Pédicure et verre de rosé
Je croise le mec d’Anita sur la rue Mont-Royal, il me dit qu’il va acheter une pizza et des frites. Je retiens rien de ce qu’il dit et je vais acheter de la vodka à la SAQ et du jus d’orange dans un dépanneur tout proche. Des filles en jupes de collégiennes traversent la rue. Je caresse un chat gris et jaune, devant l’entrée de l’appartement d’Anita. Je sonne, je ramasse une contravention à payer, et je retire mes souliers dans l’escalier recouvert de tapis.
Anita me montre ses pieds : « Tu vas être fière de moi, je me suis faite une pédicure pendant la sieste de la petite. » Je lui souhaite un joyeux anniversaire, elle a vingt-et-un an aujourd’hui. Je suis super jalouse d’avoir une copine plus féline, plus fertile et plus jeune que moi. Elle s’asseoit dans son canapé et commence à se tirer du lait : « Je sais qu’ils sont beaux mes mamelons tout pâles. » Une copine d’Anita, de retour du Pérou, me tend un verre de rosé. Elle dit qu’elle aurait adoré adopter plein de Péruviens et s’acheter plus de bracelets en écorce d’arbres exotiques.
Bruits de vibros bizarres
Sophie, une barmaid enceinte, s’asseoit avec difficultés et trouve un vibro avec des perles, sous un coussin du canapé. Anita ne rougit même pas : « C’est le pire vibro ever. Si tu appuies sur ce bouton-là, tu peux même entendre des cris de femmes qui jouissent. Turn-off total. » Anita l’avait acheté lors d’une soirée de sextoys-et-huiles-à-massages-sensuelles-qui-puent-à-vendre chez elle. Elle avait reçu gratuitement un film porno avec des asiatiques et des grannies cochonnes. Moi j’avais essayé un costume cheap de dominatrice et je m’étais acheté le plus vibro framboise du monde entier.
Anita s’ouvre une bouteille de Breezer à l’ananas et nous dit de la suivre dehors. Nous nous rendons au bar Chez Baptiste, en buvant chacune des gorgées de son drink calorique. Anita me dit que ses deux amies ont déjà eu les cheveux complétement rasés, comme elle, et je fais les gros yeux, incapable de m’imaginer faire autre chose à mes cheveux que de les teindre, les lisser, leur foutre des rallonges capillaires et les attacher en gamine.
Schnolle ça veut dire couilles
Une autre copine d’Anita vient nous rejoindre, suivie par Léo, un mec que j’adore immédiatement parce qu’il répète le mot schnolle dix fois la minute. Nous buvons des bières blondes, et Sophie un truc pas bon sans alcool. Anita prend des photos de moi et de ma grosse langue et moi je lui pointe une bachelorette. Son t-shirt blanc American Apparel est recouvert de pastilles Lifesaver multicolores. Elle est accompagnée par deux brunettes. L’une d’elle fait un clin d’œil à Anita : « Tu veux croquer un bonbon? » Nous demandons combien ça coûte. Elle explique que ça dépend celui qu’on choisit, les pastilles collées direct sur les tétons de la bachelorette coûtent plus cher. Anita dit : « Combien? Combien? »
Mamelon au Lifesaver
Sophie donne dix dollars à la bachelorette pour qu’Anita lui suce un mamelon. Je suis toute excitée, j’applaudis. Les mecs près de nous, sur la terrasse du bar, regardent sans rien dire, bandés mais presque gênés. Je commande une autre bière blonde. Nous parlons de mecs qui prennent des queues dans le cul tout en étant hétéros et de mafiosos. À une heure du matin je commence à pleurnicher : « Je veux un chien. Je veux un chien. » Anita prend le verre d’eau de Joseph, qui est en train d’énumérer les raisons pour lesquelles il se retrouve dans un des personnages de branleur de Philip Roth. Anita m’embrasse : « Il est tard. Tu devrais prendre un taxi pour rentrer chez toi. Je te raconterai demain qui a frenché qui et qui a bitché qui. »
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