Du 8 février au 8 mars, j’ai envie de vous présenter des femmes que j’aime. Chaque jour, pendant un mois, une femme. Un mois en attente de la Journée internationale de la femme, que cette journée signifie quelque chose pour vous ou non. Ces femmes, je les aime. Elles sont importantes parce qu’elles ont un prix Nobel ou parce qu’elles sont les premières avec qui j’ai joué à Alerte à Malibu dans ma piscine.
Elle est assise dans le lit de mon fils. Elle participe au délire des enfants : elle n’est pas assise dans le lit de mon fils, mais plutôt dans un bateau avec trois pirates et elle raconte des histoires de vomi.
Ma fille l’a fait répéter, impressionnée par tant d’interdits, elle veut entendre le mot, réentendre l’histoire, la garder en tête, pour la raconter à son père et se la raconter avant de s’endormir.
Myriam, en voyage, entre deux pays, a bu jusqu’à six heures du matin, avant de prendre un bateau. Elle avait un petit sac à vomi parce que la mer était trouble, c’était tempête, et son petit sac à vomi, comme celui de tous les autres occupants du bateau s’est vite rempli. Tout le monde était sur le quai et c’était grandiose, pour ma fille, d’imaginer une trentaine de personnes vomir en même temps.
Myriam a beaucoup voyagé, avant d’avoir des enfants et de porter des robes.
La grand-mère de Myriam devenait folle à chaque naissance, elle a eu huit ou neuf enfants, des décès, des enfants portés par les plus grands, alors qu’elle se reposait, perdue, destabilisée, dans un lit, à se réinventer un cocon ou à se rappeler son prénom.
La naissance de ses enfants a plutôt donné envie à Myriam de porter des robes.
Je l’ai connue en robe, dans sa cuisine tout aussi fifties que ses robes, j’ai connu Myriam alors qu’elle n’était plus sur un cheval en Italie, mais dans une cuisine ou dans un parc, ouverte à toutes les bêtises des gamins, gardant un œil sur sa tapisserie, demandant moins de bruit si elle se devinait une migraine, mais ouverte à construire des maisons en coussins, à offrir son chaton aux caresses de pompiers de deux et trois ans, à coller partout des personnages colorés, à laisser les billes glisser sous tous les meubles.
Elle concocte des cocktails en été, boit du scotch sous un parasol ou affalé dans un bean bag, retire ses robes pour son amoureux. Elle prend des photos et capte la tendresse dans tous les petits gestes, elle capte la beauté des miettes de bretzels sur une langue et des accidents d’autos en plastique, la sensualité de tous les tissus et brin d’herbes. Elle prend des photos et en a peu d’elle, et c’est dommage, parce que Myriam, elle est belle avec ses taches de rousseur et ses cheveux attachés ou détachés, et quand elle raconte des histoires pour enfants ou des histoires de champignons magiques, elle s’anime et devrait se retrouver sur mille photos.
Myriam n’a presque plus peur d’être sa grand-mère, sa mère, ou ses sœurs. Elle s’est mariée sur un coin de rue, a attendu des années avant de marcher sous la neige avec traineau et enfants derrière elle, et met du Gainsbourg chez elle, sans y penser, quand je viens la voir pour faire semblant de cuisiner des biscuits au chocolat.
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