Posts Tagged ‘Denis Coderre’

Une réélection plus importante qu’un jugement de la Cour suprême?

avril 13, 2017

Les travailleuses du sexe sont souvent traitées comme de la merde, comme si elles ne comptaient pas, comme si leur sécurité, leur autonomie corporelle et financière ne comptaient pas.

Le maire de Montréal, ainsi que plusieurs maires d’arrondissement (hello Croteau, hello DeSousa) préfèrent rester copains comme cochons avec les citoyens qui se plaignent des masseuses et de leurs lubrifiants, plutôt que de respecter un jugement de la Cour suprême indiquant que toute nuisance genre du bruit ou des bouteilles d’alcool fracassées dans une ruelle sont moins importantes que la dignité et la sécurité des travailleuses du sexe.

Lisez mon article dans Vice pour en savoir plus, alors qu’aucune preuve de crime organisé ou de trafic humain n’a été découverte: À quelques mois des élections municipales, Denis Coderre revient à la charge contre les salons de massage.

Je voulais faire un jeu de mots avec Coderre et bordels, mais bof

décembre 17, 2013

17decembre

Aujourd’hui, mardi le 17 décembre, c’est la journée internationale contre la violence à l’encontre des travailleuses du sexe.

Les célébrations de Noël cette année se vivent sous la neige et l’espoir de voir cesser l’hystérie et l’insécurité liées au travail du sexe. Quelques jours après la journée internationale contre la violence faite aux travailleuses du sexe, il y aura, le 20 décembre,  le jugement de la Cour Suprême concernant la décriminalisation de la prostitution.

Des lois qui ne protègent personne sauf une pseudo morale archaïque

Ici, au Canada, la prostitution est déjà légale. Toutefois, plein d’activités reliées à la prostition sont illégales: par exemple, une escorte ne peut pas parler du prix de ses services sexuels au téléphone cellulaire, un propriétaire d’immeubles ne peut pas avoir comme locataire une prostituée de rue, car il serait vu comme son pimp, une escorte ne peut pas engager ni chauffeur de taxi, ni bodyguard, car ils seraient vu aussi comme des pimps…Toutes ces limitations compliquent et mettent en danger la vie des travailleuses du sexe. La décriminalisation permettrait une meilleure reconnaissance des droits des travailleuses du sexe, qui méritent, comme tout citoyen, sécurité et dignité.

Les couples qui baisent après une victoire du Canadien ne sont pas compromis par la décriminalisation

Ailleurs dans le monde, les lois liées à la prostitution n’ont malheureusement pas l’air de s’assouplir. L’Allemagne reconsidère la légalisation des bordels, suivant l’exemple d’une Suède condescendante qui croit que si la prostitution est illégale, elle n’existe plus. Si elle est cachée, elle n’existe plus. Résultat: beaucoup plus de violence et de peur, moins d’aide aux travailleuses du sexe. La France criminalise les clients depuis peu, ce qui met en danger non seulement l’autonomie financière de plusieurs travailleuses du sexe, mais aussi leur vie: si les clients sont effrayés par une telle loi, les agresseurs, eux, ne s’en préoccupent pas.

Pourquoi la prostitution, lorsqu’elle est un échange rémunéré de services sexuels entre adultes consentants, fait-elle aussi peur? Pourquoi la sexualité est jugée dérangeante et traumatisante quand elle ne se vit pas dans une relation de couple qui écoute un match de hockey, puis copule si le Canadien a gagné?

Les médias jouent parfois le rôle des agresseurs

Pourquoi les médias présentent encore les travailleuses du sexe comme des jeunes filles quasi encore pubères à sauver, en bas résille et talons hauts? Pourquoi les médias se rendent-ils complices de la peur ambiante? En Angleterre, les médias sont invités aux arrestations de prostituées dans les bordels et photographient les malheureuses qui soutiennent être là par choix et non par la faute de trafic humain. Ici, au Québec, suite à l’annonce de Denis Coderre, des journalistes ont appellé des salons de massage en faisant semblant d’être des clients. Ils ont enregistré les conversations et les ont passées à la radio ou à la télévision, exposant ainsi la voix de travailleuses du sexe qui n’avaient jamais accepté d’entrevue, et qui se voyaient ainsi en danger d’être reconnues par leurs proches.

