Posts Tagged ‘maternité’

Lundi oui oui oui: Bailey’s et conseils sexuels d’une femme de 98 ans

octobre 8, 2013

appartement

Il est 19h45. Pour l’instant, mes deux choux dorment, alors je célèbre au Bailey’s en écrivant. J’ai hâte de vous écrire plus souvent, ça fait deux ans que je vous écris ça, mais je suis en retard pour tout (genre je n’ai pas encore écouté les nouvelles chansons de Stromae, j’écoute encore tous les matins Alors on danse, la chanson préférée de Mini Fée, et l’occasion parfaite pour que je bouge mes fesses en mangeant des Cheerios).

Ce que j’aime plus que de décoller des autocollants de cupcakes sur le plancher :

Souper chez ma grand-maman. Pâte d’amandes en forme de fantômes. Bailey’s. Agents immobiliers avec zéro sens du marketing. Frangelico. Bourgogne aligoté. Descriptions de David Sedaris à propos de leçons de japonais et d’allemand. Regarder des vidéos de chats dans des glissoires avec Mini Fée. Histoire d’un couple collectionneur d’œuvres d’art. Mini Dragon s’endormant avec une poupée rousse. Marcher dans les feuilles – j’avais oublié le bruit et le plaisir de marcher comme ça, le plus près de la forêt possible, au chalet, mais je réapprends, grâce aux enfants. Mensonges brillamment réfutés sur l’industrie du sexe. Courriels de mes frères. Regarder Alexandre Le Grand et Mini Dragon faire la sieste sur le canapé. Shopping de costumes d’Halloween. Conseils sexuels d’une femme de 98 ans mariée trois fois. Photos cochonnes envoyées à mon mec, pour le faire bander au bureau.

Site web qui me donne des frissons d’émotions : http://jesuisindestructible.tumblr.com/

Ma confession : J’ai déjà eu des relations sexuelles de merde, mais ça ne me tente pas d’en parler. Ce que j’ai envie de dire c’est que je trouve ça vraiment très fort que plein de personnes parlent du viol comme ça, sans dire il faut parler à la police, parce que putain, souvent, la police fait chier et te demande si tu portais une jupe, c’est très beau, je trouve ça vraiment très fort cette solidarité à dénoncer tout en se montrant, un peu ou beaucoup, cette solidarité qui fait un gros fuck you à ceux qui se croient tout permis. Souvent, ceux qui se croient tout permis ne croient même pas au viol, à la possibilité du viol. Ils croient que c’est comme ça, que leur frustration et leur désir sont suffisants pour oublier un non. Il y a quelques années, un mec qui voulait se la jouer beau gosse viril nouvellement arrivé à Montréal, m’a raconté qu’il avait baisé une barista chez elle, mais que cette baise démontrait à quel point les Québécoises sont braquées contre les mecs et légèrement dingues, elle disait non, puis acceptait qu’il continue, puis non encore, et le mec s’est fatigué, il s’est dit tant pis, il a préféré taire l’hésitation de la fille, elle ne savaitt pas ce qu’elle voulait ou ce qu’elle manquait, la salope, et au lieu d’aller se crosser dans la salle de bain, il l’a baisée.  Je regrette encore de ne pas lui avoir craché au visage, je ne savais pas comment réagir, je ne voulais pas comprendre son histoire et je me trouve lâche. Je refuse tout contact avec lui maintenant et je me jure de faire pire que cracher au visage du prochain mec qui aurait l’idée de me raconter un truc comme ça.

Bonne semaine y’all! Bisous au fromage de chèvre!

photo via un site merveilleux

La tristesse et compter jusqu’à dix

août 23, 2013

lit

Chère Mini Fée,

Je n’ose pas toujours nettoyer ton visage, ni tes pieds salis par le sable, je ne veux pas t’entendre protester, avant que tu ne t’endormes, je veux juste entendre ton rire et ton envie de faire des câlins à ton lapin en peluche. Depuis deux matins, ton lapin en peluche est taché par du jus de bleuets et de pommes grenades et tu ne le supportes pas. Tu m’aides à faire passer tes mains dans un pyjama, tu me parles des rideaux gris que mamie a posé, tu demandes mes seins et tu les prends, celui au lait au chocolat t’est réservé, tu laisses l’autre à ton petit frère.

