Posts Tagged ‘viol’

Ils fantasment pas sur une jupe portefeuille

février 7, 2017

rapist-rape-people

Quand j’avais dix-sept ans et que je revenais de l’anniversaire d’une copine à qui j’avais donné des sacs à surprises Ardène pour ses dix-huit ans, un mec m’a suivie en auto. Il s’est crossé en ralentissant près de moi. Je suis allée dans l’entrée d’une maison et j’ai fait semblant de chercher mes clés. Deux minutes plus tard, la même auto s’arrêtait près de moi et le mec me touchait la cuisse. J’ai couru et sonner à une maison au hasard et un professeur d’éducation physique m’a répondu et m’a ramenée chez moi. J’ai téléphoné les policiers sans parler trop fort parce que je ne voulais pas déranger mes parents.

Les policiers m’ont regardée, dans la salle à manger de mes parents, et m’ont demandé si je portais la même chose maintenant que lorsque j’avais quitté la demeure de ma copine. J’étais en camisole noire avec un personnage de bande dessinée dessus et en jupe portefeuille orange. Vraiment affreuse mais vraiment mini.

Quand je vivais dans un demi sous-sol près du métro Langelier et qu’un mec m’avait montré sa queue pendant que je faisais la vaisselle, les policiers m’ont demandé aussi ce que je portais.

J’étais en nuisette et j’étais chez moi et je ne m’étais pas non plus changé avant l’arrivée des policiers, parce que j’avais rien à cacher. Les assiettes sales empilées les unes sur les autres m’embêtaient bien plus que ma nuisette satinée.

J’étais épuisée et sale et je portais les mêmes vêtements depuis genre trois jours quand je me suis faite agressée sexuellement. Les violeurs s’en fouettent des vêtements. Le mien était triste et ne m’avait plus pour lui alors il voulait me ravoir et ne plus être triste ou me partager sa colère ou souhaiter je ne sais pas quoi quand il m’a prise de force. Les violeurs s’en fouettent des vêtements.

Lundi oui oui oui: marelle et striptease au bord de l’eau

août 4, 2015

Kagari

Je sais pas encore quoi faire avec les dix zucchinis de mon panier de légumes, sauf les enrober d’un condom vegan. Et les manger avec une tartinade au tofu, surtout ça, surtout les manger avec une tartinade, sans condom ni mouille.

Ce que j’aime plus qu’oublier mon ordinateur deux semaines chez mes parents :

Salade aux bleuets et piscine chez un ami de mon mec, dont la femme raconte les meilleures histoires de ressources humaines aux prises avec un serial explosive shitter. Jouer à la marelle dans la ruelle. Faire semblant de me perdre. Controverses sur pellicule. Orages. Viol à l’opéra. Parler de serviettes sanitaires en tissu et de trip à trois avec deux copines dans ma cour. Visite surprise de mes petits frères. Anaconda remixé en hymne environnemental contre Unilever: « They dumped their waste in the local shrubbery/Now that’s some toxic shit./By the way, what’d they say?/That their factory was safe as day./They don’t trust a word of what the workers say. » Striptease sur le quai au chalet. Crème glacée DIY avec une banana seulement.

Bonne semaine y’all !

Bisous à l’eau pétillante à l’orange ! (Achetée cet aprem, pendant que mes enfants déballaient des œufs Kinder en cachette à la pharmacie. Ostie.)

Je ne sais pas quoi faire après

juillet 2, 2015

source polly from deviant art

Je ne peux pas dire quand est-ce que c’est devenu impossible de ne pas y penser.

J’ai eu besoin d’en parler, de répéter, à demi-mots, puis plus fort plus fort, ce qu’il m’avait fait.

C’était dur, à vivre, de vivre, puis c’était infernal, de savoir qu’il se proclamait solidaire à toutes celles qui dénonçaient enfin un agresseur, cet automne, l’automne des #agressionsnondénoncées. Une fausse compassion, créée comme un puzzle à assembler pour devenir le bon mec, pas celui qui force, pas celui qui écarte des jambes, des fesses, celui qui se fouette du consentement, parce qu’il est capable de bander et de jouir même quand la fille sous lui ne bouge plus.

J’ai écrit pour Je Suis Indestructible les raisons pour lesquelles même si je dénonce ce qui m’est arrivé, je ne poursuis pas mon agresseur.

Extrait :

« Le lendemain, j’espèrais qu’il s’excuse.

