Quand j’ai écrit Ne pas se plaindre, j’ai reçu de nombreux témoignages d’amies et d’inconnues qui avaient été victimes d’une agression semblable, qui n’avaient rien dit, ou qui étaient allées jusqu’au tribunal, en parler répéter les dates les lieux leur âge leur lien de parenté ou d’autorité ou d’amitié se faire confronter par d’autres avocats répéter répéter pour ne plus se sentir folle honteuse coupable coupable, coupable de rien, sauf d’avoir un trou.
Puis, j’ai reçu un courriel, avec des fautes, un courriel de quelqu’un qui se prétend un ex flic.
J’ai répondu au courriel, sans comprendre vraiment les intentions de la personne qui me l’avait envoyé. Puis, un échange de courriels, plus articulés, plus détaillés, avec moins de fautes, un échange de courriels a eu lieu. Ce qui m’a laissée plus que songeuse, presque apeurée. Je ne sais pas qui m’envoit ce courriel, qui utilise le terme flic au lieu de policier, qui préférerait me voir plutôt que de me donner simplement son identité, vérifiable, qui préfère se cacher plutôt que de dire ce qui est vrai, je ne sais pas si c’est juste un creepy guy ou une creepy girl qui m’écrit, ou si c’est plus que ça, si c’est possiblement mon agresseur qui m’écrit et ça me fait chier de rester avec ça au travers de la gorge, de me demander ce que recherche la personne qui m’écrit, me troubler, en savoir plus me faire cracher stresser des cauchemars.
Je vous dévoile les courriels car la personne qui m’écrit dit connaître d’autres victimes. Je ne serais alors pas la seule personne avec qui il aurait communiqué. Si quelqu’un a déjà eu une correspondance avec ce Polo, je souhaiterais le savoir. Merci.
Date: Fri, 15 May 2015 14:46:36 -0700
Subject: Ne pas se plaindre
From: pololeflic@gmail.com
To: melodienelson@hotmail.com
j ai lu votre article et je suis troublé. J aimerais en discuter si vous en avez envie . Suis un ancien flic et victime. J aurais probablement des choses à partager. C est comme vous désirer.
Polo
Ma réponse :
Bonjour,
Je ne sais pas quoi vous dire. Je suis désolée de vous savoir victime. Si vous préférez, vous pouvez utiliser un autre terme, comme survivant, comme le font les personnes qui ont créé le site Je Suis Indestructible. Vous connaissez? Vous pouvez me confier ce que vous voulez, mais je n’ai pas de compétence reliée à ça (je ne suis pas thérapeute, je ne peux pas conseiller quoi que ce soit). Je partage mon vécu, c’est tout, ça peut aider mais aussi éveiller chez certaines personnes un rappel d’événements passés. Comme on m’a dit, suite à cet article, ce n’est pas dans l’oubli qu’on se construit. C’est à travers les souvenirs, et ce que nous en faisons, que nous réussissons à nous construire ou à nous reconstruire.
Juste une chose: vous mentionnez être un ancien flic. Je ne sais pas si ça a un lien avec ce que vous voulez me partager, mais je tiens à dire que je ne changerai pas d’idée concernant une plainte. Ne m’écrivez pas pour me convaincre du contraire. À chacun sa démarche. Moi, je n’ai pas choisi de faire de plainte. Je ne crois pas que ça m’aurait m’aidée. Je crois que pour de nombreux cas d’agressions sexuelles, beaucoup de survivants souhaitent un système de justice parrallèle, une prise de conscience, surtout.
Cordialement,
Mélodie Nelson
Date: Sun, 17 May 2015 21:46:57 -0400
Subject: Re: Ne pas se plaindre
From: pololeflic@gmail.com
To: melodienelson@hotmail.com
Bonsoir Mélodie , merci de me répondre, ne soyez pas désolé, je vais bien.
Je voulais juste reprendre des citations de votre texte.
«Tu es capable de parler de lui, mais moi, je ne veux plus entendre parler de lui.»
Plus les années vont passer, plus vous allez en entendre parler, plus ce sera pénible.
«Il m’a aussi baisée même si je lui ai dit que je ne voulais pas.»
Il reviendra vous êtes sa proie, tant que vous ne lui aurez pas fait face, il sera le prédateur.