Ton papa s’est endormi un moment à côté de moi, après avoir regardé un film sur la guerre en Algérie, il me dit maintenant de t’écrire qu’il est amoureux de toi.

Quand tu prends mes seins, tu veux parfois que je te caresse le dos, et d’autres fois, tu retires mes mains, tu m’obliges à me détendre et c’est toi, c’est toi qui caresse mes poignets. Tu me parles, entre deux tétées, tu comptes, tu es fière de savoir compter, un peu, deux-quatre-six-sept, le chiffre deux est ton chiffre préféré, tu veux deux sucettes au citron, deux autos, deux crayons feutre.

L’autre soir, je ne me souviens plus à quelle heure, je t’ai donné mes seins, j’ai chanté une chanson, puis je t’ai couchée dans ton lit. Tu ne voulais pas, tu m’as demandé d’une petite voix à boire encore, et je t’ai donné mes seins, encore, mais j’étais fatiguée et je t’ai dit que c’était la dernière fois, qu’après tu devrais dormir. Tu répétais dodo. Je suis sortie de la chambre, en te disant je t’aime. Tu répétais je t’aime. Je répétais je t’aime, jusqu’à ce que je sente un sanglot retenu dans un de tes je t’aime. Je me suis arrêtée, j’ai écouté, ta petite voix, du chagrin étouffé. Je suis entrée dans ta chambre, tu répétais je t’aime, encore avec un sanglot presque caché, comme une demande que tu n’osais plus faire, et je m’en suis voulue. Tu restais couchée, triste, et tu l’as dit, tu as dit triste, et ma chérie, tu n’as pas deux ans, tu n’as pas deux ans, et j’aurais tellement voulu te préserver de la tristesse, pas des écorchures, pas des chutes sur le trottoir ou au parc, juste de la tristesse, et je n’ai pas réussi. Tu étais triste, comme le poisson gris, dans un de tes livres préférés.

Aujourd’hui je t’ai obligée à enfiler des chaussettes avant de mettre tes bottes de pluie et nous avons sauté gaiement dans les flaques d’eau, comme si c’était la première fois pour moi, et c’était la première fois, en quelque sorte, parce que c’était la première fois avec toi, avec ton rire, avec tes mains qui voulaient se pencher et ramasser les cailloux dans l’eau sale devant le buffet Casa Corfu. J’ai acheté des sushis et nous les avons mangés et je t’ai laissée prendre autant de sauce soya que tu le voulais et après nous sommes allés tous les trois, ton petit frère, toi, et moi, sur le lit, dans mon lit, et nous avons réduit en miettes des dizaines de mouchoirs, c’était la tempête, dans mon lit, sur notre île, et tu n’étais pas triste.

Je t’aime. Je m’en veux parfois de te montrer une maman qui n’est pas la maman que je souhaiterais être pour toi.

Plus que des poussières en cadeaux

janvier 24, 2013

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Chère Mini Fée,

Je suis allée te chercher à la garderie, en fin d’après-midi, un peu plus tard que d’habitude, il était presque cinq heures. Quand je montais les marches d’escaliers, à l’extérieur, tu as vu mon capuchon et mon visage presque tout camouflé, et tu m’as pointée du doigt. Ta petite bouche formait un o de surprise, le même o que tu fais quand tu veux ta doudou panda, quand tu échappes des morceaux de clémentine sur les pantalons de ton papa ou quand tu entends le carillon de la porte avant. Je t’ai prise dans mes bras, je t’appelais ma poulette, ma petite poulette, ma chérie, ma pouliche, et tu me pointais alors le cheval à bascule et tes habits de neige.

