Croire

Mai 16, 2015

Jésus 1

Jésus 2

Quand j’étais petite, mon père m’amenait parfois à la messe. J’aimais beaucoup regarder les autres, j’aimais beaucoup le silence des autres, et la voix du curé, et les mouvements, s’asseoir, se lever, se mettre à genoux, des mouvements simples, pour être comme les autres, pour communier comme eux, et penser comme eux, et croire comme eux.

Puis, j’ai continué à aimer les églises, mais sans y croire trop, j’aimais les églises, j’aimais y entrer à n’importe quel moment, avec ma cousine Cheryl, souvent, après une course à vélo, et nous assistions à des baptèmes d’enfants inconnus, aux prénoms massacrés par le curé, parfois.

J’ai arrêté de croire. Je ne sais pas trop pourquoi, à cause des prières dites tous les matins au camp Carowanis, à cause des nouvelles du téléjournal, des guerres, des discussions avec un évèque, sur les femmes, les enfants qu’elles se doivent de porter et tout.

Après plusieurs années, j’ai recommencé à prier, et pas seulement pour qu’une tempête de neige fasse rage le jour d’un examen de mathématiques. Je priais, et je remerciais Dieu, parce que j’avais un corps qui me permettait de marcher des heures, baiser des heures, faire des arabesques devant des films de Pixar. J’étais vivante, je me sentais vivante, je ne voulais plus poser un rasoir contre mes poignets.

J’ai commencé à croire à nouveau, juste parce que j’avais besoin de croire, j’avais besoin de me rattacher à quelque chose de plus important que moi, plus important que l’argent des hommes qui me baisaient, plus important que tous les soutifs Lejaby que je pouvais acheter, plus important que toutes les amies que je ne voyais plus, parce que je ne pouvais pas leur dire, je ne pouvais pas leur dire ce que je faisais, parce que je croyais que j’étais folle, d’aimer faire du 9 à 5 dans un lit.

Je ne crois plus que parce que j’ai besoin de croire.

Et j’aime bien quand des amis, fouillant dans une pile de livres sur le bord d’une rue, en trouve un sur Dieu et pense immédiatement à me le donner.

Une ex star de la téléréalité à Cape Cod

Mai 11, 2015

Douze histoires

Je n’écris que le mardi, quand mes enfants sont à la garderie, ou alors, très tard le soir, avec l’énergie que me laissent rosé et Gatorade sucré. Je n’écris que lorsque mon horoscope me promet de la joie et un billet de loto gagnant. J’écris très peu, beaucoup beaucoup dans ma tête, mais très peu pour vrai.

Ce mois-ci paraîtra un recueil de nouvelles dans lequel j’ai écrit l’histoire d’une ex star de la téléréalité, devenue maman et perdue entre l’envie d’abandonner ses rêves de potager, la vaisselle sale et son enfant et son amoureux et l’envie d’attendre autre chose, n’importe quoi, qui lui permettrait d’être bien dans tout ça.

Je suis très très heureuse de l’opportunité que Marie-Chantale Gariépy et Michel Vézina m’ont donnée, en m’offrant de participer au livre Douze histoires de plage et une noyade.

Toutes les nouvelles se passent à Cape Cod, que j’ai mal écrit trente fois et que les correcteurs ont dû corriger trente fois. Quand j’ai terminé ma nouvelle, j’ai commandé des sushis Cape Cod, je me trouvais très cool de manger en pyj mes sushis, devant un épisode de Mad Men, dans mon appartement qui sentait way too much le café et la sueur.

Cape Code

Le lancement du recueil de nouvelles aura lieu le 19 mai, de 17h à 10h, au Petit Lauréa, 381 Laurier Ouest. Je n’y serai pas en latex, mais peut-être en maillot de bain.

Douze

Ne pas oublier l’agression, mais oublier la honte

Mai 7, 2015

Emma Sulkowicz

Photo d’Emma Sulkowicz, qui, suite à un viol dans sa chambre de résidence, a décidé de se promener avec son matelas, tant que son agresseur resterait impuni, encore sur le même campus universitaire qu’elle.

