Je suis sortie pour acheter des avocats et des mûres et je croise une voisine avec qui je veux boire une bouteille de vin depuis un siècle.
Je lui souhaite un joyeux anniversaire, nous nous embrassons et commençons à parler de pénis sur un trottoir de la rue Masson.
-Le monde est vraiment hypocrite. En Allemagne, c’est bien, et au Japon ils sont vraiment ouverts, mais parfois c’est juste trop weird.
Je n’ai jamais vraiment réussi à bien saisir la sexualité au Japon. Ce que j’en sais, c’est qu’il y a des love hotel, un gros taux de suicide parce que les gens travaillent plus qu’ils ne baisent, des femmes avec des pubis poilus, des sex toys fascinants et angoissants et des restaurants où les clients peuvent grignoter la raie des fesses de beautés fatales.
Je demande à ma voisine, une fille sublime surnommée Madonna par ma fille, qui, elle, est Lady Gaga, de me dire ce qui pour elle est trop weird.
– Ils doivent s’ennuyer à un moment donné tellement tout est extrême. Genre ils mangent des poissons vivants. Ça leur colle sur les joues et tout. Alors une fille qui se ramasse devant un pénis tout mou, qu’est-ce que tu veux qu’elle fasse ? C’est pas impressionnant.
Et ma voisine, qui est scandaleusement expressive, me mime l’art de manger des poissons vivants et l’art de branler un pénis non circoncis.
Si c’était possible, je voudrais la croiser tous les matins, elle me rend plus souriante que deux heures de sommeil en extra et plus vivante qu’un espresso.