Mon copain n’a pas compris pourquoi
« Mais ce n’est pas ça, ce n’est pas que j’accepte tout. C’est que je préfère oublier, parfois, et que lorsque je n’oublie pas, j’ai mal d’être ce que je suis, forte et faible et fière et souillée, une fille qui sait très bien qu’elle ne pourra jamais raconter ses jambes et ses fesses, écartées, les mains de l’autre, le sexe de l’autre, un autre que j’ai aimé, et qui m’a aimée, et c’est difficile de le connaître, de l’avoir connu doux et réconfortant et menteur et violeur. J’ai mal de savoir que je resterai toujours une fille, une ex escorte, une fille qui aime se faire traiter de salope, qui aime trop ça pour être crue, peut-être, lorsqu’elle parle d’agressions. »
Vous n’arrivez jamais à oublier, malgré thérapie, médicament, dépression, alcool, drogue. Cela fera partie de vous. À tous les fois qu’il sera à la tv, en promotion radio vous aurez des bouffés de douleurs.
Vous parlé de justice réparatrice, vous devez l’affronté, il doit payer au moins les frais que cela va vous occasionner et croyez-moi il y en aura.
En plus, pensez qu’il y a d’autres victimes ….. qu’un jour si un malheur arrivait à l’une d’elles vous seriez doublement dans la douleur.
C’est un long processus , croyez-moi.
Si vous voulez en discuter, je demeure disponible pour vous aider. Il n’y a pas juste la police dans la justice réparatrice 🙂
Avec respect, prenez le temps d’y réfléchir
@+
Polo Leflic.
Ma réponse :
Bonjour Polo,
Pourquoi mon texte vous a tant touché? Je sens une certaine empathie, mais je me demande pourquoi. Il y a beaucoup de filles qui vivent ce que j’ai vécu. Vous travailliez auprès des victimes d’agressions, quand vous étiez policier?
Sinon, pour vrai, je ne peux pas envisager mes réactions face à lui. Ce n’est pas une simple aggression; c’était dans le contexte d’une relation. Je ne le déteste pas. Je ne pense pas que ce sera plus pénible avec les années. Au contraire, j’ai écrit ce que j’avais à écrire, je me suis confié, pour moi, de l’avoir écrit, c’est suffisant pour me sentir mieux.
Pour le terme de proie, je crois pas. Pour moi, ce ne sera jamais tout blanc ni tout noir. Je ne l’ai pas connu que comme ça.
J’avais commencé à vous répondre avant de lire complètement votre courriel, une habitude, bonne ou mauvaise, et là, je l’ai lu au complet et je suis un peu distraite par ce que vous supposez. Que connaissez-vous de moi? Et de lui? Nous connaissons-nous, vous et moi? Merci de ne pas jouer, je n’aime pas trop les jeux, les complications et tout.
Mélodie
Date: Mon, 18 May 2015 08:40:59 -0400
Subject: Re: Ne pas se plaindre
From: pololeflic@gmail.com
To: melodienelson@hotmail.com
Votre texte me touche, parce que c’est un cri du cœur. Disons que j’ai de l’expérience en matière d’agression sexuelle et je suis effectivement empathique aux victimes et intransigeant face aux prédateurs, brave personne qui détruit femme et enfant sur leur passage.
Je ne joue pas de jeu, je n’aime pas ça moi non plus. Je ne vous connais pas, mais je suis sur la traque d’un cowboy français, brave personne, qui a fait d’autres victimes et qui ont tous peur de dénoncer pour toute sorte de bonnes ou mauvaises raisons. Je connais trop bien le phénomène.
Votre agresseur est menteur et violeur comme vous le dites. Il ne changera pas. Il manipule aisément. Tôt ou tard vous devrez l’affronter, c’est des agressions répétées même dans un contexte de relation. Écrire ou confier malheureusement ne sera pas suffisant. Je suis certain que vous pouvez me décrire avec exactitude, la température, l’endroit , la lumière, l’odeur bref tous vos sens ont incrusté chaque moment dans votre cerveau. Le fait de ne pas en vouloir à son agresseur est un signe. Le jour où vous lui en voudrez, ce sera le premier pas vers une guérison ou du moins vous vous pardonnerez d’avoir été victime.
Je ne veux surtout pas vous importuner, si vous avez besoin d’aide, écrivez moi.