Dehors, tu ne te plaignais pas du froid. Je te serrais contre moi, je voulais garder ton visage contre le mien, mon capuchon te cachant un peu aussi, t’embrasser jusqu’à la maison, mais tu me repoussais, tu voulais regarder par-dessus mon épaule, les lumières allumées, le Saint-Bernard des voisins.

J’ai répété à ton papa ce que la gardienne m’avait dit, que tu aimais t’amuser toute seule maintenant, que tu ne la collais pas autant qu’un des jumeaux, un peu plus vieux que toi et toujours pendu à ses vêtements ou à son cou. À la maison aussi, c’est comme ça, tu me veux près de toi, mais tu dessines, tu empile les parties d’une girafe géante, tu danses sur du Radio Radio ou du Karim Ouellet ou du Indochine, un groupe que ton papa aime bien, mais que je trouve un peu trop années 80, tu joues, sans avoir besoin de mes bras, de ma chaleur contre toi. Tu passes parfois à une autre pièce, et je t’entends changer de voix pour jouer avec les animaux de Littlest Pet Shop de ta grande soeur. Tu reviens me chercher, au bout de quelques minutes, avec un citron vert dans les mains, l’envie de trafiquer mon téléphone ou de boire quelques secondes à mon sein.

Avant, je ne pouvais pas être dans une autre pièce que toi. Quand tu trouvais un livre sur les monstres ou sur un écureuil effrayé par son propre anniversaire, tu me le tendais, tu voulais que je te le lise, tout de suite, et maintenant, tu tournes les pages toute seule, tu me regardes, tu attends mon assentiment, tu attends que je te dise oh tu lis ma chérie, c’est bien, oh, qu’est-ce qu’il fait comme son, le chien? Tu fais alors un semblant de wouaf, ou tu m’ignores, penchant la tête pour retourner à ton livre cartonné.

Je t’appelle ma pouliche, mais je t’appelle encore mon petit bébé, même si je sais que tu es ma petite fille maintenant, un toddler sur les sites de parentalité américains, pas un baby. Je sais que tu es bien, que tu n’as pas besoin d’avoir toujours le bout de mes doigts qui chatouillent ton dos, mais tu sais, je crains un peu la fin avril. Je ne suis pas terrifiée, pas encore, je suis plus craintive et triste que terrifiée. Fin avril, début mai, tu auras un petit frère, il n’a pas encore de prénom, ni une liste très longue de possibles prénoms. Il a un surnom, Ti-Brin, que ta mamie lui a donné, parce qu’elle souhaite que ton petit frère soit aussi coquin qu’une marionnette de Passe-Partout.

J’ai hâte de voir si ton petit frère aura aussi peu de cheveux que toi, de l’avoir dans mes bras, de souffler dans son cou, de le masser avant de le mettre en pyjama. Mais je suis triste parce que je suis bien avec toi, et que tu es bien avec moi, et avec ton papa, et je suis bien avec nos journées à rigoler et à faire des muffins, et avec nos soirées, blottis à trois sur le canapé, ton papa me parle de son heure de lunch et du Mali, et je lui dis le nombre de poussières que tu as ramassées en guise de cadeaux pour moi. Je suis triste parce que j’ai peur que tu sois bouleversée, pendant quelques mois, un an, je ne sais pas. J’ai commencé à allaiter tes peluches, pour observer tes réactions, tu trouve ça super marrant, tu mets parfois ton petit pingouin à mon sein, avant de boire à ton tour. J’ai peur, mais je vous imagine déjà partager un cornet de crème glacée, colorier à l’intérieur des tatouages de votre papa et vous coucher l’un contre l’autre, dans mon lit, comme le font les enfants d’Éloïse et les enfants de Georgia.