Il a plutôt dit que c’était la meilleure baise de sa vie.

Si je ne porte pas plainte, c’est que je ne veux pas avoir à expliquer les scènes en détail, je ne veux pas avoir à dire à des policiers ou à des avocats que je buvais la moitié d’une bouteille de vin par jour, si j’étais sage, et plusieurs shooters de Red Bull-Jägermeister, de vodka-Fresca et cinq-six gin tonic si je n’étais pas sage. Je ne veux pas avoir à expliquer que j’aime parler de mes seins, de mon sexe et de tout ce à quoi je pense quand je me touche avec un vibro, je ne veux pas avoir à expliquer que j’aime être soumise et insultée, parfois, sans être toutefois incapable de faire la différence entre un jeu et ce qui est innacceptable.»

C’était l’idée de Delphine Bergeron, d’écrire un témoignage pour Je Suis Indestructible. Elle, elle a écrit pourquoi elle avait réussi à poursuivre ses agresseurs en cour. J’ai toujours admiré Delphine, que je connais depuis quelques années. Son récit m’a montré à quel point elle était encore plus résiliente et admirable que je ne le pensais.

Extrait :

« Ce n’est pas lorsque mes agresseurs ont plaidés coupables que j’ai gagné. J’ai gagné la minute que j’ai commencé à parler. »

susan brison

Un autre article intéressant à lire est celui de Susan J. Brison, l’auteure d’Aftermath, qui racontait l’après-viol, l’après-attaque violente qu’elle avait subie en France. Ce qu’elle ne mentionnait pas dans ce livre, c’est qu’elle avait déjà été victime de viol avant. Elle tente d’éclaircir les raisons pour lesquelles les victimes d’agressions préfèrent parfois le silence aux démarches judiciaires.

Extrait:

« It’s time to stop asking rape survivors why they stayed silent and to start asking why some men rape and what we can do to stop enabling them. Only a small minority of men rape, but we need to acknowledge that this minority includes men we know and even revere. »

Ne pas oublier l’agression, mais oublier la honte

mai 7, 2015

Emma Sulkowicz

Photo d’Emma Sulkowicz, qui, suite à un viol dans sa chambre de résidence, a décidé de se promener avec son matelas, tant que son agresseur resterait impuni, encore sur le même campus universitaire qu’elle.

Cette semaine je parle de Bleu Nuit dans ma chronique Canoë. De film de softporn quasi artsy et d’héroïnes prêtes à baiser George Clooney et à slapper Sandra Bullock.

Mais la semaine dernière, ma chronique portait sur une relations entre deux handicapés de l’amour. Moi et un ex. Moi et un ex-qui-m’a-aimée-mais-aussi-agressée.

C’était la première fois que j’étais aussi claire sur le sujet : j’ai déjà trompé Alexandre Le Grand et le mec avec lequel je l’ai trompé, well, il m’a baisée sans mon consentement. Deux fois. Deux fois sur je-ne-sais-pas-combien-de-fois, mais deux fois, quand même.

Je n’irai jamais voir des policiers pour leur donner les détails, je ne veux pas revivre ça, l’amour et la manipulation et sa queue dans mon cul sans que je ne le veuille, la face sur son plancher de bois verni ou mes bras qui ne luttent pas, qui ne font que s’appuyer contre un lit, puis contre une commode, blanche.

Je l’ai raconté, quand même, parce qu’il fallait que je le dise, parce que c’est un mini geste de rien, de le dire, mais c’est bon, pour moi, de le dire, et c’est bon, pour les autres, de savoir qu’elles ne sont pas seules, et de se questionner toujours, sur la notion de consentement, que ce soit dans une relation amoureuse, amicale ou une relation de one night après une partie de bowling.

Des articles intéressants à lire sur le sujet des agressions sexuelles

Sur Madonna qui n’a jamais porté plainte ou le regret de porter plainte: 

« But then the detective began asking me about my virginity, my clothing choice and how strongly I resisted. Next, he pushed me to engage in a “pretext phone call,” in which I was to call the perpetrator and tell him I was pregnant. I was shocked at the suggestion. Not only was the officer directing me to lie about a pregnancy, he was asking me to speak to a man I never wanted to have contact with again. I had blocked the rapist’s number from my cell phone and was attempting – with the help of my attorney – to get a restraining order against him. During subsequent telephone conversations with the detective, he suggested that I was perhaps mistaking rough sex for rape. »

Sur le consentement sexuel : Deux Canadiens sur trois ne savent pas ce que signifient réellement le consentement sexuel.

