Un féminisme invitant et en mouvement

Entre la lecture de The no-cry sleep solution for toddlers and preschoolers et The Happiest Toddler on the Block, j’ai consulté un billet publié sur un site québécois à propos de la féminité, de la transphobie, des filles traitées de salopes parce-qu’elles-osent-se-mettre-du-rouge-sur-les-lèvres-et-des-jupes-qui-pourraient-remplacer-des-napperons-sur-la-table et du travail du sexe.

J’ai toujours peur, quand je lis sur le travail du sexe sur un site féministe. J’ai peur d’être triste, furieuse – et ces émotions ne sont ni bonnes pour ma petite tête qui souhaite un monde de licornes à adopter et de nuages en guimauve, ni bonnes pour le bébé que j’attends.

J’ai beaucoup apprécié le billet en question, non pas parce qu’il se rapproche à ce en quoi je crois, ou, en tout les cas, pas simplement pour cette raison. J’ai apprécié que l’auteure avoue son malaise initial, puis son questionnement sur le travail du sexe et sur une performance de la féminité dont on célèbre l’anticonformisme chez certaines (les drag queen), alors qu’elle est décriée chez d’autres (moi, moi, moi et toutes les filles qui se plaisent à passer plus de cinq minutes devant un miroir).

Extrait : « Et plus tard, une autre fracture: j’ai commencé à lire des articles à tendance pro-sexe. La porno, que je consommais depuis plusieurs années mais avec laquelle j’entretenais un rapport ambigu, voire honteux, n’était soudainement plus diabolisée. J’ai commencé à voir des termes comme “travail du sexe” au lieu de “prostitution”. Le BDSM, dans cette même mouvance, n’était plus du tout compris comme un désir de reproduire des abus ou de la violence: ce pouvait être conçu comme un jeu de pouvoir, une exploration des symboles qui peuplent l’imaginaire sexuel collectif.

Je me sentais plus que jamais comme une outsider. Mes politiques allaient encore souvent dans le sens du consensus féministe, mais ça achoppait sur des points centraux, assez centraux pour que le malaise perdure. Lorsque finalement j’ai pris position dans le débat prostitution-travail du sexe (i.e. je suis en faveur de la décriminalisation totale), je savais que je franchissais une barrière. Que je ne pourrais plus jamais concevoir mon féminisme comme étant lisse, conforme aux guidelines du Conseil du statut de la femme. Que mon étiquette de féministe, il faudrait que je la défende, non plus seulement à l’extérieur du mouvement, mais aussi à l’intérieur. Face, notamment, à des personnes qui pensent pareil que dans cette parodie. »

Les commentaires sont aussi intéressants à lire, pour juger d’un esprit plus ou moins ouvert déguisé en féminisme d’ouverture mal renseigné, pour juger de ce qui est controversé encore aujourd’hui pour certaines femmes, et pas du tout pour d’autres.

Je vous invite à lire l’article et à y réagir, ici ou sur le site de jesuisfeministe.com.

Voici pour ma part ma réaction suite à ma lecture du billet et d’un commentaire en particulier :

« “La prostitution pour la plupart des femmes qui la pratique n’est pas un choix et il résulte de la situation de pauvreté, ou suite à des agressions, maltraitances, abus de toutes sortes.” (sic)

C’est très intéressant de se questionner sur des sujets possiblement controversés pour certaines, comme le travail du sexe et l’industrie de la beauté. Ce n’est toutefois pas se fermer au débat que de rappeler l’importance du libre choix. Il est faux de croire que la majorité des femmes choisissant le travail du sexe au Canada ne font pas un libre choix. Je n’aime pas les opinions qui sont exprimées comme des informations véridiques et vérifiées.

Pour celles qui veulent avoir des informations véridiques et vérifiées, je suggère toujours le site web de l’anthropologue Laura Agustin: http://www.lauraagustin.com/

Les travailleuses du sexe tentent de plus en plus de faire connaître leur quotidien, la valeur de leurs choix et la valeur de leur parole. Je propose ces sites pour celles qui sont curieuses ou veulent entendre un autre discours que celui qui victimisent les travailleuses du sexe:
1. http://titsandsass.com/
2. http://bornwhore.com/
3. http://sexonomics-uk.blogspot.ca/
4. http://postwhoreamerica.com/

En tant qu’ex travailleuse du sexe, je répète souvent que je me suis rarement sentie humiliée ou stigmatisée par des clients. Mais le nombre de fois ou je me suis sentie humiliée ou stigmatisée par des femmes qui se disaient féministes est effarant. Je ne suis pas la minorité, sachez-le.

Merci à l’auteure de cet article d’avoir poussé ces réflexions, au-delà de son malaise initial. »

Source photos: http://seattlegrrrlarmy.tumblr.com/ 

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5 Réponses to “Un féminisme invitant et en mouvement”

  1. chiko Says:

    Salut Melodie, ca pas rapport avec ta derniere entre de blog, mais si jamais tu te cherches une job!!!

    http://fr.canoe.ca/artdevivre/styledevie/article1/2012/11/14/20356236-ca.html

    J’ai bien ris!