J’ai peur de ne plus avoir d’aussi beaux réveils que maintenant, à passer vingt minutes au lit, collée contre toi, à te donner le sein, à te caresser les cheveux, à te répéter que je t’aime, ma petite poulette. J’ai peur des jours que je passerai à l’hôpital, loin de toi et de nos réveils. Mais si ton papa achète des chocolatines, peut-être que tu oublieras mes seins, et que tu seras heureuse dans ses bras, à manger les morceaux qu’il te donnera, les morceaux chocolatés, parce que les morceaux de pain, sans chocolat, tu n’aimes pas. Je sais aussi que ton papi et ta mamie seront là, pour toi, pour moi, pour accueillir un autre petit enfant, et que si tu te plais autant que ce dernier weekend avec ton papi, nous avons peut-être une chance de ne pas être terrifiées du tout.

Demain, tu mangeras du gâteau breton, sur le plancher de la cuisine, une nappe bleue sous nos pyjamas.

Je t’aime. Dors bien, sans trop toussotter, ma pouliche.

Fraises et crème à la mascarpone, pour le petit déjeuner, bientôt

décembre 13, 2012

Chère Élisa,

Au mois d’août, au mariage de ma meilleure amie, tu avais de la calamine sur ton visage et sur tes cheveux, pour diminuer les démangeaisons provoquées par une infection de merde. C’était la première fois que tu étais malade. Je t’avais mise une robe trop longue, fleurie, si jolie. Je crois que c’est la seule fois que tu l’as portée, j’ai oublié de te la remettre, mais je la laisse dans ta garde-robe, comme si demain il faisait à nouveau trente degrés et que tes jambes rapetissaient.

Tes jambes ne rapetissent pas. Tes jambes sont lovées contre ton ventre, nues parce tu es si chaude, plus chaude que sous le soleil de l’été. Depuis dimanche, tu bois mon lait, de l’eau et tu n’ouvres la bouche sinon que pour des biscuits aux riz et de la salade homard-avocats-tomates que ton papa t’a préparée. Tu pleures pour ne pas prendre tes antibiotiques. Tu n’es bien que les jambes sous ton ventre ou ta tête contre ma poitrine, ta salive et ta morve séchant contre mes chandails. Je te berce, je tente de te lire La vache qui a pondu un œuf, mais tu n’imites pas les bruits de la vache, tu ne tournes pas les pages non plus, tu restes dans mes bras, le regard rouge de fatigue.

Quand j’étais malade, mon papa m’achetait toujours des peluches. Dans le grenier, chez tes grands-parents, il y a un Big Bird de plus d’un mètre, des chiens piteux couleur pistache et des Calinours auxquels j’ai teint des poils au crayon feutre. La semaine dernière, quand tu commençais à tousser, je t’ai acheté un chat à la pharmacie, un chat qui fait un bruit terrible et qui dit attrape-moi, attrape-moi. C’est supposé être un jouet éducatif parce qu’il dit aussi c’est un cœur, c’est un carré, compte avec moi, mais qu’est-ce que nous nous en fouettons, des cœurs et des carrés. Tu lui tirais la queue et tu le prenais dans tes bras, mais aujourd’hui, tu ne t’en es pas approchée.

Je fais semblant de regarder des recettes de tarte aux fraises et à la crème mascarpone, mais je suis distraite, je pense à toi. Quand tu te réveilleras, je serai là pour te prendre comme si tu étais la plus délicate des poupées de porcelaine, j’étendrai quelques secondes une lingette froide sur ton front et contre ton cou, et nous nous bercerons encore.

Je pense à toi.

De l’amour et de l’épuisement

novembre 30, 2012

Chère Mini Fée,

Tu as presque quinze mois, les cheveux encore si courts et si roux, je t’imagine dans deux ou trois ans, avec à peine la coupe de Twiggy, tu seras superbe, avec tes grands yeux bleus, toujours tournés vers les autres, qu’ils mangent un club sandwich à côté de toi chez Œuf et Bœuf ou qu’ils te montrent des livres d’images à Limasson.

