J’ai hâte qu’on me présente autrement qu’en ex escorte

17 novembre 2010

Avant d’aller au Salon du Livre, habillée d’une robe noir et blanc Boodwär, je lis un article dans Vanity Fair sur le cancer de Christopher Hitchens – It made me wonder if perhaps there was room for a short handbook of cancer etiquette. After all, I have hardly been reticent about my own malady. But nor do I walk around sporting a huge lapel button that reads: ASK ME ABOUT STAGE FOUT METASTASIZED ESOPHAGEAL CANCER, AND ONLY ABOUT THAT. – et je bois une Red Bull avec un peu de vodka au Houston. Je suis nerveuse, sans savoir pourquoi, je me demande si des copies de mon livre seront là, si c’est grave que j’aie oublié d’amener plusieurs tubes de rouge à  lèvres pour des bisous en dédicaces, si je croiserai mes auteurs préférés, si j’aurai le temps de sucer plus d’une sucette à la cerise, je suis nerveuse, parce que je sais que ça ne peut pas être parfait, et parce que j’ai déjà hâte au Salon de l’an prochain, parce que c’est chiant, parfois, être juste une ex escorte.

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11 Réponses to “J’ai hâte qu’on me présente autrement qu’en ex escorte”

  1. Sarah Says:

    Je suis venue rencontrer une auteure – stalkeuse sur les bords, ah ah – et non une ex escorte. Pour être honnête, si tu n’avais été qu’une ex escorte qui avait fait écrire sa bio par quelqu’un d’autre, je ne me serais même pas déplacée pour aller rencontrer l’auteur en question. Mais toi, tu avais osé (au sens positif du terme) raconter ta propre histoire. Et c’est ça qui m’intéressait, la fille derrière l’écriture et les sentiments. Je me trompe peut-être, je suis peut-être la seule… Mais au moins ça t’en fera une.

    Mais je suis presque certaine que je ne suis pas la seule.

    T’es pas juste une ex escorte.

  2. Tonton Says:

    Malheureusement, tu n’en as pas fini avec les raccourcis de journalistes incultes et sans dessein… Pardon, c’est mon côté pessimiste qui ressort. Je ne peux m’empêcher de penser à Nelly, qu’ils n’ont jamais lâchée avec ça. Certains plumitifs québécois, et pas les moins influents, sont malheureusement d’une hypocrisie sans borne et ne peuvent pardonner à une ex-travailleuse du sexe d’avoir changé de carrière.
    Bon sang, je suis vraiment trop dark ce matin…
    Bisous ❤

  3. guru Says:

    Je crois que c’est ta marque de commerce ex excorte Non!
    Il fallait y penser avant d’écrire ton livre et créer un blogue sutr ta vie.
    Tu n’est pas un professeur de littérature après tout

  4. melodienelson Says:

    Sarah: Merci! Et non tu n’es pas la seule. C’est juste que, c’est juste que, je viens de lire un article qui présente quelques auteurs du Salon du Livre, et pour les autres auteurs, on ne dit pas « professeur » ou « ex boulanger », mais « auteurs », et moi, je reste à « L’ex escorte Mélodie Nelson… » Je sais que ma position est contradictoire: je parle beaucoup de mon expérience, je souligne à quel point elle m’a aidée à me découvrir, mais lorsque l’on me présente comme, comme ex escorte, j’ai l’impression qu’on me réduit.

    Tonton: Ah c’est pour ça que je m’en veux, de ne pas écrire très très vite, et de tenter d’écrire des trucs très très sérieux, sans cul, ou presque, pour étonner les gens. Mais euh je m’amuse à écrire comme je le fais, et même si je devenais très sérieuse, peut-être qu’il y en a qui dirait : « Oh l’ex escorte est capable de décrire autre chose que la manipulation de condoms. » Tu n’es pas trop dark. Merci d’avoir pensé à m’écrire ce mot.

    Guru: Ma marque de commerce? Non, pas du tout. J’écris ce blogue depuis trois ans, je n’y ai mentionné que j’avais été escorte que depuis six mois. Mon blogue raconte ce que je suis au présent – pas ce que j’ai été il y a quatre ans. J’ai aussi publié dans différentes revues des nouvelles totalement fictives, ne concernant nullement mon expérience dans l’industrie du sexe. J’ose croire que ce qui me démarque c’est mes envies de cul aussi importantes que mes envies de cheeseburgers, ma coquetterie, et mon désir de rigoler de tout, pas parce que c’est plus facile, mais parce que ça me rend plus heureuse, de rigoler en lisant Cosmopolitan – hey je lis le Devoir aussi, really. Je ne suis pas professeur de littérature, tu as bien raison, mais je suis auteure, chroniqueuse, ex animatrice en art dramatique, ex monitrice de ski alpin, ex commis de bibliothèque, ex libraire, ex cueilleuse de fraises, ex téléphoniste érotique. J’ai travaillé pendant plus longtemps dans une bibliothèque que dans une agence d’escorte, et pourtant, euh, j’ai pas l’impression que je lirai ça suite à mon nom bientôt.