En Grèce, les médias de droite blâmaient en 2012 les travailleuses du sexe d’une hausse de VIH dans la population. En un an, le VIH avait effectivement augmenté de 60%. La raison? Pas la prostitution. Plutôt le gouvernement et ses coupes dans le budget de la santé. Tous les programmes d’échanges de seringues ont été annulés.

Comme le mentionne l’article très intéressant de Laurie Penny, dès qu’il y a une croisade contre l’indécence, c’est qu’il y a mission de dévier l’attention d’un problème social beaucoup plus important. Alors quand Coderre, Diane Matte et des journalistes paranoïent et paniquent sur les faux dangers des salons de massage et du travail du sexe, que cachent-ils? Quels problèmes plus importants ont moins d’attention, par leur faute?

Massages, prostitution, Denis Coderre et harcèlement des médias

décembre 14, 2013

Communiqué de presse de Stella, un organisme qui soutient les droits des travailleuses du sexe – les caractères gras sont de moi, le texte non

Les personnes travaillant dans les salons de massage vivent désormais sous l’emprise d’un stress constant, avec la peur d’avoir un dossier criminel et d’être incarcéré-e-s, d’être déporté-e-s, de perdre la garde de leurs enfants, de perdre leur logement (des centaines de masseuses et de masseurs reçoivent leurs client-e-s directement de leurs appartements). Le fait est aussi que beaucoup de clients ont tout aussi peur ; plusieurs bons clients désertent alors les salons de massage et ceux qui n’ont rien à perdre continuent de les fréquenter. Ce qui exposent les masseuses à plus de violence. Les masseuses ont aussi peur de perdre leurs emplois, leurs lieux de travail sécuritaires où elles ont du pouvoir sur leurs conditions de travail. Plusieurs masseuses offrent des prestations érotiques et non sexuelles et se verront contraintes d’aller travailler en agence d’escorte et d’ainsi offrir des services sexuels, car elles ne désirent pas travailler au salaire minimum. D’autres s’exposeront à plus de risques en allant travailler dans un marché noir encore plus underground, en plus de dépendre davantage sur les tierces-personnes pour trouver des client-e-s. Ces stratégies répressives briment donc les droits au travail, à l’autonomie, à l’auto-détermination, ainsi qu’à l’accès à la protection policière. Et qu’en est-il des coûts faramineux reliés à cette répression ? Et des hausses de couts reliés à l’aide juridique que cette répression entrainera ? Et des coûts reliés aux nombreuses demandes d’adhésion à l’aide sociale qui s’en suivront ? Sans compter que plusieurs masseuses et tenancier-ères se déclarent et paient des impôts, en plus de contribuer à l’économie québécoise.

Impacts des médias auprès des masseuses et des masseurs

Depuis l’annonce faite par le maire, les masseuses sont aux prises avec des appels incessants de la part de plusieurs médias. Elles subissent du harcèlement, des entrevues cachées – et oui, des journalistes appellent et se font passer pour des clients pour ensuite diffuser les segments en onde et ce, sans le consentement des masseuses et réceptionnistes, les dévoilant ainsi et les exposant de ce fait même à de multiples représailles – ils diffusent les lieux, exposent les travailleuses à davantage de violence, d’intolérance et de plaintes. Sans compter l’impact sur leur santé mentale, car plusieurs masseuses roulent désormais sur le stress et la paranoïa.

Davantage de fonds publics pour renforcer la lutte à la traite humaine ?

