
J’ai toujours voulu écrire pour Urbania, mais j’ai toujours cru que c’était le genre de magazine trop cool pour moi. Je ne suis pas une fille cool, parce que ma plus grande occupation en ce moment est de chanter des chansons à mes enfants (et de regarder mes seins – qui rentrent enfin dans mes soutifs – dans le miroir, quand mes enfants font la sieste).
La semaine dernière, on m’a demandé de visionner le film Jeune et Jolie de François Ozon, et d’en donner mes impressions dans Urbania. J’étais super contente.
Ce que j’en retiens? La délicatesse et la pudeur de François Ozon, qui ne tombe pas dans la trashitude ni dans le jugement, alors qu’il est question de prostitution. C’est rare, un portrait comme ça, un portrait d’une jeune fille qui teste les limites d’un jeu qui n’a pas vraiment de règles, sauf celles des envies à monnayer et du hasard des rencontres. Un portrait qui ne tente pas de pointer les raisons d’un choix. Un portrait qui montre une autre façon d’aller vers l’âge adulte, sans shopping entre copines, joints après l’école et baisers autour d’une bouteille à tourner.
En visionnant le film, ça m’a manqué. Mes dix-sept ans et l’impression d’avoir la liberté de faire n’importe quoi, n’importe quand.
Extrait de mon article: “À une fête, Isabelle regarde une adolescente se faire embrasser et toucher par deux garçons. Quelqu’un vomit dans les toilettes. Et à un garçon, qui lui propose de venir chez lui, elle répond pas le premier soir. Qu’est-ce qui serait plus normal qu’avoir été pute? Qu’elle boive trop et s’évanouisse sur un canapé, pour que des mecs de son âge la prennent en photo et lui parlent de la grosseur de ses seins, le lundi matin?”