Tu me fais pleurer parfois. Tu me mords un sein, sans faire exprès, dans le noir, j’en pleure, de fatigue et de douleur. Je te fais pleurer aussi, quand je tente de te coucher à nouveau dans ton lit, tu ne l’aimes plus, tu ne veux qu’être avec moi et ton papa, dans nos couvertures, entre nos oreillers, avec ta doudou panda et mes cheveux dans tes mains.

C’est si facile d’être ta maman, de faire des piques-niques dans le salon, de te mettre des tuques roses et des leggings à motifs de flocons de neige, de te dire non quand tu lances tes croquettes aux crevettes par terre, de te dire non juste parce qu’il faut bien dire non, parfois, même si je m’en fouette, des croquettes aux crevettes sur le plancher de bois, si facile de t’embrasser, de t’applaudir quand tu te balances super vite sur ton poney, de rigoler quand je te trouve, cachée derrière une porte ou le visage sous ta doudou panda. Et parfois je me trouve nulle, quand tu pleures, quand je n’arrive pas à te comprendre, quand je suis fatiguée et que je me couche sur le canapé, espérant que tu mangeras ta collation sans venir soulever mon chandail. Je trouve ça difficile, être une bonne maman, et être une mauvaise maman. Je t’aime mon trésor en sucre d’orge, ma princesse à la tache magique dans le cou, ma fée au sourire plus merveilleux qu’un bol de Froot Loops. Je t’aime, mais parfois je veux juste dormir, trois heures, quatre heures, sans avoir à me retourner et à te donner le sein, sans avoir à te rassurer, j’ai besoin de me rassurer, moi, de me dire que je ne suis pas si mauvaise, de me dire que tu n’as pas si peur, de me dire que tu m’aimes quand même, même quand je pleure et que tu pleures.

J’ai envie de retourner sur la plage avec toi, d’écrire ton nom à l’aide d’une roche ou d’un coquillage partout sur la plage, ou d’acheter des marqueurs et d’écrire dans la neige, au parc, dans la cour, sur la voiture de papa, ton nom avec un cœur à côté.

J’aimerais ça être plus forte, noter tout ce que tu fais, chaque jour, les collations que tu manges dans le lave-vaisselle, ta tête, que tu penches, en charmant tout le monde, ton sourire quand tu vois les autres enfants au parc, le parapluie que je veux t’acheter, un parapluie même si ce n’est pas la saison, juste parce qu’il y a des cupcakes dessus. J’aime être ta maman, j’aime ramasser tes jouets, aller acheter une chocolatine le matin, après m’être lavée rapidement les dents, coller contre ta joue ta sacoche en fausse fourrure blanche, j’aime sentir que ma vie n’est plus la même et qu’elle est mieux comme ça, avec les heures à chantonner du Félix Leclerc, à te couper des morceaux de carottes, à t’appliquer de la crème sur le visage, de la crème qui sent si bon, mais moins que ta peau, moins que ta sueur, moins que tes bisous à la confiture de fraises.

Tu es magnifique, en pyjama ou en skinny jeans coloré, dans le bain les cheveux mouillés, ou quand tu feuillettes un livre, si concentrée, à un mètre de mois, tu es toujours magnifique, et je sais que tu ne pleureras pas toujours pour dormir avec moi, et que ta chaleur me manquera, un jour, à deux heures du matin, ta chaleur de petite fille de bientôt quinze mois, je sais aussi que je ne serai pas toujours trop fatiguée, mais je serai toujours ta maman et je te chuchoterai des je t’aime, mille je t’aime, et je te l’écrirai aussi, toujours.

Elle danse dans un module et les miettes de chocolat semblent glorieuses sur son visage

octobre 31, 2012

Ce serait surprenant qu’il fasse aussi beau et chaud que vendredi dernier d’ici le printemps. Avec un latte à la vanille, du pain au chocolat de Première Moisson, un couteau en plastique, une doudou, une poupée, des feuilles dans le sable, un livre avec des lapins tout doux, ma maman et Mini Fée, au parc, c’était une très chouette journée.

