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Ciel berlinois, fish&chips et infidélité

février 24, 2011

 

En frissonnant dans une robe fushia, je rejoins mon mec à l’hôtel Maritime. Au bar de l’hôtel, nous attendons l’arrivée de son frère toulousain, au Québec pendant quelques jours, pour affaires. Deux collègues de son frère nous rejoignent. Nous discutons de bars de danseuses, de la couleur du ciel berlinois, d’automobiles et de célébrités québécoises que mes parents croisent toujours en ski de fond.

Quand Marcel arrive, je l’embrasse et il me passe son cellulaire. Sa femme est à l’autre bout du fil, je ne comprends rien de ce qu’elle me raconte. Elle a l’air très nerveuse, alors je la rassure en lui disant que je vais rester toute la soirée avec les boys, même si je me sens fatiguée, et surveiller son mari pour qu’aucune cochonne d’Amérique ne s’assoie sur ses genoux en se pinçant les tétons.

Après un drink à l’hôtel, nous nous rendons au McKibbins. Je sirote un coca, en mangeant un fish&chips, trempant chacune de mes frites dans une mayonnaise extra grasse. Alexandre Le Grand caresse ma cuisse, sous la table, et je lui chuchote de bien profiter de sa soirée : « Je vais aller prendre un bain pendant une heure à l’appartement. Je trop crevée pour sortir avec vous. » Je salue tout le monde et je prends un taxi, toute heureuse à la pensée de me mettre un masque chauffant sur le visage, au lieu de sortir danser.

Mon mec m’écrit des courriels trop chous pendant la soirée, il m’écrit qu’il est bien avec moi, et qu’il me trouve plus jolie que toutes les filles qu’il regarde au Confessionnal, au W, et au Vauvert. Écoeuré de la faune chiante du Vauvert, il revient à deux heures du matin. Je suis au lit, le corps chaud, et doux grâce à de la crème au karité.

Je me lève et je lui fais un calin, alors qu’il a encore ses bottes à ses pieds, et son gros manteau d’hiver. Il pue le poulet frit. Il me raconte que Michael et Roy étaient au Vauvert et qu’ils lui ont présenté une chick qui voulait trop baiser avec lui : « Ils m’encourageaient à faire pareil comme eux, à me prendre une chambre au W, à baiser la fille, ou à baiser à trois une autre fille. » Je suis Alexandre Le Grand au salon. Il s’asseoit et je me couche sur le canapé, la tête sur ses cuisses. J’ai toujours eu confiance en lui : il sacre contre l’aspirateur et se moque de mon talent pour casser un verre chaque semaine, mais jamais il ne me tromperait, il me laisserait avant, c’est comme ça, il ne peut pas imaginer ce désir, ni l’accepter.

Il ajoute qu’il a dit à Michael et Roy qu’il n’avait pas envie, qu’il avait une femme qu’il aime et qui l’attendait. Les mecs lui ont dit qu’ils s’en fouettaient, eux, qu’ils se considéraient heureux en mariage, mais que ça ne les empêchait pas d’aller voir ailleurs tous les jeudis ou presque. Alexandre Le Grand me demande si ça me dérange s’il écoute un peu la télévision, avant d’aller au lit : « Je ne les juge pas, mais c’est pas pour moi, faire ça. » Je ferme les yeux et je lui confie que je l’aime même s’il pue le poulet frit.

Une sortie avec une robe trop longue et deux blondinettes inconnues

mai 24, 2010

Sangria, dents blanches et Barcelone

Ma maman vient me rejoindre à Montréal, sur une terrasse. Elle commande de la sangria, et moi un Bloody Ceasar, et nous parlons de notre amour des frites pendant trente minutes avant d’en commander enfin. Elle me dit que ma grand-maman est fière de moi, qu’elle m’a trouvée belle et sérieuse à la télévision, qu’elle a appelé deux fois à la maison pour en discuter avec mes parents. Moi j’ajoute : « Et j’avais les dents extra blanches, tu as remarqué? »

Je lui demande si elle a des nouvelles de mes frères, en vacances à Barcelone. Ils se prennent en photo tous les jours avec une sorte de bière différente dans la main, et ils ont un teint de latino craquant. Vers vingt heures, ma maman est fatiguée, elle doit se lever tôt le lendemain pour un parcours en biclyclette de cent kilomètres, dans les Laurentides. Je la raccompagne au métro, prête à rentrer ensuite sagement chez moi.