Avec empathie
Polo
Ma réponse :
Bonsoir, Je vais cesser toute correspondance avec vous, car même si naïvement ou non, je crois vraiment en votre empathie, trop de choses me tracassent dans vos écrits.
1. Je ne connais pas votre identité. Vous pourriez être une femme, mon voisin, etc.
2. Vous me parlez d’un « cowboy français ». Vous faites un rapprochement possible en lui et moi, sans m’expliquer comment ça se fait que vous nous liez ensemble.
3. Vous me dites avoir été une victime, mais une victime de quoi?
4. Vous me dites que je devrais me pardonner, mais jamais je n’ai parlé de pardon. Je n’ai jamais ressenti que je devais me pardonner quoi que ce soit. Je ne suis pas honteuse de ce qui m’est arrive, et je sais très bien, hors de tout doute, que je n’ai rien à me pardonner.
5. Je ne connais pas plus votre en expérience en agression sexuelle, ça me semble flou et confus, mais je vais vous apprendre quelque chose: ce ne sont pas toutes les victimes qui vivent leur agression de la même façon. C’est gentil d’avoir voulu m’aider, je crois en votre volonté de bonté, mais je n’ai pas besoin d’aller plus loin.
Cordialement,
Mélodie Nelson
Date: Mon, 18 May 2015 21:27:07 -0400
Subject: Re: Ne pas se plaindre
From: pololeflic@gmail.com
To: melodienelson@hotmail.com
C est comme vous voulez, si vous changer d avis je suis disponible pour vous rencontrer et vous verrez qui je suis . Bonne soirée et désolé si je vous ai importuné ou tracassé, ce n était pas le but …..
Ma réponse :
Bonjour,
Je tiens à connaître votre identité. Je ne comprends pas en quoi une rencontre serait nécessaire juste pour que je sache qui vous êtes vraiment. Comment pourrais-je faire confiance aussi aveuglément à quelqu’un alors que nous connaissons tous des histoires de fausse identité sur le web (pensons au documentaire récent Profil Amina). Ça me tourmente en effet beaucoup, vos courriels, dont je ne saisis pas du tout encore les intentions.
Merci.
Étiquettes : agression sexuelle, Je Suis Indestructible, Mélodie Nelson, Polo Leflic
mai 24, 2015 à 9:38 |
Bon à savoir: pour obtenir des informations ou « simplement » se confier, il existe une ligne-ressource sans frais, confidentielle, 24h/24 pour tout le Québec, 1 888 933-9007.
(Quelles que soient les intentions de ce Polo, il semble vouloir s’imposer et prendre le contrôle, ce qui n’est JAMAIS la bonne attitude à adopter après une agression sexuelle).
mai 29, 2015 à 4:35 |
Merci! Et moi aussi j’avais l’impression qu’il voulait prendre le contrôle, tout en me donnant l’illusion que c’était moi qui choisissait tout.
mai 25, 2015 à 12:45 |
Je vais sembler parano, mais je m’assume…
Trop de détails qu’ils ne devraient pas connaître, trop bizarre ces courriels.
Soit c’est l’agresseur qui s’est reconnu (peu probable), soit c’est quelqu’un de mal intentionné… Sérieusement, si c’était un détective privé ou de quoi qui monte un dossier pour l’inculper, il se serait clairement déclaré.
Tu devrais vérifier auprès des gens que tu connais quelqu’un habile en informatique et découvrir qui envoie ces messages. C’est quelque chose de possible et ça te permettrait de savoir à quoi t’en tenir…
mai 29, 2015 à 4:35 |
Moi aussi ça m’a rendu total parano de recevoir ces messages. Merci de m’écrire tes craintes.
mai 26, 2015 à 1:04 |
Rapidement, et j’insiste sur le rapidement, en utilisant mes outils d’analyste ( lire geek si ça vous plait) en informatique, je ne trouve rien avec cette adresse courriel. Ceci me dit donc que c’est une adresse créé pour l’occasion.
Avec un peu plus de temps, je tente de pousser mes recherches plus loin. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait ça. Mes outils sont désuets. Serait plus facile avec une adresse IP ou l’entête du courriel par exemple.
Communique avec moi si tu veux plus 😉
mai 29, 2015 à 4:36 |
Merci darling. Je te réécris bientôt. Merci de penser à moi et de faire de tels gestes pour m’aider. Bisous.