Le gouvernement fédéral a annoncé un investissement de 2 millions annuellement pour renforcer l’escouade de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), ce qui permettra de mettre en place une équipe de douze enquêteurs, basée à Montréal, afin de lutter davantage contre la traite humaine. Le Service de police de la ville de Montréal comptait jusqu’à ce jour un enquêteur pour tous les dossiers touchant les gangs de rue, l’exploitation sexuelle et la lutte à la traite humaine. Cette nouvelle fait donc du sens si l’on veut donner les moyens aux policiers de démanteler des réseaux de gangs de rue et d’exploiteurs, mais encore faut-il réajuster le tir dans les pratiques policières et arrêter de viser les masseuses et autres travailleuses du sexe, viser un soutien aux réelles victimes d’exploitation sexuelle et surtout cesser immédiatement de confondre travail du sexe entre adultes consentants et traite humaine. Stella travaille fort pour lutter contre les violences subites par les travailleuses du sexe, tout comme nous sommes amenées à être en lien avec des femmes qui sont au prises avec des situations abusives et parfois des conjoints et proxénètes violents. La police sait qu’il est difficile d’amener ces femmes à porter plainte contre ces hommes. Tout comme il est ardu de monter des dossiers ayant pour objectif de démanteler des réseaux de gangs de rue. Si la police ferme les salons de massage, elle nous coupe aussi des liens que nous avons auprès de certaines victimes de coercition et de violence, et donc, de plaignantes potentielles qui auraient pu autrement témoigner et contribuer au démantèlement de gangs de rue. Et qu’en est-il des forces déjà présentes sur le territoire qui arrêtent les personnes qui travaillent sur la rue et dans les salons de massage? Pourquoi ne sont-elles pas mis à profit pour lutter contre les gangs de rue et l’exploitation sexuelle ? N’est-ce pas la priorité ? Qui veut-on en prison ? Des travailleuses du sexe de rue, des réceptionnistes, des masseuses ou des membres de gangs de rue, des exploiteurs, des hommes violents ?

Cour Suprême du Canada vs Denis Coderre

La Cour Suprême du Canada rendra sont verdict dans le cas Bedford v. Canada dès 9h45 vendredi prochain, le 20 décembre 2013. Cela fait des années que nous subissons la répression, la criminalisation, la stigmatisation et les violences qui en découlent. Nous attendons donc ce verdict avec impatience. Si les articles 210, 212 (1)j et 213 sont déclarés inconstitutionnels, les adultes consentants dans l’industrie pourront enfin travailler librement et avoir accès à la même protection policière que tous les autres citoyen-ne-s canadien-ne-s et il ne restera que pour priorité que d’appliquer les articles relatifs au gangstérisme, au proxénétisme de coercition, à l’exploitation des mineurs, à la traite, au trafic et aux agressions sexuelles. La police pourra enfin réaliser son vrai mandat : lutter contre le crime et non mettre des innocent-e-s en prison. Du moins, on l’espère. Comment M.Coderre réagira-t’il ? Ira-t’il à l’encontre de l’instance décisionnelle suprême du Canada ? Et qu’en est-il du gouvernement québécois ?

Stella vous invite à vous joindre à nous mardi prochain, 17 décembre, dans le cadre de la journée internationale de lutte à la violence faite aux travailleuses et travailleurs du sexe. Rendez-vous à 13h00 dans les marches en avant du Musée d’art contemporain de Montréal (185, rue Sainte-Catherine Ouest, angle Jeanne-Mance), métro Place des arts. Maintenant plus que jamais, nous avons besoin de votre support, de votre solidarité, merci de venir marcher avec nous pour refuser la violence sous toutes ses formes et militer pour le respect de nos droits; les droits à la sécurité, à la liberté et à la dignité.

Nous vous attentons en grand nombre.

À propos de Stella

Stella (www.chezstella.org) est un groupe communautaire crée et géré par et pour des travailleuses et ex-travailleuses du sexe de Montréal. Depuis 1995, les travailleuses du sexe impliquées à Stella luttent dans le but d’améliorer les conditions de vie et de travail des travailleuses du sexe, promouvoir leur santé et faire respecter leurs droits humains.

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Informations : Émilie Laliberté, Directrice générale

Cellulaire : 514-984-6319

Administration : 514-285-1599