  2. RICHARD FILION Says:

    En inventaire pour 3 jours ,,je ne peux travailler dans l’ordi,, Alors pourquoi pas lire MELODIE aujourd’hui,,, Et bien Mélodie ,,ce que je pense des féministes: voici ma réponse: je leur suggère d’écouter la chanson de SHIRLEY,, » »C’EST BEAU UN HOMME » »

    Sachez Mélodie que toutefois,,j’ai marié un modèle qui était pour le féminisme : Egalité,,bla bla,, bla,, respect ,,bla,,bla,bla,, bla,bla transparent ,,bla,bla, communicatif,,bla,,bla,bla,, ce qui est bon pour toi,est aussi bon pour moi,,blablabla,,

    Alors le féminisme ,pour moi selon mon expérience,,c’est ,,MERVEILLEUX,,,,voici un exemple «  »AH OUI TU VEUX L’EGALITE,LE RESPECT , OK PAYE LA MOITIE DANS TOUT MA CHERIE,,ET ELLE PAYE DEPUIS 40 ANS,,SO 50/50 MY DEAR !Est-ce que j’interprète correctement le féminisme ,, peut-être que je ne comprends pas du tout c’est quoi le féminisme ?? JE SUIS PEUT-ETRE A COTE DE LA CRAQUE (SIC) HAHAHAHAHA

    OUPS ,,,NORTH CAROLINA VA M’ENGEULER ,,CALVAIRE JESUIS CHECKE ,,J’OUBLIAIS ,,

    En passant ,félicitations encore une fois pur le futur bébé: je souhaite un garçon: OUPS ,,les féministes vont me déclarer MACHO : MAUDIT QUE C’EST COMPLIQUE AUJOUD’HUI !!!!!MAIS JE PASSE LA BALAYEUE ET J’OUVRE LA PORTE POUR MADAME QUAND ELLE SORT DE L’AUTO ,,AUTRE TEMPS AUTRE MOEURS JE PRESUME !!!!!!

  3. Bengal Says:

    Bonjour Mélodie, ça nous réconcilie toujours un peu avec la vie de se refaire dire que ce ne sont pas toute des paumées et des femmes en manque d’argent qui décident un jour de faire le plus vieux métier du monde. Il se peut que ce soit par opportunisme que plusieurs d’entre elles y arrivent. Par opportunisme je veux dire,  »j’aime la sexualité, je peux être aussi cochonne que les gars et peut-être plus, je peux aussi supporter le client désagréable physiquement, alors pourquoi pas gagner ma vie avec ça? » I.e une personne normale totallement assumée peut faire ce métier. Le défis est la consomation et si c’est sour contrôle j’imagine que ça peut être agréable et lucratif

  4. Tillet Says:

    Pourquoi lorsque vous parlez de la prostitution, vous vous limitez à celle des femmes ? Il n’y a pas une mais des prostitutions. Une prostitution masculine pour femmes (gigolos, escorts-boys,…) existe aussi.
    Serait-elle taboue ?

  5. melodienelson Says:

    Chiko: J’adooorerais!

    Richard Filion: Merci pour vos félicitations!

    Bengal: Je comprends, je crois, tes pensées. Mais pour vrai, pas besoin de supporter le client désagréable physiquement! Il y en a tellement des mignons que certaines travailleuses du sexe peuvent se permettre un tri. La consommation peut effectivement être un défi…mais alors là, la prostitution n’est pas la problématique. C’est bien la consommation qu’il faut contrôler, si tel est le but de la personne consommant.

    Tillet: Vous avez bien raison, je parle plus souvent des travailleuses du sexe. En fait, souvent, ça englobe hommes et femmes, comme lorsqu’on utilise le terme « les infirmières ». Nous savons bien que cela englobe aussi les infirmiers, mais qu’ils sont en moins grand nombre, au Canada. Souvent, aussi, je ne parle par des travailleurs du sexe, car les problématiques diffèrent. Lorsque je lis des articles dans des revues féminines, le gigolo est souvent glorifié, et ses clientes sont vues comme des femmes indépendantes, qui s’offrent un plaisir. Elles ne sont pas vues négativement comme les clients des travailleuses du sexe. La prostitution masculine n’est pas taboue: ce qui me chagrine, c’est que vous avez raison, nous en parlons moins en général, que ce soit moi, ou dans les médias. Ma raison est simple: je connais beaucoup moins les pratiques et ce que ça représente, être travailleur du sexe. Si vous voulez écouter un film stupéfiant et émouvant sur le sujet de la prostitution masculine à Montréal, je vous invite à écouter le documentaire Hommes à louer de Rodrigue Jean.

    Bonne soirée y’all!

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