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Je vais pique-niquer avec mon église le jour de la F1

juin 10, 2017

Pendant le weekend du Grand Prix, je joue une partie de balle-molle, je me rends à un anniversaire pour enfants et à un pique-nique organisé par ma paroisse. Selon les groupes contre le travail du sexe, réagissant à mes articles sur le travail du sexe et le Grand Prix, je suis plutôt en grande période de sollicitation pour me faire payer à parler moteurs et condoms.

C’est faux. Comme toute l’hystérie entourant le Grand Prix, année après année. Les journalistes ne changent pas de topo, malgré le fait que les policiers s’ajustent et indiquent qu’aucun cas de mineures ou de personnes exploitées sexuellement n’a été prouvé l’an dernier, dans le cadre de cette fin de semaine de célébration.

L’exploitation sexuelle, c’est grave. Et ça existe pour vrai. Lorsqu’on invente des faits, au lieu de se baser sur des données disponibles, on fait énormément de tort aux travailleuses du sexe et aux personnes qui sont réellement exploitées.

À lire absolument pour vous donner une idée juste de ce qu’est le travail du sexe pendant le Grand Prix:

1.Mon expérience comme escorte au Grand Prix

Extrait: »J’ai tenté de trouver une explication à mon impopularité soudaine: peut-être que la proprio de l’agence n’avait pas assez dépensé en publicité? Peut-être aussi que les clients préféraient se masturber dans des pots d’échappement? »

2. Montréal se transforme-t-elle vraiment en bordel pendant la F1?

Extrait: »Ce que je n’avais jamais prévu, c’est qu’un client que j’avais vu au moins trois fois avant me viole pendant le Grand Prix. Il m’a violée chez lui. Je voulais pas baiser une deuxième fois avec lui et il m’a poussée. Il m’a baisée par terre, sur un drap sale. J’ai pas pris ma douche chez lui. »

3.Qui fait le plus d’argent pendant le Grand Prix?

Extrait: »Marilyne raconte que son unique expérience en lien avec le sport a été de donner une fellation pendant un match de la demi-finale de la coupe du monde. « C’était devant la télé et ça faisait débander mon client, d’ailleurs», rigole-t-elle. Myriam dit que lors d’évènements sportifs, elle n’a que les clients habituels. Elle est plus populaire pendant les grands salons, « des putains de nids à clients », comme les congrès en immobiliers et en ingénierie.  »

Bon weekend y’all! Je vous souhaite du soleil, des baisers saveur pina colada et stay strong fellow sex workers de mon coeur.

Des danseuses occupées par des policiers plutôt que par des clients

juin 17, 2016

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J’ai participé à une campagne de Stella pour condamner la répression en général du travail du sexe, dont celle ayant lieu dans le contexte du Grand Prix de Montréal.

Dans ma chronique Canoë, j’indiquais qu’au “mois de juin, pour le Grand Prix, ou peu importe le mois et l’événement, les escortes ne veulent pas être sauvées. Elles veulent travailler. Sans être exploitées, surveillées, traitées de pizza ou menacées par des lois et des croisades faussement féministes”.

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Stella, un organisme à la défense des droits des travailleuses du sexe, rappelait aussi que “le travail du sexe et la traite humaine ne sont pas synonymes. Le portrait de tout travail du sexe comme étant de l’exploitation et la confusion entre travail du sexe et traite humaine amènent les policiers à surveiller, détenir, arrêter et déporter des travailleuses du sexe, particulièrement les femmes racisées ou migrantes, sous couvert d’opérations cherchant des «victimes». Ceci détourne des ressources qui pourraient être utilisées pour enquêter sur les vrais cas d’exploitation et empêche les clients et travailleuses du sexe qui sont témoins de situation d’exploitation de les dénoncer, sous peur d’être arrêté-e-s.”

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Pourquoi rester anonymes?

Des Femen et des femmes contre le travail du sexe ont décrié le fait que les participantes à la campagne de Stella avaient le visage masqué. Comment pouvaient-elles nier notre besoin d’anonymat, alors que les travailleuses du sexe sont insultées, instrumentalisées, comparées à des pizzas ou à des femmes brainwashées, pointées du doigt dans des procès pour la garde d’enfants lors d’un divorce, obligées de marcher toutes nues, en public, une fois arrêtées par les forces de l’ordre? Des Femen se sont aussi joyeusement applaudies, insinuant que les travailleuses du sexe les imitaient enfin, posant nues, alors que ce sont elles, les Femen, qui copient les travailleuses du sexe, en utilisant leur corps pour faire passer un message. Les travailleuses du sexe utilisent leur corps, toujours, ne le vendent pas, et préféreraient ne pas avoir à passer un message, mais comme parfois personne ne semble écouter, leur corps, dont elles connaissent mieux les limites que quiconque, leur corps leur sert à passer un message, encore, à payer leur loyer, à nourrir leur enfant, à jouir et faire jouir.

Des danseuses sans clients pendant le Grand Prix

Comme Stella le prévoyait, la répression lors du Grand Prix a eu des effets néfastes sur les services proposés par les travailleuses du sexe. Un ami m’a raconté qu’il était au Café Cléopâtre, avec une copine qui dansait autrefois au Cléo. Elle avait décidé d’y retravailler quelques soirées. Le samedi du weekend du Grand Prix, vers minuit, dix policiers sont entrés. Ils ont noté le nom de toutes les danseuses et ils ont vérifié leur âge et d’où elles venaient. Ils ont interrompu les danses en cabines, alors que les danseuses y travaillaient. Cela a certainement enlevé à plusieurs clients l’idée de se payer une danse. Les policiers sont restés entre une heure et deux heures. Les travailleuses ont perdu leur temps et possiblement beaucoup d’argent. Toutes les cabines étaient vides, après le départ des policiers, qui semblaient déterminés à trouver des danseuses nées dans un autre pays. Il n’y en avait pas. Elles étaient toutes là pour travailler, par choix, et elles n’ont pas travaillé: elles ont plutôt assisté à ce que provoquent la panique et les croisades moralistes.

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