Du 8 février au 8 mars, j’ai envie de vous présenter des femmes que j’aime. Chaque jour, pendant un mois, une femme. Un mois en attente de la Journée internationale de la femme, que cette journée signifie quelque chose pour vous ou non. Ces femmes, je les aime. Elles sont importantes parce qu’elles ont un prix Nobel ou parce qu’elles sont les premières avec qui j’ai joué à Alerte à Malibu dans ma piscine.
Avec ma veste boutonnée en jalouse et la morve séchée à mon nez, j’épiais en compagnie de ma cousine les amoureux qui s’embrassaient devant la maison de vacances de mes grands-parents.
Ma cousine, je dormais avec elle, dans le même lit qu’elle, parce qu’aucune de nous ne voulait se coucher en haut dans son lit superposé, sauf si c’était pour lire L’Herbe bleue, des Seventeen ou des Mademoiselle, des magazines pour jeunes filles, conservés par sa mère, pendant des années. Je prenais mon bain avec elle, je tuais accidentellement des papillons avec elle et nous les enterrions, sous les feuilles mortes de l’automne, dans une forêt proche d’une maison brûlée par le Temple Solaire.
Geneviève était une Boucle d’or frondeuse, amoureuse de Charlie Chaplin, et nous étions surtout les filles de nos mères, fières, sages juste pour dessiner des chiens, prêtes à se couvrir de parfum de designer mais prêtes aussi à ne pas se raser, parce que ma cousine, elle trouvait que ça faisait gravement Shirley, de se raser.
Shirley, ça vient de son séjour en Colombie-Britannique, à Prince George.
Nous étions aussi très fortes pour inventer des chansons scatologiques la veille d’un jour de l’An, parfaites pour embêter la famille attentive à un Bye Bye des années 90. Nous nous partagions le monde, chacune cent pays, et nous étions les reines de plein de royaumes, des royaumes imaginaires, où Barbie achetait des boites de condoms et où Skipper se faisait avorter avant un bal style Carrie de Stephen King.
Elle se souvient de mes chandails de chat et elle garde comme une menace les pires photos de moi. Je me souviens de ce qu’elle souhaitait pour Noël : des poupées de collection ou de l’argent à donner à un refuge pour femmes battues. Je me souviens aussi du chevreuil qu’elle a commandé au restaurant Le Petit Poucet, et de ses amis qui nous aspergeaient d’eau.
Nous n’étions pas habillées en blanc et j’avais une grosse culotte, mais c’était sexy quand même. Après, elle était montée à la salle de bain et s’était enfermé sous la douche avec un de ses amis. Nous avions aussi bu une bouteille de philtre d’amour, quatre verres de potions magiques pour quatre personnes qui ne se ressemblent plus du tout maintenant.
Il y avait un bonzaï géant dans la maison de ses parents. Et un chien qui s’appelait Lupin.
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