Valérie et ses caresses à l’encre

Du 8 février au 8 mars, j’ai envie de vous présenter des femmes que j’aime. Chaque jour, pendant un mois, une femme. Un mois en attente de la Journée internationale de la femme, que cette journée signifie quelque chose pour vous ou non. Ces femmes, je les aime. Elles sont importantes parce qu’elles ont un prix Nobel ou parce qu’elles sont les premières avec qui j’ai joué à Alerte à Malibu dans ma piscine.

Valérie illustration par Jehan Cho

Sa peau est recouverte de tissu noir et de tatouages. Elle croit que les autres ne remarquent que ça, qu’ils la jugent, lui reprochent son choix de s’approprier sa peau comme d’autres n’osent pas le faire, sauf pour s’appliquer de la crème anti-cellulite.

C’est vrai que sa peau, c’est ce qui est le plus visible. Son amour pour Dean Martin, les cocktails de grand-père et la tartinade aux noix de cajou, c’est caché. Le lit de son adolescence, les égratignures sur son cœur, ce qu’elle n’ose pas se dire à elle-même et montrer aux autres, ses doutes sur tout, sa vulnérabilité de petite demoiselle perdue dans un labyrinthe, ça aussi, cachés.

Elle laisse les enfants dessiner sur elle, les miens et les siens, des crayons feutre et des crayons pour le maquillage, son corps avec la première lettre du prénom de ses filles, ses lèvres trempant dans un verre de vin blanc, pendant qu’elle attend, un autre coup de crayon, d’une couleur incertaine, sur ses joues ou sur une jambe. Nos enfants, déguisés en princesse, démon, super-héroïne, panda, méchant loup, nos enfants déguisés même sans costume, nos enfants autour d’elle, pour la conquérir.

Elle se sent seule trop souvent, ou plus incomprise que seule, les câlins elle les prend quand ils viennent, mais parfois, parfois nos bras se craignent, comme si l’enlacer pouvait donner sur une rupture ou une lutte, elle n’est pas seule, mais éloignée, elle revient les mains en dentelle, les égratignures sur son cœur imprimées partout sur ses paumes, dans l’ouverture de ses mains, il y a ses tremblements et ses craintes.

Ses tatouages, ce n’est pas pour être originale, ni pour crier qu’elle existe aux gens qu’elles croisent. Je crois qu’elle les a pour apprendre à se protéger, ses tatouages comme une armure, ou comme une caresse, à une peau qu’elle veut aimer, à un corps à elle, un corps qu’elle se construit comme un château de cartes qui ne s’écroulera pas.

Tu ne t’écrouleras pas Valérie.

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Une Réponse to “Valérie et ses caresses à l’encre”

  1. Jacinthe Says:

    Wow! Quel texte Mélodie! Et quelle belle description de Valérie!

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