Cette semaine je parle de Bleu Nuit dans ma chronique Canoë. De film de softporn quasi artsy et d’héroïnes prêtes à baiser George Clooney et à slapper Sandra Bullock.

Mais la semaine dernière, ma chronique portait sur une relations entre deux handicapés de l’amour. Moi et un ex. Moi et un ex-qui-m’a-aimée-mais-aussi-agressée.

C’était la première fois que j’étais aussi claire sur le sujet : j’ai déjà trompé Alexandre Le Grand et le mec avec lequel je l’ai trompé, well, il m’a baisée sans mon consentement. Deux fois. Deux fois sur je-ne-sais-pas-combien-de-fois, mais deux fois, quand même.

Je n’irai jamais voir des policiers pour leur donner les détails, je ne veux pas revivre ça, l’amour et la manipulation et sa queue dans mon cul sans que je ne le veuille, la face sur son plancher de bois verni ou mes bras qui ne luttent pas, qui ne font que s’appuyer contre un lit, puis contre une commode, blanche.

Je l’ai raconté, quand même, parce qu’il fallait que je le dise, parce que c’est un mini geste de rien, de le dire, mais c’est bon, pour moi, de le dire, et c’est bon, pour les autres, de savoir qu’elles ne sont pas seules, et de se questionner toujours, sur la notion de consentement, que ce soit dans une relation amoureuse, amicale ou une relation de one night après une partie de bowling.

Des articles intéressants à lire sur le sujet des agressions sexuelles

Sur Madonna qui n’a jamais porté plainte ou le regret de porter plainte: 

« But then the detective began asking me about my virginity, my clothing choice and how strongly I resisted. Next, he pushed me to engage in a “pretext phone call,” in which I was to call the perpetrator and tell him I was pregnant. I was shocked at the suggestion. Not only was the officer directing me to lie about a pregnancy, he was asking me to speak to a man I never wanted to have contact with again. I had blocked the rapist’s number from my cell phone and was attempting – with the help of my attorney – to get a restraining order against him. During subsequent telephone conversations with the detective, he suggested that I was perhaps mistaking rough sex for rape. »

Sur le consentement sexuel : Deux Canadiens sur trois ne savent pas ce que signifient réellement le consentement sexuel.

Ma chronique:

« Mais ce n’est pas ça, ce n’est pas que j’accepte tout. C’est que je préfère oublier, parfois, et que lorsque je n’oublie pas, j’ai mal d’être ce que je suis, forte et faible et fière et souillée, une fille qui sait très bien qu’elle ne pourra jamais raconter ses jambes et ses fesses, écartées, les mains de l’autre, le sexe de l’autre, un autre que j’ai aimé, et qui m’a aimée, et c’est difficile de le connaître, de l’avoir connu doux et réconfortant et menteur et violeur. »

Choisir de parler de son viol pour briser la honte:

« What both these young women are doing, in very different ways, is insisting that sexual violence demands a response from wider communities. It is not something that victims should have to struggle with on their own, and it certainly isn’t something they should feel shame about. »

En attendant un latte en legging trop serré

avril 21, 2015

café

Quand je vais chercher mon latte chez Starbucks, j’aime bien feuilleter leur cahier de petits mots de clients, pendant que je remonte mon legging pour cacher ma petite culotte en dentelle orange fluo.

J’ai trouvé ça mignon, ce qu’un client avait écrit avant que je n’écrive au nom d’une copine que le café de Starbucks goûtait meilleur que son dentifrice aux fraises et le foutre de son chéri.

Des chats et de la porno (il ne manque que du popcorn au caramel)

avril 21, 2015

chat et porno 5

Mon tumblr préféré du moment : les chats indifférents dans des clips ou photos de porno amateur.

Avec en extra quelques animaux plus rares, comme un canard qui se promène gaiement dans un parc, près de deux amants qui ouvrent grand la bouche pas pour des bouchées de pain.

