

Le magnifique dos d’Anne Genest, une des auteures du recueil.
C’était hier, j’étais dans un taxi avec une amie, nous parlions de barbe-à-papa et de mon nez qui coule tout le temps, et je lui ai dis je ne sais pas si je connaitrai une autre personne que toi, ce soir.
C’était le lancement du recueil Douze histoires de plage et une noyade. J’y ai écrit une nouvelle, Après il n’y a plus rien, je l’ai écrit crevée, en retard, tous les jours en retard sur ce que je voulais écrire, je l’ai écrit triste, fâchée, je l’ai écrit avec le nom d’un personnage en tête, Tamara, et pourtant, pourtant, je n’écris jamais son nom dans la nouvelle, c’est moi la seule qui connaît Tamara.
Quand je suis arrivée, j’ai vu Michel Vézina, accueillant, à l’entrée du Lauréa, puis j’ai cherché Marie-Chantale Gariépy, je voulais voir sa tenue, je l’imaginais avec un large chapeau, je l’imaginais comme elle est photographiée sur ses photos Facebook, quand elle est de passage à Los Angeles, quand elle est photographiée, avec son sourire énigmatique et une robe d’allure vintage, à marcher, sur la promenade de Venice.
Je l’ai embrassée, j’ai commandé un gin tonic, j’ai tenté de rester debout, parce que je n’étais pas habillée pour être assise.
Quand nous étions toutes les deux coincées aux toilettes, à faire pipi l’une devant l’autre pendant dix minutes, Marie-Chantale m’a parlée de ses auteurs, de ceux qu’elle avait choisis, parce qu’elle, quand elle débutait, quand elle commençait à publier, elle n’était pas choisie, et elle voyait les autres collectifs d’auteurs, et elle n’y était pas, elle, qui publie depuis 1999, une auteure qui se tient comme une ballerine, avec classe, force, détermination, une auteure qui ne fait pas partie d’une clique.
Je n’ai jamais fait partie d’une clique non plus, et avoir mes enfants m’a encore plus éloignée de ceux qui écrivent, parce que je n’écris presque pas et je ne montre plus mes seins ni mes cent paires de souliers dans des lancements. Et puis, je parle mal de littérature, je ne parle jamais de littérature, ou presque, je lis, et j’aime, et j’espère que vous me lirez, encore une fois, s’il vous plaît.
