Du 8 février au 8 mars, j’ai envie de vous présenter des femmes que j’aime. Chaque jour, pendant un mois, une femme. Un mois en attente de la Journée internationale de la femme, que cette journée signifie quelque chose pour vous ou non. Ces femmes, je les aime. Elles sont importantes parce qu’elles ont un prix Nobel ou parce qu’elles sont les premières avec qui j’ai joué à Alerte à Malibu dans ma piscine.
Anouck marche devant moi, dans son manteau bleu. Ses cheveux auburn sont attachés, mais quelques bouclettes s’échappent de sa couette. Nous nous arrêtons devant un appartement dont la fenêtre, énorme, nous laisse voir des centaines de livres empilés l’un sur l’autre, des livres qui semblent sortir d’un film d’Indiana Jones, à l’allure de parchemins secrets, poussiéreux.
Je prends en photo Anouck devant la fenêtre, me pointant une statuette de la Vierge Marie. Sur la photo, Anouck a son sourire de gamine. Anouck a un sourire de gamine qui vient facilement, qui n’est jamais forcé. Elle peut parler de tout ce qui est resté chez ses ex, et qu’elle ne retrouvera pas, et garder le sourire. Elle peut parler des morceaux de ouate que les mannequins mangeaient quand elle marchait pour Jean-Paul Gaultier à Paris et garder le sourire.
Anouck, elle, ne mangeait pas de morceaux de ouate.
Nous nous interrompons sans cesse, Anouck et moi, parce que nous parlons toujours de l’une ou de l’autre, de ce qui nous touche, des maux de dos de son père, de l’enfant que j’ai dans mon ventre, quand nous marchons, ensemble, elle dans son manteau bleu, moi dans un manteau rouge que je ne tente plus de boutonner.
Nous partageons des nachos et buvons du thé vert au Laïka, puis nous nous rendons dans une boutique kistch. J’achète un Playboy vintage et je crois qu’elle achète un jeu de cartes de femmes toutes nues pour son frère, ou elle pense l’acheter, puis se ravise, certaine qu’il serait gêné. Nous essayons des chapeaux et des boucles d’oreilles à pinces.
Anouck, c’est une amoureuse, et tout l’anime, tout joue à l’animer, les chapeaux, les bijoux, les foulards à motifs de flamands roses, les jeans sans poche sur les fesses, ou c’est elle, c’est elle qui réussit à rendre tout plus vivant.
Elle prend le vrai à bout de bras, comme des étoiles à distribuer dans la rue, pour tout le monde, elle veut embrasser ses amies, danser, faire grincer le lit, tant pis pour les murs trop minces, elle veut être là, et je suis là, je veux être là pour elle, pour ses secrets, ses peurs et ses sourires de gamine.
À son mariage, elle porte une robe blanche, un ventre rond et elle mange une pointe de tarte choco-poire et maintenant, toutes les tartes choco-poire goûtent l’amour ou les célébrations, elle est comme ça, Anouck, magique.