C’est surtout rigolo et sexy, mais parfois ça peut faire peur aussi. Vous êtes avertis, les choux (un clip de double fisting avec un chat qui fait un sprint sur un canapé, aussi épouvanté que moi à l’idée de me faire pénétrer les trous par deux poings ? han, han).

chat et porno 4

chat et porno 2

chat et porno

Une envie de blondeur

avril 16, 2015

cheveux

mélodie nelson nouvelle coupe de cheveux

Trois heures chez le coiffeur. J’ai les cheveux plus pâles, limite strawberry blonde et j’aime ça.

Il suffit de me trouver du vernis à ongles lilas, à ne porter que des robes et je ne me sentirai plus comme une oursonne chiante en hibernation.

Ma relation avec mon beau-frère

avril 12, 2015

mariel clayton fellation barbie

J’écoutais la soundtrack du soap opera musical Empire et j’ai eu envie de sucer mon mec. Il venait d’avaler trois martinis, j’étais certaine de les goûter dans son foutre, effet placebo ou non.

Il était au téléphone, à donner une recette de gravlax à son frère.

Je me suis mise à genoux, j’ai commencé à me blottir la tête contre sa queue, à l’embrasser à travers son jean, à espérer qu’il retirerait sa ceinture – je trouve ça sexy, retirer des vêtements, descendre une fermeture éclair, détacher des boutons, relever les fesses pour que ma culotte soit doucement enlevée – mais je n’aime pas m’acharner sur des ceintures.

Il a plutôt dit : « Pardon frérôt, Mélo veut me sucer. Tu veux répéter ce que tu disais ? Tasse-toi un peu par là, chérie. Du sel, du gros sel, il te faut du gros sel. Oui, elle veut me sucer, dès que je te parle, ça l’excite.»

Présence inexpliquée

avril 12, 2015

mélodie nelson toilettes

Deux ou trois fois par semaine, je vais manger des gâteaux à la betterave ou boire du vin pétillant chez une copine qui a des enfants du même âge que les miens.

La semaine dernière, avant que nous passions une heure à chanter Bob le bricoleur non stop en autobus, j’ai regardé la marque de son crayon pour les yeux. Dans sa salle de bains, j’ai pas juste remarqué la marque de son crayon (Kate Von D), mais aussi qu’elle avait une photo de moi sur sa toilette.

Je me suis sentie très spéciale.

Lundi oui oui oui: sexe anal et crêpes au brie

avril 7, 2015

Catherine Robbe-Grillet photographiée par Bettina Reims

Rupi Kaur

penis fleuris

Je change l’eau du vase des fleurs arc-en-ciel que ma fille a choisies pour égayer des courses dans un supermarché. Je me verse mon premier verre de vin blanc de la soirée, après avoir tchatté avec une copine nouvellement célibataire, parce qu’elle avait refusé de prendre part à un trip à trois avec son ex-chou et la meilleure amie de son ex-pas-si-chou.

Ce que j’aime plus que répéter à ma belle-fille que non, Pâques n’est pas le jour de la naissance de Jésus :

Vidéo sur le sexe anal. Petits mots doux de mes petits frères. Weekend avec cowboy, crêpes au brie et signets en papier de Marie-Christine Mora. 98% des travailleuses du sexe contre une pénalisation des clients, que ce soit des travailleuses du sexe migrantes ou 100% made in France. Dormir jusqu’à 10h avec mon fils, nos deux têtes sur mon oreiller, son haleine encore si douce soufflée sur mon visage, son haleine de lait et de vanille. Rupi Kaur et ses photos de menstrue. Belle-sœur qui me donne une bouteille de mon mousseux préféré. Coussin avec des pénis fleuris. Entrevue avec une dominatrice française exceptionnelle, la veuve de l’auteur Alain Robbe-Grillet, âgée de 83 ans. Avoir envie de recommencer à courir et à sauter partout. Monique Lo.

Bonne semaine mes poulains et mes pouliches ! Bisous !

https://vimeo.com/123591471

Cochonnette très propre

avril 6, 2015

bainClémentines et verre de vin blanc. Je vais m’épiler les sourcils, me raser la chatte et tenter de jouer de mon clitoris comme si c’était du piano.