Merci Mini Fée

septembre 20, 2012

Il y a un mois, pendant une sieste de Mini Fée, je regardais les milliers de photos que j’ai prises d’elle, pour en décorer le chalet, à son anniversaire. Des photos d’elle couchée sur un de mes foulards marins, des photos d’elle qui pose dans le lave-vaisselle – c’est son endroit de prédilection -, des photos d’elle déguisée en petite fraise, des photos d’elle qui rigole avec une peluche éléphant dans les bras ou du papier de toilette déroulé sur le plancher.

Je sais que je ne suis pas la seule maman qui regarde des photos de son enfant quand il dort.

J’en ai choisies une trentaine, que j’ai installées sur une corde à fanions jaunes et roses, après avoir gonflé des ballons, cuisiné des cupcakes avec des paillettes de chocolat, et m’être promenée partout au chalet avec une tasse de café tiède dans les mains, attendant le retour du marché de mon chéri et de Mini Fée et l’arrivée des quelques invités. J’ai enfilé une robe de la même couleur que les Skittles que j’avais versés dans des bols à banana split.

Quand j’ai pris ma petite fille dans mes bras, elle avait la tête qui dodelinait, mollement, contre mon épaule. Elle n’était pas tout à fait réveillée. J’ai laissé Alexandre Le Grand ranger les tomates, les croustilles au sel de mer, le café filtre, le rosé et les litres d’eau. J’ai regretté de ne pas avoir fait la sieste avec elle. Je savais que mes parents observeraient mes cernes. J’avais oublié mon cache-cernes préféré à l’appartement. Ils verraient aussi que ma robe est plus serrée qu’au mois de juillet quand je l’avais mise pour sortir avec Alexandre Le Grand et qu’ils gardaient Mini Fée, ils s’inquiéteraient, même s’ils savent que Mini Fée est adorable et que je suis heureuse malgré toutes mes tenues tachées de morceaux d’avocats.

Mini Fée portait une jolie robe en denim, mais après avoir mangé un cupcake pour la première fois, j’ai dû la changer. Je n’ai pas touché au glaçage au chocolat qui imprégnait ses sourcils de rouquine.

Je ne m’attendais pas à avoir une fille. Je m’étais persuadée que j’avais un garçon, dans mon ventre, j’espérais peut-être que ce serait plus facile, comme ça, avec mes belles-filles, qu’elles ne seraient pas jalouse d’un petit prince, mais qu’elles le seraient sans doute d’une princesse. J’étais sous le choc, quand une infirmière m’a dit que j’avais une fille en moi. Je ne voulais pas pleurer, je n’étais pas triste et je ne voulais pas avoir l’air triste, mais je retenais mes larmes, je serrais fort la main d’Alexandre Le Grand, puis je ne la serrais plus, j’étais toute seule avec toi, dans ce moment-là, ce moment où je ne savais pas quoi penser.

J’avais peur de ne pas être une bonne maman parce que je ne saurais pas comment être un modèle pour toi. Avec un garçon, j’aurais su me rouler dans le sable, jouer au chevalier et au super-héros, me battre avec des oreillers ou des branches d’arbres, me fâcher, rigoler, avoir les cheveux sales et manger des jujubes en forme de serpents venimeux au goûter. Je savais que je pouvais faire tout ça avec toi, aussi, mais en plus de faire tout ça, de manger des jujubes et de collectionner les branches d’arbres pour jouer, je me devais d’accepter d’être un modèle de fille pour ma fille. Même si parfois, je trouve ça dur et injuste, être une fille.

Je t’aime. Ton premier anniversaire s’est déroulé comme dans un conte, avec une heure de dodo très avancée, des spaghettis dans tous les recoins du chalet, une poupée à bercer, une pouliche à monter, des câlins, et je n’ai même pas pleuré, il me semble.

