Depuis un peu plus d’un an, je vous écris juste quand je veux déconner, ou vous faire mouiller, je vous confie pas que je pleure, parfois, je pleurais pas souvent, il y a un an et demi, je pleurais sous la douche, deux minutes, pour oublier, entre un shampooing Redken et l’utilisation du pommeau de douche, pour oublier un ongle cassé ou une paire de collants filés, maintenant je pleure pas pour des putain de trucs de merde, je vous dirai pas pourquoi, parce que même si j’adore parler de ma taille zéro et de ma chatte extra douce, je reste pudique, et secrète, vous connaissez mon amour des cheeseburgers et des comptoirs de cuisine pour une baise rapide, mon obsession pour le vernis rouge femme fatale et pour le foutre bien avalé, mais je ne vous ai pas permis, vraiment, de deviner que j’étais pas juste une poupée, ça serait plus simple, d’être une poupée, je l’ai toujours pensé, c’est pour ça que j’ai viré pute, il y a quelques années, je voulais juste avoir à me maquiller et à me faire mettre et à gagner du cash en me faisant sabler la chatte par des queues au latex.
Quand je vous écrivais que je me saoulais à la sangria, sur mon balcon, l’été, et que ma langue restait rouge, trop rouge, pendant toute une soirée, j’étais heureuse, pour vrai, j’étais aussi heureuse quand je faisais du yoga devant des téléréalités, quand je piquais des frites à la mayonnaise à mon mec, et quand j’enfilais mes fuck-me boots noires, celles qui me montent en haut des genoux, style Brigitte Bardot sur une Harley.
Ça fait dix mille éternités que j’ai pas été heureuse comme ça.
Je m’étais promis de jamais parler de ma lâcheté, de mon cinquantième verre de vin rouge à quatre heures du matin, je m’étais promis de jamais avoir l’air pathétique, parce que vraiment à cent livres – et plus à cause de la cabane à sucre et de trop de muffins anglais à la crème Philadelphia – et avec un cul comme le mien, et des sucettes à volonté, et du foutre quasi sous perfusion, et avec une collection fabuleuse de souliers à talons hauts pas trop foutus par la pluie ou par des cent mètres improvisés dans des parkings, c’est trop injuste de dire « Je ne suis pas heureuse. », mais je ne suis pas heureuse, et faire du bénévolat à la SPCA ou m’acheter d’autres piles pour mon vibrateur préféré m’aidera pas, pas tout de suite.
Je sais que je suis pas comme vous voulez, quand j’ose vous écrire ça. Mais sans joke j’ai jamais réussi à être ce que tout le monde aurait mérité que je sois. Et je sais pas qui je devrais être. Je voudrais vraiment partir au Japon et tomber en amour avec une joueuse de curling nipponne, en mangeant des sushis et en parlant de foot fetish avec des filles à la peau faussement blanche. Je voudrais aussi juste trop boire, pour encore oublier, mais c’est trop tard.
Je suis désolée. Je ne sais pas quand je vous reviendrai. Je suis fatiguée. Je vous reviendrai, avec des livres en moins, un sourire plus éclatant, une addiction au mascara Lancôme, je vous reviendrai, dans quelques semaines, peut-être, mais vraiment, maintenant, c’est trop tard, je vais mettre de côté ma Magic 8-ball, manger des abricots séchés, tourner les pages vite vite d’une revue à potins, et piquer une citation de Carrie Bradshaw que Julia Allison aime bien : « Maybe you have to let go of who you were to become who you will be. »
Bisous y’all. Ne m’oubliez pas please pretty please.