Les fugueuses n’ont pas besoin de lois, mais d’amour

tristesse et prostitution 2

Au Québec, tout le monde s’alarme du sort de jeunes fugueuses qui se retrouvent dans des gangs de rue pour se prostituer.

C’est dramatique. Mais qu’est-ce qu’on leur propose, à ces jeunes fugueuses ? D’être enfermées chez leurs parents. D’écouter tout ce qui peut leur arriver de terrifiant dans l’industrie du sexe. De les gaver d’histoires d’horreur. Des nouvelles lois.

Ce ne sont pas des lois qui changeront ce que ces jeunes filles vivent. Elles veulent de l’amour (si ce n’est pas celui des parents, ce sera celui proposés par les clients), de l’attention (pas celle des médias).

Certains pensent que ces filles sont assoiffées par l’argent, par le bling bling, par des limousines et du champagne donne plus de bonheur que la barbe-à-papa qu’elles avalaient à dix ans.

L’une de ces fugueuses m’a plutôt confié que l’argent, elle s’en fouettait. Ce qu’elle voulait, c’était se sentir acceptée : « Érika explique que son transport et ses joints étaient fournis, de toute façon. Plus important encore pour elle, «la terre arrêtait de tourner quand un homme bandait pour moi, me disait que j’étais belle et fine.» »

Écoutons ces jeunes filles. Ne cédons pas à la panique, à l’envie de les cacher et de cracher sur leurs amis. Écoutons-les.

Aimons-les comme elles veulent être aimées : comme elles sont, avec leur détresse, leurs rêves, leurs questionnements, leur désir d’autonomie mais aussi leur désir d’être protégées. D’avoir quatorze ans. D’avoir quinze ans. D’avoir seize ans. Et d’être elles-mêmes, de se découvrir.

Les gangs de rue sont un repère pour elles, ce ne sont pas juste un danger, c’est un repère, quand elles se refusent à ce qu’elles connaissent déjà : la misère de n’être pas aimées pour ce qu’elles sont et peuvent apprendre à devenir.

Quatorze ans, ce n’est peut-être pas l’âge où on devrait goûter à l’amour en suçant. Et pourtant, qu’est-ce qu’elles peuvent souhaiter, si elles ne sentent qu’elles ne sont pas voulues ailleurs qu’à genoux devant un client ?

tristesse et prostitution

À lire, le témoignage sur Canoë d’Érika, qui s’est prostitué pendant trois ans pour un gang de rue: http://fr.canoe.ca/hommes/chroniques/melodienelson/archives/2016/02/20160204-150732.html

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