Ma chronique:

« Mais ce n’est pas ça, ce n’est pas que j’accepte tout. C’est que je préfère oublier, parfois, et que lorsque je n’oublie pas, j’ai mal d’être ce que je suis, forte et faible et fière et souillée, une fille qui sait très bien qu’elle ne pourra jamais raconter ses jambes et ses fesses, écartées, les mains de l’autre, le sexe de l’autre, un autre que j’ai aimé, et qui m’a aimée, et c’est difficile de le connaître, de l’avoir connu doux et réconfortant et menteur et violeur. »

Choisir de parler de son viol pour briser la honte:

« What both these young women are doing, in very different ways, is insisting that sexual violence demands a response from wider communities. It is not something that victims should have to struggle with on their own, and it certainly isn’t something they should feel shame about. »

Lundi oui oui oui: Bailey’s et conseils sexuels d’une femme de 98 ans

octobre 8, 2013

appartement

Il est 19h45. Pour l’instant, mes deux choux dorment, alors je célèbre au Bailey’s en écrivant. J’ai hâte de vous écrire plus souvent, ça fait deux ans que je vous écris ça, mais je suis en retard pour tout (genre je n’ai pas encore écouté les nouvelles chansons de Stromae, j’écoute encore tous les matins Alors on danse, la chanson préférée de Mini Fée, et l’occasion parfaite pour que je bouge mes fesses en mangeant des Cheerios).

Ce que j’aime plus que de décoller des autocollants de cupcakes sur le plancher :

Souper chez ma grand-maman. Pâte d’amandes en forme de fantômes. Bailey’s. Agents immobiliers avec zéro sens du marketing. Frangelico. Bourgogne aligoté. Descriptions de David Sedaris à propos de leçons de japonais et d’allemand. Regarder des vidéos de chats dans des glissoires avec Mini Fée. Histoire d’un couple collectionneur d’œuvres d’art. Mini Dragon s’endormant avec une poupée rousse. Marcher dans les feuilles – j’avais oublié le bruit et le plaisir de marcher comme ça, le plus près de la forêt possible, au chalet, mais je réapprends, grâce aux enfants. Mensonges brillamment réfutés sur l’industrie du sexe. Courriels de mes frères. Regarder Alexandre Le Grand et Mini Dragon faire la sieste sur le canapé. Shopping de costumes d’Halloween. Conseils sexuels d’une femme de 98 ans mariée trois fois. Photos cochonnes envoyées à mon mec, pour le faire bander au bureau.

Site web qui me donne des frissons d’émotions : http://jesuisindestructible.tumblr.com/

Ma confession : J’ai déjà eu des relations sexuelles de merde, mais ça ne me tente pas d’en parler. Ce que j’ai envie de dire c’est que je trouve ça vraiment très fort que plein de personnes parlent du viol comme ça, sans dire il faut parler à la police, parce que putain, souvent, la police fait chier et te demande si tu portais une jupe, c’est très beau, je trouve ça vraiment très fort cette solidarité à dénoncer tout en se montrant, un peu ou beaucoup, cette solidarité qui fait un gros fuck you à ceux qui se croient tout permis. Souvent, ceux qui se croient tout permis ne croient même pas au viol, à la possibilité du viol. Ils croient que c’est comme ça, que leur frustration et leur désir sont suffisants pour oublier un non. Il y a quelques années, un mec qui voulait se la jouer beau gosse viril nouvellement arrivé à Montréal, m’a raconté qu’il avait baisé une barista chez elle, mais que cette baise démontrait à quel point les Québécoises sont braquées contre les mecs et légèrement dingues, elle disait non, puis acceptait qu’il continue, puis non encore, et le mec s’est fatigué, il s’est dit tant pis, il a préféré taire l’hésitation de la fille, elle ne savaitt pas ce qu’elle voulait ou ce qu’elle manquait, la salope, et au lieu d’aller se crosser dans la salle de bain, il l’a baisée.  Je regrette encore de ne pas lui avoir craché au visage, je ne savais pas comment réagir, je ne voulais pas comprendre son histoire et je me trouve lâche. Je refuse tout contact avec lui maintenant et je me jure de faire pire que cracher au visage du prochain mec qui aurait l’idée de me raconter un truc comme ça.

Bonne semaine y’all! Bisous au fromage de chèvre!

photo via un site merveilleux