
Je ne vous ai pas écrit de conte de Noël cette année parce que un) personne ne les lit haha et deux) je dois un livre à mon éditrice/bombe blonde/athlète de l’année/amoureuse des chats/personne vraiment trop chill avec moi – ce sera un livre qui sera plus intéressant et magique que le vernis à ongles qui ne s’écaille pas, promis et trois) je suis fatiguée j’ai été trop fatiguée ma fatigue est nulle – j’ai publié un truc sur Facebook le 17 décembre à ce sujet et je vous le copie-colle ici.
« Souvent j’explique que je suis devenue escorte parce que je suis paresseuse.
C’est comme une excuse : je n’étais pas capable de travailler comme les autres, je ne suis pas encore capable de travailler comme les autres, je restais parfois au lit, je me souviens je restais au lit et je n’en sortais pas, toute une journée, incapable d’aller sourire huit heures dans une librairie. Parfois je reste encore couchée et je me lève parce que je dois habiller les enfants, leur proposer aussi une boisson de soya aux fraises et des Froot Loops, je me lève et je me dis je pourrais retourner me coucher après et les journées passent comme ça.
Je ne sais pas pourquoi. Je suis triste parfois. Je suis fatiguée. Je n’en parle pas, je ne pense pas que je suis malheureuse, c’est juste que ma tristesse est parfois trop lourde ou qu’elle n’est pas une tristesse : je suis parfois juste trop lourde pour me soulever.
Je ne suis pas devenue escorte parce que je suis paresseuse. Je suis devenue escorte parce que c’est la seule façon que j’ai trouvé d’être moi, de pas me fausser, de pas rire si ça ne me plaisait pas, de pouvoir passer des journées juste à lire à boire de l’eau au pamplemousse et à rester seule, et d’autres journées à voir plein de monde et à me déshabiller et à regarder d’autres personnes se déshabiller.
Je n’ai pas à m’excuser d’être devenue comme ça. Et pour toutes les autres qui sont comme moi et pour toutes les autres qui ne sont pas comme moi, qui ne se retrouvent pas dans ce travail, mais qui enfilent quand même des condoms sur des queues et qui ont les cheveux gras de trop les laver, toutes les autres toutes les autres nous toutes, nous n’avons pas à subir la violence. De personne. Nous n’avons pas à subir la violence des personnes qui forcent une des nôtres, à sauter, par peur d’être arrêtée par la police, d’un immeuble, et de mourir, de mourir d’avoir été pute. C’est arrivé, comme ça, cette année, à New York. Nous n’avons pas à subir la violence des personnes qui nous rejettent, qui nous jugent, qui refusent que nous soyons ce que nous sommes. Nous n’avons pas à subir la violence de certains clients qui croient que nous ne comptons pas, puisque nous devrions faire comme à la télé et ouvrir les jambes comme des robots et mouiller sur commande et crier aussi merci. Nous n’avons pas à subir la violence des journalistes qui nous nomment comme nous ne voulons pas être nommées et qui nous cherchent que pour les étiquettes et les scandales de foot et de foutre et de drogues à s’injecter comme si personne d’autre que nous n’était dépendante à autre chose qu’à du dissolvant de vernis à ongles.
C’est presque fini. C’était aujourd’hui : la journée internationale pour en finir avec la violence dirigée contre les travailleuses – et travailleurs – du sexe. »
Je vous propose d’autres lectures aussi parce que je suis toujours super pertinente.

Une femme nous raconte comment une escorte a pu l’aider à se connaître et sauver in a way son couple.
Le poil des femmes est toujours prêt à embarrasser le monde entier. Ou à exciter.
Une escorte canadienne enceinte explique comment ça se passe, travailler avec un ventre prêt à exploser.
Des travailleuses du sexe révèlent les messages merdiques que certains clients leur envoient.
C’est du tout beau. Si vous avez des questions pour moi, n’hésitez pas, que ce soit sur la manière de lécher des couilles sans avoir de poils entre les dents ou comment diriger la planète Terre (ça je sais pas, mais ça peut être le fun de demander à des gens influents).