En frissonnant dans une robe fushia, je rejoins mon mec à l’hôtel Maritime. Au bar de l’hôtel, nous attendons l’arrivée de son frère toulousain, au Québec pendant quelques jours, pour affaires. Deux collègues de son frère nous rejoignent. Nous discutons de bars de danseuses, de la couleur du ciel berlinois, d’automobiles et de célébrités québécoises que mes parents croisent toujours en ski de fond.
Quand Marcel arrive, je l’embrasse et il me passe son cellulaire. Sa femme est à l’autre bout du fil, je ne comprends rien de ce qu’elle me raconte. Elle a l’air très nerveuse, alors je la rassure en lui disant que je vais rester toute la soirée avec les boys, même si je me sens fatiguée, et surveiller son mari pour qu’aucune cochonne d’Amérique ne s’assoie sur ses genoux en se pinçant les tétons.
Après un drink à l’hôtel, nous nous rendons au McKibbins. Je sirote un coca, en mangeant un fish&chips, trempant chacune de mes frites dans une mayonnaise extra grasse. Alexandre Le Grand caresse ma cuisse, sous la table, et je lui chuchote de bien profiter de sa soirée : « Je vais aller prendre un bain pendant une heure à l’appartement. Je trop crevée pour sortir avec vous. » Je salue tout le monde et je prends un taxi, toute heureuse à la pensée de me mettre un masque chauffant sur le visage, au lieu de sortir danser.
Mon mec m’écrit des courriels trop chous pendant la soirée, il m’écrit qu’il est bien avec moi, et qu’il me trouve plus jolie que toutes les filles qu’il regarde au Confessionnal, au W, et au Vauvert. Écoeuré de la faune chiante du Vauvert, il revient à deux heures du matin. Je suis au lit, le corps chaud, et doux grâce à de la crème au karité.
Je me lève et je lui fais un calin, alors qu’il a encore ses bottes à ses pieds, et son gros manteau d’hiver. Il pue le poulet frit. Il me raconte que Michael et Roy étaient au Vauvert et qu’ils lui ont présenté une chick qui voulait trop baiser avec lui : « Ils m’encourageaient à faire pareil comme eux, à me prendre une chambre au W, à baiser la fille, ou à baiser à trois une autre fille. » Je suis Alexandre Le Grand au salon. Il s’asseoit et je me couche sur le canapé, la tête sur ses cuisses. J’ai toujours eu confiance en lui : il sacre contre l’aspirateur et se moque de mon talent pour casser un verre chaque semaine, mais jamais il ne me tromperait, il me laisserait avant, c’est comme ça, il ne peut pas imaginer ce désir, ni l’accepter.
Il ajoute qu’il a dit à Michael et Roy qu’il n’avait pas envie, qu’il avait une femme qu’il aime et qui l’attendait. Les mecs lui ont dit qu’ils s’en fouettaient, eux, qu’ils se considéraient heureux en mariage, mais que ça ne les empêchait pas d’aller voir ailleurs tous les jeudis ou presque. Alexandre Le Grand me demande si ça me dérange s’il écoute un peu la télévision, avant d’aller au lit : « Je ne les juge pas, mais c’est pas pour moi, faire ça. » Je ferme les yeux et je lui confie que je l’aime même s’il pue le poulet frit.