Ce n’est pas moi qui te montre tout ce qui est possible d’être, d’exaucer et de faire, quand on naît fille, c’est toi, qui me le montre, tous les jours, dès que tu me demandes auprès de toi, et que nous passons les premières minutes de chaque journée collée-collée, dans mes draps, ma main sur ton ventre tout chaud, ta main à toi qui cherche soit mon nez, soit la montre de ton papa.

Je reste là, ses doigts pinçant ma peau

août 1, 2012

La semaine dernière j’ai écrit à ma boss pour l’informer que je ne reviendrais pas travailler fin août, début septembre. Je le savais depuis deux semaines, un mois, peut-être même depuis que Mini Fée est née, depuis qu’elle ne lâche pas mes tétons pour un biberon, depuis qu’elle adore aller au parc, embrasser d’autres enfants, rigoler avec eux, m’oublier un moment, mais pas longtemps, je la veux avec moi, je me veux avec elle, encore un an.

Je ne sais pas si c’est plus pour elle ou pour moi. Je ne sais pas si c’est pour m’épargner de trouver une garderie et m’épargner ses pleurs les matinées où je l’embrasserais avant de m’en aller à quelques kilomètres de ses rires. Je ne sais pas si c’est pour continuer à la regarder avec plaisir enfoncer ses doigts dans sa bouche, enfoncer des morceaux de framboises, la regarder tacher ses t-shirts avec sa salive, des biscuits vanillés et des fleurs écrasées. Je ne sais pas si c’est pour elle, pour qu’elle ait encore ma chaleur, mon parfum, mes cheveux à tirer, mes seins à vider quand elle le veut, nos matinées à sourire à tous le commerçants de la rue Masson, nos après-midis au parc ou à la bibliothèque et au bain, notre routine à nous, notre tisane à la menthe poivrée et notre Baby Einstein à nous quand ça ne va pas.

Je veux bien croire que c’est pour nous deux, que ce n’est pas juste pour moi que c’est important, cette année additionnelle, que ça lui plaira, qu’elle se fera des amis même à rester dans son porte-bébé encore quelques temps, collée contre moi, un petit chapeau turquoise ou rose sur la tête, tournée vers les autres, un bras tendu vers un passant, mais l’autre autour de moi, ses doigts pinçant ma peau, pour se prouver que je suis bien là, que je reste là, que je suis à elle, pour toujours.

Changhong et de la chance

juillet 26, 2012

Nous avons décidé de partir à Cuba sur un coup de tête, sans savoir si j’allais retrouver mon passeport facilement dans le désordre de l’appartement, ni si Mini Fée allait apprécier les vagues et les petits poissons sur ses pieds, le sable collé sur sa peau et les voix étrangères qui nous réveillent au petit matin.

J’ai lu d’excellents conseils sur comment voyager avec un bébé, j’ai oublié de faire comme la fille qui se prend en photo all the time dans les toilettes en avion, nous avons bu des smoothies aux fruits de la passion tous les jours, Mini Fée adorant ouvrir grand la bouche pour y accueillir le liquide si froid de melons et d’ananas si frais, nous avons écouté de mauvaises émissions de télé quand Mini Fée dormait – aux deux-trois heures, sous le soleil, elle s’endort rapidement -,  nous avons rigolé de la marque de la télévision – Changhong, voir que ça existe pour vrai un nom de marque comme ça – , et un touriste voulait toujours nous montrer une étoile de mer au moment même où Mini Fée chiait son déjeuner, la classe, nous n’avons pas vu d’étoile de mer finalement.

Ça m’a inspirée une chronique pour Canoé et l’envie de partir deux mois dans un autre pays, genre la Thaïlande ou le Vietnam ou le Brésil, encore juste avec Mini Fée et Alexandre Le Grand, à vivre à un autre rythme que le mien, celui du soleil et des siestes de ma petite chérie.