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Si j’ai ton corps comme un torrent de lave*

septembre 4, 2009

Je retourne chez moi, après une journée à discuter avec Lola de vibrateurs et d’escortes qui envoient des textos impatients à des clients à grosse queue, pour me changer, je me suis assise sur une gomme à la menthe, impossible de sortir comme ça, avec une jupe du Club Monaco, qui me donne l’allure d’une bibliothécaire salope de quarante ans.

Du bout de ta langue nettoie-moi partout

Et ne laisse pas la moindre trace

De tout ce qui me lit et qui me lasse

Je vais sous la douche, je regarde ma mouille séchée, entre mes lèvres, et je me lave au savon à l’huile d’olive. Je rattache mes cheveux, je remarque les marques de morsures sur mes omoplates, et je souris. J’essaie quatre ceintures avant de choisir la même que je mets toujours, et j’appelle un taxi.

Je me rends au Café des Éclusiers, je tire ma robe à chaque dix pas, pour pas trop montrer mes fesses, rougies par des fessées, à tous les jours. Alexandre Le Grand m’attend, avec trois copains, Gaspard, et un Libanais-Brésilien qui aime sortir jusqu’à cinq heures du matin, et un mec qui a un macaron sur son sac-à-dos, un macaron d’un restaurant du Vieux-Montréal, surtout connu pour ses desserts succulents et caloriques, et ses belles serveuses.

Alexandre Le Grand dit que je suis bonne, et il mime une fellation, en passant sa langue dans sa joue. Je hausse les épaules, je prends un air de puritaine outrée, et je dis je me ferais bien la blonde, là, dans la file, au bar, avec déjà une bière dans les mains. Les mecs sont d’accord, elle est super jolie, la blonde aux cheveux longs, à la robe courte aux couleurs vives, et aux jambes de joueuse de tennis pas lesbienne. Mon mec dit tu veux qu’on la ramène à la maison ?

Traque-la en moi, c’est qu’en moi qu’elle vit

Et lorsque tu la tiendras au bout de ton fusil

N’écoute pas si elle t’implore

Je déboutonne ma veste gris perle. Je dis je viens de recevoir le Clin d’œil du mois d’octobre, Karine Vanasse pose les seins nus en l’honneur du cancer du sein, fuck si je posais pour Summum, les filles diraient que je suis une pétasse, mais si je me trouvais une cause humanitaire, ça passerait, je trouve ça nulle, mais elle a de beaux seins. Alexandre Le Grand dit à quand les comédiennes qui luttent contre le cancer de la chatte, je veux des photos de ça, moi.

Nous quittons ses amis, Gaspard, et le Libanais-Brésilien, et le mec au macaron, pour nous diriger vers Valliers. J’ai envie de manger du pain avec beaucoup de beurre, et de boire des pintes de bières blondes, et de commander un mac’n cheese avec lardons, et de piquer des frites à la mayonnaise à mon mec, tout en regardant les tenues des filles qui font des crises dans le corridor des toilettes.

Nous parlons de mes envies d’écrire dix mille romans en même temps, de ma chatte toujours chaude et rasée, et de ce que ça lui coûterait d’ouvrir un restaurant, bientôt, il dit je t’imagine pas serveuse, je sais que tu serais nulle, mais tu pourrais faire des cupcakes, ou des pipes aux clients. Je termine mon assiette, le serveur dit c’est super rare, les filles qui terminent leur assiette, ici, et je me sens étrangement fière.

Je commande un martini aux bleuets, et Alexandre Le Grand me demande si je veux aller danser, ou aller écouter un film, il y a District 9, au Quartier Latin. Je dis je préfère retourner à l’appartement, et t’avoir dans ma bouche, dès qu’on referme la porte, je peux détacher mes cheveux, les laisser tomber pour cacher mes seins, ou tu peux les tirer, comme ça, attachés.

Mon lit comme une banquise qui fond quand tu m’enlaces

Plus rien n’est triste, plus rien n’est grave

Si j’ai ton corps comme un torrent de lave

Nous hélons un taxi sur la rue McGill, il me tient la porte, et je me laisse tomber, les jambes écartées, sur le siège en cuir. Il souffle sur mes seins et je ne dis rien. Je fouille dans ma sacoche, pour trouver mon téléphone, mon frère Marky Mark m’a laissé un message, ses amis se branlent en pensant à moi et il sera peut-être au chalet, ce dimanche. Je le répète à Alexandre Le Grand, et il dit j’ai fait assez de terrine pour dix.

À l’appartement, j’ouvre avec mes clés recouvertes de têtes de mort rose et mauve, je retire mes souliers, nonchalamment, et je dis je vais lire Bust au lit, il y a une entrevue avec Diablo Cody, je t’attends, je reste habillée ou tu veux que je retire mes petites culottes, et ma robe, j’aime ma robe, je trouve qu’elle me va bien, tu veux que je l’enlève pour regarder mes seins quand je te suce ? Il dit qu’il me veut toute nue. Je retire lentement mes vêtement, je me regarde dans le miroir, je n’aime pas mon cul, avec mes traces de bronzage.

J’envoie un baiser soufflé au miroir et je me couche, en cherchant quelle page j’avais pliée en deux, dans le dernier Bust. Sur le ventre, la tête presque écrasée sur mon oreiller, je reste là, à attendre que mon mec finisse de pisser et de se laver les mains, et qu’il vienne m’ouvrir les fesses, pour me dire à quel point je suis toujours bonne, et serrée.

* en italique dans le texte : paroles de la chanson Ma mémoire sale, du film Les chansons d’amour, chantée par Louis Garrel