nécessaire juste pour que je sache qui vous êtes vraiment. Comment pourrais-je faire confiance aussi aveuglément à quelqu’un alors que nous connaissons tous des histoires de fausse identité sur le web (pensons au documentaire récent Profil Amina). Ça me tourmente en effet beaucoup, vos courriels, dont je ne saisis pas du tout encore les intentions.

Merci.

Sans clique, mais dans un recueil

Mai 21, 2015

Emcie et Mélodie Nelson

Le magnifique dos d'Anne Genest, une des auteures du recueil.

Le magnifique dos d’Anne Genest, une des auteures du recueil.

C’était hier, j’étais dans un taxi avec une amie, nous parlions de barbe-à-papa et de mon nez qui coule tout le temps, et je lui ai dis je ne sais pas si je connaitrai une autre personne que toi, ce soir.

C’était le lancement du recueil Douze histoires de plage et une noyade. J’y ai écrit une nouvelle, Après il n’y a plus rien, je l’ai écrit crevée, en retard, tous les jours en retard sur ce que je voulais écrire, je l’ai écrit triste, fâchée, je l’ai écrit avec le nom d’un personnage en tête, Tamara, et pourtant, pourtant, je n’écris jamais son nom dans la nouvelle, c’est moi la seule qui connaît Tamara.

Quand je suis arrivée, j’ai vu Michel Vézina, accueillant, à l’entrée du Lauréa, puis j’ai cherché Marie-Chantale Gariépy, je voulais voir sa tenue, je l’imaginais avec un large chapeau, je l’imaginais comme elle est photographiée sur ses photos Facebook, quand elle est de passage à Los Angeles, quand elle est photographiée, avec son sourire énigmatique et une robe d’allure vintage, à marcher, sur la promenade de Venice.

Je l’ai embrassée, j’ai commandé un gin tonic, j’ai tenté de rester debout, parce que je n’étais pas habillée pour être assise.

Quand nous étions toutes les deux coincées aux toilettes, à faire pipi l’une devant l’autre pendant dix minutes, Marie-Chantale m’a parlée de ses auteurs, de ceux qu’elle avait choisis, parce qu’elle, quand elle débutait, quand elle commençait à publier, elle n’était pas choisie, et elle voyait les autres collectifs d’auteurs, et elle n’y était pas, elle, qui publie depuis 1999, une auteure qui se tient comme une ballerine, avec classe, force, détermination, une auteure qui ne fait pas partie d’une clique.

Je n’ai jamais fait partie d’une clique non plus, et avoir mes enfants m’a encore plus éloignée de ceux qui écrivent, parce que je n’écris presque pas et je ne montre plus mes seins ni mes cent paires de souliers dans des lancements. Et puis, je parle mal de littérature, je ne parle jamais de littérature, ou presque, je lis, et j’aime, et j’espère que vous me lirez, encore une fois, s’il vous plaît.

Après il n'y a plus rien

Répression, lois et travail du sexe

Mai 16, 2015

Cartes Stella

prostitution

En Chine, les travailleuses du sexe sont forcées à parader dans la honte, en public, une fois qu’elles sont arrêtées par les forces de l’ordre. Aux État-Unis, à New-York, 30% des travailleuses du sexe rapportent avoir été menacées par la police. En Inde, au Bengale-Occidentale, un groupe, Durbar Mahila Samanwaya Committee, semblable à un syndicat des professionnelles du sexe, révèle que sur 21 000 travailleuses du sexe, 48 000 rapports d’abus et de violence par la police ont été collectés, tandis que 4000 rapports portaient plutôt sur des actes de violence de la part des clients.

Les lois ne semblent pas là pour protéger la dignité et la sécurité des travailleuses du sexe, pas seulement en Chine ou en Inde, mais ici aussi. Des pseudo féministes se soulèvent contre le travail du sexe, parce qu’elles s’attardent au sexe, au désir, comme si c’était immoral, mais n’en font pas autant pour celles qui se tuent à faire des manicures et pédicures à 15 dollars.

Anyway.