    J’étais consciente que d’écrire ce livre me mettrait dans une position peut-être difficile à assumer en tout temps. Je l’assume. Ce que je n’accepte pas, c’est qu’on résume ce que je suis à « ex escorte ». Toute travailleuse du sexe n’est pas que ça. Comme chaque boulanger n’est pas qu’un boulanger.

    Bonne journée à tous! Je vais manger une pomme recouverte de caramel croquant! Yummy! Bisous!

  5. Bengal Says:

    Généralement je suis sympatique à ta cause mais là je suis perplexe. C’est juste qu’il y a des gens qui ont tout autant de talent littéraire que toi, qui ont les mêmes envies, fantasmes et audaces que toi mais qui nous sont totallement inconnus car ceux-ci/celles-ci ne sont pas ex-escortes.

    J’ai le sentiment que de partager ton passé avec tous t’a ouvert bien des portes, non pas que le talent fait défaut, au contraire, mais ça t’a fait sortir du lot. Je pense sincérement que tu dois ta vie actuelle à ta vie passée, (comme nous tous d’ailleurs), ça fait partie de toi et je pense que tu vas devoir passer un bon bout de temps à devoir assumer que tu est une ex-escorte au yeux du public.

    Et surtout ne pas t’offusquer si nous sommes réducteurs, comment puis-je parler de toi au bureau pour qu’aille te lire?
    Dire que tu est une ex-escorte avec un talent supérieur, avec un esprit drôle est drôlement plus vendeur. que par exemple si je parlais de toi en disant: Mélodie est une ex-comptable qui est tellement drôle et qui parle de sexe avec tellement d’humour, n’aurait tout simplement pas l’effet que tu souhaiterais. (je sais de quoi je parle ici coirs moi lolll)

    Je pense qu’il faut tout simplement l’admettre et attendre que tu devienne plus auteure qu’ex-escorte. Un deuxième livre à succès serait sûrement un élément pour changer la donne.

  6. Bengal Says:

    En passant je veux juste te dire que je t’aime (platoniquement inquiète-toi pas) et que j’ai toujours hâte de te lire, sur ce blog ou n’importe où.

  7. melodienelson Says:

    Bengal: Aaaaaah tu as raison. C’est que je suis parfois insécure, et que je sens que quelques auteurs, ou éditeurs, ou journalistes ne voient que ça en moi, et le marque d’une façon pas nécessaire. Quand je parle de cul, let’s go, je m’affiche et j’assume mon expérience. Mais quand je rencontre de nouvelles personnes, et qu’on me présente comme ex escorte, et rien d’autre, je trouve ça dur. C’est ok, faut que je pense à pourquoi je réagis comme ça. Je trouve ça dur, sans doute, parfois, man, je suis une princesse sensible.

    (J’aurais été nulle comme comptable je pense. Hahaha. Mais j’admire les comptables, really.)

    Bisous! Et merci de me lire, et de me faire réfléchir, Bengal.

  8. RICHARD FILION Says:

    PERMETTEZ-MOI DE VOUS DIRE de rester forte,, car moi je suis toujours présenté comme un ex-politicien,, j’ai même refusé de me prostituer politiquement en refusant de joindre un parti au élections municipale de 2009: je me suis présenté indépendant ,,et les gens croient dans un parti <> pendant 4 ans 2005/2009 et des trous culs ,,ils sont plus nombreux que des ex-escortes,,vous êtes chanceuses de pouvoir écrire ,, moi je ne peux même pas écrire ayant été menacé,, alors je protège toute ma petite famille ,, en restant silencieux.

  9. Clara Knightley Says:

    Mélodie, c’est toujours les gens comme moi, Guru et Bengal qui parlent le plus d’écriture, car nous sommes plus nombreux.

    Or, nous ne connaissons rien de l’écriture.

    C’est toi qui écris. Tu es merveilleuse. Écrire n’a rien à voir avec la façon dont on est présenté. Tu écris, eux non. Voilà tout.

    Cette étiquette te collera peut-être toujours à la peau, mais cela n’aura rien à voir avec l’écriture, cela aura à voir avec ce trait tout à fait humain, notre besoin de catégoriser.

    Continue à écrire, peu importe de quoi! Et nous continuerons à te lire…

  10. Bengal Says:

    Bien dit Clara

  11. melodienelson Says:

    J’ai pas besoin de cheerleaders. Parce que vous êtes total trop merveilleux y’all. Merci!

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