Bretelles spaghetti et rendez-vous dans un bar snob

Je croise deux blondinettes, en camisole à bretelles spaghetti, elles me prennent le bras : « Pardon, on ne vient pas de Montréal et on doit rejoindre un mec au Vauvert, tu peux nous indiquer ou est ce bar? » Je marche avec elles, j’ai chaud, ma robe est trop longue, je voudrais prendre ma paire de ciseau à ongles qui traîne dans ma sacoche et couper vingt centimètres de tissu. Les chicks se présentent, « Mélissa de Charlemagne » et « Virginie, secrétaire médicale ». Mélissa me raconte qu’elle a rencontré ce mec trop cool sur un site de rencontres, mais c’est la première fois qu’elle teste ce genre de rendez-vous. Elle amène sa copine avec elle en souhaitant qu’elle frenche un joueur de hockey pendant qu’elle, elle demandera à son futur mari c’est quoi son passe-temps préféré et le nom de son parfum.

Sur la rue McGill, je les laisse devant le Vauvert. Elles m’offrent de rentrer avec elles, j’accepte mais je les préviens que je déteste cette place, trop pleine de gens qui pensent qu’il n’y a rien de plus tendance que de ne pas sourire et d’avoir l’air de s’ennuyer, dans des fringues à cinq milles dollars pièce. Mélissa contacte son mec, il arrive avec un kir royal pour elle. Il est beau, il a des lèvres comme celles d’un mec dans True Blood et une chemise blanche. Super rapidement, Virginie et moi nous nous retrouvons toute seule et elle me donne raison : « J’ai l’air de plus m’amuser quand je suis toute seule dans mon sous-sol et que je mets un peu plus de vodka que de jus de canneberges dans un verre. »

Règle importante à suivre: ne pas me donner de coups de sacoche

Nous tentons de faire semblant d’être aussi snobes que les autres filles, mais nous en sommes incapables, pouffant de rire tous les trente secondes. Je fais remarquer à Virginie que la deejay est super jolie, mais que les chansons style j’avais-vingt-ans-dans-les-années-80 sont pas assez rythmées pour danser. Nous donnons des coups de coude aux filles qui nous donnent des coups de sacoches Louis Vuitton et nous quittons le Vauvert, pour trouver un taxi qui nous laissera glander sur la rue Saint-Laurent.

Porno vintage et à gogo

Nous nous arrêtons au Laïka, pour boire une pinte de cidre et écouter du Portishead remixé, puis nous regardons le cover de revues pornos vintage, dans la vitrine d’une boutique kitsch, puis nous nous rendons au Bifteck, puis au Gogo Lounge. Je prends la main de Virginie et nous dansons sur une table, avec un martini-gin à renverser sur ma poitrine. Je lui pointe un couple, au comptoir, la fille est divine, tout en courbes, et habillée dans une tenue émeraude style espionne-russe-déguisée-en-waitress-de-snack-bar. La fille tourne autour de son mec, et le touche partout, sans se cacher, comme si elle tentait d’exciter tout le monde, comme ça, généreusement, dans le bar, je la regarde, et elle ne me voit pas, elle continue de toucher son mec, la bouche grande ouverte, gourmande, et vermeille, je la trouve très belle, dans son exhibition, je n’ai même pas envie de lui faire compétition en mordant les tétons de Virginie.

Je cherche mon portefeuille dans ma sacoche Rachel F, et j’y trouve un dernier billet de vingt dollars. J’embrasse Virginie, nous nous souhaitons une belle fin de soirée : « Mélissa vient de m’écrire, elle est dans une chambre à l’hôtel Saint-Paul avec son mec, il est sous la douche depuis dix minutes. » Je prends un taxi et chez moi, je me déshabille, je sors un sac de chips, je cherche la télécommande, je me demande si je peux boire un autre drink sans m’évanouir, et finalement, je pose la tête sur l’oreiller, et je m’endors, la lumière encore allumée.