Stella, un organisme montréalais, défend les droits des travailleuses du sexe, qu’elles souhaitent sortir de l’industrie du sexe ou simplement avoir de meilleures conditions de travail. Stella a récemment créé des pamphlets pour que toute travailleuse du sexe sache à quoi s’en tenir, du côté des lois, de la répression, des contacts avec les policiers, de ce que signifie proxénétisme et prostitution pour l’entourage des prostituées.

prostitution 2

Je vous invite à obtenir ces pamphlets, si vous travaillez dans l’industrie du sexe. Être informé, c’est se protéger. Communiquez avec Stella. Ne craignez rien : c’est un organisme respectueux, qui ne nie pas la dignité, l’autonomie ou le libre-choix de toute travailleuse du sexe.

Leurs pamphlet d’informations :

  1. La loi, nos amies et nos familles
  2. Arrestation et détention
  3. La loi et les clients
  4. La loi et la communication
  5. La loi et la publicité
  6. La loi et les tierces personnes
  7. Pouvoirs policiers et travail à l’intérieur

Voici un extrait du pamphlet sur la loi et les clients:

« Les impacts

Lorsque les clients craignent la criminalisation, ils évitent les lieux de travail plus visibles, par peur d’être harcelés ou arrêtés par la police.

Pour cette raison, les travailleuses du sexe:

• doivent travailler dans des zones moins bien éclairées et

moins peuplées, ce qui rend les travailleuses du sexe ainsi

plus vulnérables à la violence;

• ne peuvent pas prendre le temps nécessaire à la sélection

de leurs clients avant d’embarquer avec eux;

• doivent travailler de plus longues heures et plus souvent

pour avoir un revenu équivalent et peuvent accepter

d’offrir des services qu’elles n’offriraient pas autrement.

Cela contribue à diminuer notre niveau de sécurité tout en augmentant le potentiel de tensions au sein des membres de la communauté. »

Croire

Mai 16, 2015

Jésus 1

Jésus 2

Quand j’étais petite, mon père m’amenait parfois à la messe. J’aimais beaucoup regarder les autres, j’aimais beaucoup le silence des autres, et la voix du curé, et les mouvements, s’asseoir, se lever, se mettre à genoux, des mouvements simples, pour être comme les autres, pour communier comme eux, et penser comme eux, et croire comme eux.

Puis, j’ai continué à aimer les églises, mais sans y croire trop, j’aimais les églises, j’aimais y entrer à n’importe quel moment, avec ma cousine Cheryl, souvent, après une course à vélo, et nous assistions à des baptèmes d’enfants inconnus, aux prénoms massacrés par le curé, parfois.

J’ai arrêté de croire. Je ne sais pas trop pourquoi, à cause des prières dites tous les matins au camp Carowanis, à cause des nouvelles du téléjournal, des guerres, des discussions avec un évèque, sur les femmes, les enfants qu’elles se doivent de porter et tout.

Après plusieurs années, j’ai recommencé à prier, et pas seulement pour qu’une tempête de neige fasse rage le jour d’un examen de mathématiques. Je priais, et je remerciais Dieu, parce que j’avais un corps qui me permettait de marcher des heures, baiser des heures, faire des arabesques devant des films de Pixar. J’étais vivante, je me sentais vivante, je ne voulais plus poser un rasoir contre mes poignets.

J’ai commencé à croire à nouveau, juste parce que j’avais besoin de croire, j’avais besoin de me rattacher à quelque chose de plus important que moi, plus important que l’argent des hommes qui me baisaient, plus important que tous les soutifs Lejaby que je pouvais acheter, plus important que toutes les amies que je ne voyais plus, parce que je ne pouvais pas leur dire, je ne pouvais pas leur dire ce que je faisais, parce que je croyais que j’étais folle, d’aimer faire du 9 à 5 dans un lit.

Je ne crois plus que parce que j’ai besoin de croire.

Et j’aime bien quand des amis, fouillant dans une pile de livres sur le bord d’une rue, en trouve un sur Dieu et pense immédiatement à me le donner.

Une ex star de la téléréalité à Cape Cod

Mai 11, 2015

Douze histoires

Je n’écris que le mardi, quand mes enfants sont à la garderie, ou alors, très tard le soir, avec l’énergie que me laissent rosé et Gatorade sucré. Je n’écris que lorsque mon horoscope me promet de la joie et un billet de loto gagnant. J’écris très peu, beaucoup beaucoup dans ma tête, mais très peu pour vrai.

Ce mois-ci paraîtra un recueil de nouvelles dans lequel j’ai écrit l’histoire d’une ex star de la téléréalité, devenue maman et perdue entre l’envie d’abandonner ses rêves de potager, la vaisselle sale et son enfant et son amoureux et l’envie d’attendre autre chose, n’importe quoi, qui lui permettrait d’être bien dans tout ça.

Je suis très très heureuse de l’opportunité que Marie-Chantale Gariépy et Michel Vézina m’ont donnée, en m’offrant de participer au livre Douze histoires de plage et une noyade.

Toutes les nouvelles se passent à Cape Cod, que j’ai mal écrit trente fois et que les correcteurs ont dû corriger trente fois. Quand j’ai terminé ma nouvelle, j’ai commandé des sushis Cape Cod, je me trouvais très cool de manger en pyj mes sushis, devant un épisode de Mad Men, dans mon appartement qui sentait way too much le café et la sueur.

Cape Code

Le lancement du recueil de nouvelles aura lieu le 19 mai, de 17h à 10h, au Petit Lauréa, 381 Laurier Ouest. Je n’y serai pas en latex, mais peut-être en maillot de bain.

Douze

Ne pas oublier l’agression, mais oublier la honte

Mai 7, 2015

Emma Sulkowicz

Photo d’Emma Sulkowicz, qui, suite à un viol dans sa chambre de résidence, a décidé de se promener avec son matelas, tant que son agresseur resterait impuni, encore sur le même campus universitaire qu’elle.

Cette semaine je parle de Bleu Nuit dans ma chronique Canoë. De film de softporn quasi artsy et d’héroïnes prêtes à baiser George Clooney et à slapper Sandra Bullock.

Mais la semaine dernière, ma chronique portait sur une relations entre deux handicapés de l’amour. Moi et un ex. Moi et un ex-qui-m’a-aimée-mais-aussi-agressée.

C’était la première fois que j’étais aussi claire sur le sujet : j’ai déjà trompé Alexandre Le Grand et le mec avec lequel je l’ai trompé, well, il m’a baisée sans mon consentement. Deux fois. Deux fois sur je-ne-sais-pas-combien-de-fois, mais deux fois, quand même.

Je n’irai jamais voir des policiers pour leur donner les détails, je ne veux pas revivre ça, l’amour et la manipulation et sa queue dans mon cul sans que je ne le veuille, la face sur son plancher de bois verni ou mes bras qui ne luttent pas, qui ne font que s’appuyer contre un lit, puis contre une commode, blanche.

Je l’ai raconté, quand même, parce qu’il fallait que je le dise, parce que c’est un mini geste de rien, de le dire, mais c’est bon, pour moi, de le dire, et c’est bon, pour les autres, de savoir qu’elles ne sont pas seules, et de se questionner toujours, sur la notion de consentement, que ce soit dans une relation amoureuse, amicale ou une relation de one night après une partie de bowling.

Des articles intéressants à lire sur le sujet des agressions sexuelles

Sur Madonna qui n’a jamais porté plainte ou le regret de porter plainte: 

« But then the detective began asking me about my virginity, my clothing choice and how strongly I resisted. Next, he pushed me to engage in a “pretext phone call,” in which I was to call the perpetrator and tell him I was pregnant. I was shocked at the suggestion. Not only was the officer directing me to lie about a pregnancy, he was asking me to speak to a man I never wanted to have contact with again. I had blocked the rapist’s number from my cell phone and was attempting – with the help of my attorney – to get a restraining order against him. During subsequent telephone conversations with the detective, he suggested that I was perhaps mistaking rough sex for rape. »

Sur le consentement sexuel : Deux Canadiens sur trois ne savent pas ce que signifient réellement le consentement sexuel.

Ma chronique:

« Mais ce n’est pas ça, ce n’est pas que j’accepte tout. C’est que je préfère oublier, parfois, et que lorsque je n’oublie pas, j’ai mal d’être ce que je suis, forte et faible et fière et souillée, une fille qui sait très bien qu’elle ne pourra jamais raconter ses jambes et ses fesses, écartées, les mains de l’autre, le sexe de l’autre, un autre que j’ai aimé, et qui m’a aimée, et c’est difficile de le connaître, de l’avoir connu doux et réconfortant et menteur et violeur. »

Choisir de parler de son viol pour briser la honte:

« What both these young women are doing, in very different ways, is insisting that sexual violence demands a response from wider communities. It is not something that victims should have to struggle with on their own, and it certainly isn’t something they should feel shame about. »